Chapitre I - "Bientôt libres"

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 J’ouvris lentement les yeux, réveillé par une caresse sur la joue. Surpris, j’eus le réflexe de me reculer en voyant ses lèvres se rapprocher dangereusement des miennes. Je sortis du lit en hâte, l’air bougon. En me voyant râler, elle sourit délicatement en penchant la tête sur le côté. Elle avait encore mis un de mes T-shirts. Le col trois fois trop grand pour elle était retombé le long de son épaule, laissant apparaître un fragment de sa peau claire. Ses longs cheveux argentés suivaient les courbes de ses hanches, tout en reflétant la faible lueur du lever de soleil qui passait par la fenêtre. Ses yeux émettaient un léger éclat orangé, que mon regard eut des difficultés à éviter. Alors que je ramassais quelques affaires qui traînaient sur le sol de ma chambre, je lui indiquai d’un ton sec.

“ Tu m’avais dit que tu arrêterais de rentrer dans ma chambre pour dormir avec moi… “

Oria: “ Allez… Dans quelques jours on ne pourra probablement plus dormir ensemble. Tu devrais profiter de moi tant que tu le peux. “

“ De toute façon, même si on nous interdit de dormir ensemble, tu trouveras bien un moyen de te retrouver dans mon lit un jour ou l’autre. “

Oria: “ Hé hé ! “

Elle était d’humeur taquine ce matin. Après avoir sorti ses jambes de la couverture, elle me poussa avec son pied droit au niveau de la hanche. Accroupi et occupé à ranger, je perdis l’équilibre et me rattrapai en posant la main sur le sol froid de la pièce. Irrité, je me retournai pour lui rendre la pareille, mais elle avait déjà eu le temps de rejoindre le cadre de la porte.

Oria: “ Allez, dépêche-toi ou tu vas finir en retard. “

“ Hmph, la faute à qui ? “

Elle s’enfuit en courant dans les couloirs du centre. Mêlés à ses bruit de pas, j’entendis ses ricanement s’éloigner. L’esprit encore embrouillé par ce réveil quelque peu spécial, je me hâtai de finir le rangement et de m’habiller. Je sortis de la laveuse ma tenue habituelle. Oria aimait bien changer de tenue de temps en temps, mais puisque les habits étaient propres chaque jour grâce à la laveuse, je n’en voyais pas l’intérêt. Un pantalon noir uni, un T-shirt à col ouvert blanc et un gilet noir avec des nuances violet sombre pour aller avec mes cheveux. Contre les Yajuu, porter une armure s’avérait inutile. Il était préférable d’utiliser une tenue dans laquelle nous étions à l’aise pour nous déplacer. Rapidement, devant le miroir, je frottai frénétiquement un épi de cheveux blancs pour le remettre à sa place, puis je sortis de ma chambre en finissant d’enfiler mes mitaines en tissu, une barre aux céréales entre les dents. En courant dans les couloirs, je laissai mes doigts glisser le long du métal froid et immaculé qui recouvrait les murs.

 L’architecture du centre était très pratique. Puisqu’il était construit à un étage d’une grande tour qui s'élevait au milieu de New-Haven, la dernière ville humaine, tout était construit en cercle. En effet, un long couloir circulaire entourait la grande salle de simulation où nous réalisions tous nos entraînements pratiques. Tout autour se situait les différentes salles où nous vivions : salle de cours, salle de sport, salle d’armement militaire et bien évidemment, salle de bain, chambres et cantine. Vivre ici depuis dix-huit années pourrait paraître fou, mais puisque les journées étaient bien remplies, le temps passait vraiment vite. Par désoeuvrement, nous consacrions même nos jours de “repos” à l’entraînement physique. “Bref, fini de penser à tout ça, il faut que je me dépêche”

Je pris une bouchée de mon maigre repas et j’accélérai la cadence.

 Je rentrai dans la salle de cours en trombe. Mme Himura détestait que l’on soit en retard à son cours. Heureusement, j’avais eu le temps d’arriver quelques secondes avant elle. Oria laissa échapper un rire étouffé en me voyant trébucher sur le pied d’une table. Je pris place à côté d’elle en remettant mes cheveux en place.

“ Au lieu de te moquer, tu es prête pour l’interrogation ? “

Oria: “ Tu rigoles j’espère ? Je n’ai jamais eu faux à une seule interrogation depuis qu’on a des cours. Tu ferais mieux de t’inquiéter pour toi. “

Mme Himura avait pour habitude de poser une question au début de chaque cours ,portant sur les leçons qu'elle considérait comme essentielles. Si par malheur, nous nous trouvions incapable d’en donner la réponse, nous finissions avec des tours de piste et des pompes à ne plus savoir qu’en faire. J’ouvrai ma session sur l’ordinateur en posant ma main sur l’écran. Au même moment, la porte de la salle de classe s’ouvrit lentement et notre professeur fit son entrée.

 Sonia Himura, probablement la meilleure Ryoushi qui n’ait jamais existé. Comme la plupart des Ryoushi, sa tenue était plus adaptée au déplacement qu’à la résistance. Elle portait une combinaison serrée laissant apparaître par de discrètes ouvertures le haut de sa poitrine et de ses hanches. Sa main droite agrippait le col de son gilet kaki qui reposait sur son épaule. Au moment de fermer la porte, elle se retourna et ses long cheveux clairs ondulèrent en suivant le mouvement de son torse. Bien qu’elle n’avait que 37 ans, elle faisait difficilement la trentaine en apparence. Une fois assise à son bureau, elle remit en place son unique mèche bleue sur le coté gauche de son front d’un geste raffiné. Ses yeux m’avait toujours fasciné. Elle faisait partie de ces rares personnes ayant les yeux vairons, d’un rouge intense pour le droit et bleu sombre pour le gauche. Sa voix s’éleva d’un ton ferme.

Sonia: “ Très bien, ne perdons pas de temps, commençons par toi, Oria. Peux-tu me dire comment l’Infection affecte l’être humain ? “

Oria: “ Chez un humain classique, la maladie se développe en moins de trois heures et consume le corps du malade pour le transformer en Yajuu. L’exception se fait chez les humains portant le gène RIY01 qui ralentit considérablement l’infection et donne accès aux pouvoirs d’Hybride. “

Sonia: “ Parfait. Haru, à ton tour, explique-moi le fonctionnement et le découpage de la société depuis l’Infection. “

Le stress retomba, je connaissais la réponse à cette question par coeur.

“ La population est divisée en trois Sections. La Section S qui regroupe tous les scientifiques et les ingénieurs travaillant à Central Spire. La Section R, dont vous faîtes partie, regroupant les Ryoushi de tout niveau et les professeurs de l’Académie. Enfin, la Section Populaire, ou P qui s’occupe de la maintenance du matériel et de la rénovation des murailles. L’appartenance à une Section est déterminée par un test physique et intellectuel, ce qui représente une méthode arbitraire mais nécessaire au bon fonctionnement de la ville. “

Sonia: “ Très bien, vous êtes en forme ce matin. On va donc pouvoir commencer le cours. Aujourd’hui, nous allons voir les réactions que vous devez adopter en cas d’imprévu lors d’une chasse. “

Nous avions échappé aux sanctions pour aujourd’hui. Je commençai à prendre des notes. Ça m’énervait de l’admettre, mais Oria avait raison, j’étais le seul a avoir eu des punitions à cause des interrogations… Et elle prenait un malin plaisir à me regarder courir quand ça arrivait.

 Les cours se poursuivirent ainsi jusqu’à seize heure, entrecoupés d’une pause déjeuner. Avant de nous laisser sortir, Mme Himura s'assit sur l’avant de son bureau et nous regarda d’un air sérieux.

Sonia: “ Nous finirons avec ça, imaginons cette situation simple, vous êtes dans une rue unique, pas de ruelles sur les côtés, aucun moyen de s’échapper à part l’avant et l’arrière. Vous êtes avec votre équipe et un de vos membres de front est gravement blessé. Devant vous vous avez deux classes 4 Guerriers et derrière un groupe d’une dizaine de classes 2, majoritairement des Assassins. Quelle est la stratégie optimale ? “

Oria leva la main une seconde à peine après la fin de la question et Mme Himura lui donna la parole.

Oria: “ Des classes 2 trop nombreux sont difficiles à gérer, je demande un tir de couverture à mon équipe pour éloigner les classes 2 pendant que je m’occupe des classes 4. Une fois le chemin dégagé, deux personnes portent celle qui est blessée, une en reconnaissance quelques mètres devant et une autre surveille nos arrières pendant qu’on prend la fuite. “

Sonia: “ Hmm… Et toi Haru ? “

Après un moment de réflexion je levai à mon tour la voix.

“ Les classes 4 Guerriers ont tendances à être lents, donc je tenterai plus une percée à travers les classes 2. Pour la fuite j’opterai pour la même stratégie qu’Oria. “

Sonia: “ Bien… La leçon d’aujourd’hui ne vise pas qu’à vous évaluer simplement sur votre stratégie, je m’explique. D’un point de vue logique, la stratégie d’Haru est de loin la plus censée, si la percée réussit, la fuite est assurée car les classes 4 ne pourront pas vous poursuivre. “

Oria: “ Hmmpf… “

Sonia: “ Cependant, la vitesse de réaction d’Oria peut jouer un rôle crucial. Dans ce genre de situation, une simple seconde peut faire la différence. Pour résumer, prenez le temps de réfléchir à la meilleure stratégie, mais n’oubliez pas que chaque seconde est vitale. “

Je regardai Oria en souriant, ce genre de situation où nous avions tous les deux à moitié raison et à moitié tort à la fois arrivait plus souvent qu’on pourrait l’imaginer. Elle me renvoya un sourire, puis se retourna vers notre professeure.

Oria: “ Je voulais vous demander, quand est-ce que les cours se terminent ? Parce qu’on ne devrait pas tarder à sortir de Central Spire, non ? “

Sonia: “ Précisément… C’était mon dernier cours avec vous. La prochaine fois que vous me verrez, je ne serai plus votre professeure mais votre commandante. J’espère que vous êtes prêts ! “

Oria et moi: “ Oui commandante ! “

Sonia: “ Ha ha, j’espère que tout se passera bien pour vous. Bref, je suis fière de vous deux, vous ferez d’excellents Ryoushi, ça ne fait aucun doute. “

Sur ces paroles, elle replaça sa veste sur son épaule et sortit de la salle. Fini les cours… Je fus à la fois soulagé et déçu. Oria avait posé sa tête entre ses bras, tendus sur la table. En dessous de cette dernière, deux jambes fines se balançaient rapidement.

“ Tu as si hâte de sortir que ça ? “

Oria: “ Tu n’imagine même pas. Je n’en peux plus d’être enfermée ici… “

Son sourire était encore plus large que d’habitude. Je m'inquiétais pour elle… Elle était si impatiente de voir un monde qui ne voulait pas d’elle. Je me levai de ma chaise, stoppé à mi-chemin par le bruit d’une annonce sur les haut-parleurs du centre.

Tensei: “ Haru, je veux te parler, viens dans mon bureau dès que possible. “

Je m’y attendais, et à vrai dire, je savais déjà de quoi il voulait me parler…

Oria: “ C’est pas souvent que notre père fait des annonces. Tu penses que je devrais venir ? “

“ Non, va en salle de sport, je te rejoins dès qu’on a fini de parler. “

Elle me regarda en fronçant les sourcils et en gonflant ses joues pour montrer son mécontentement..

“ Je n’en ai pas pour longtemps, je sais pourquoi il m’appelle, ça ne sera pas long. “

Oria : “ Je m’échaufferai en t’attendant. Dépêche toi ! “

Elle était déjà partie en courant. Je me levai en remettant ma veste. Avant de sortir de la salle de classe, je décidai de jeter un oeil par la fenêtre.

 La ville, construite dans un rayon de deux ou trois kilomètres autour de Central Spire, était éclairée par la lumière d’un début de coucher de soleil. J’aperçus au loin un véhicule de chasseurs rentrer dans la ville par la porte principale. Plusieurs personnes étaient regroupées autour d’un membre de l’équipe couché à terre. Un frisson parcourut ma colonne lorsque j’aperçus les multiples ouvertures béantes sur le coté de ce qui avait dû être une jeep. Au vu de la taille des traces de griffures qui avaient ravagé la carcasse métallique, j’aurais opté pour un Guerrier de classe 4 ou une Reine de classe 3. Si la blessure du membre de leur équipe avait été faite par un Yajuu de cette taille, il n’y avait hélas que très peu de chances qu’il s’en sorte. Ce n’était pas la première fois que j’assistais à ce genre de spectacle… Mais j’avais le même ressenti à chaque fois, me rappelant que la vie au centre n’avait rien à envier à celle de l’extérieur. Je repris mes esprits en secouant brièvement la tête et je me dirigeai vers le bureau de mon père d’un pas rapide.

 Une fois arrivé devant le bureau, je frappai à la porte, puis j’entrai sans faire de bruit.

“ Salut papa… “

Mon père, Tensei Akami. Probablement le chercheur le plus éminent de ce dernier siècle. En fait, il était probablement le seul à comprendre comment les Yajuu fonctionnaient. Il était à l’origine de tous les équipements alimentés au Chromion, l’énergie provenant du coeur cristalin des Yajuu. Il était face à moi, le visage strict, assis dans un grand fauteuil derrière un bureau noir. En voyant ses bras sont croisés sur son torse, je pus déduire l’importance des choses qu’il avait à me dire. La très faible lumière de la pièce se reflétait dans ses cheveux argent mi-longs rejetés en arrière. Bien qu’il ait toujours eu un air sérieux et dur, cela se ressentait encore plus aujourd’hui. Après un moment, sa voix grave perça enfin le silence.

Tensei: “ Je pense que tu sais de quoi je veux te parler… “

“ C’est à propos d’Oria, n’est-ce pas ? “

Tensai: “ Exactement, même si je suis persuadé que ça ne sert à rien de te le dire, j’aimerais que tu prennes soin d’elle, du mieux que tu le pourras. “

Sa façon de parler me tapai sur le système… Mais dans le doute je préférai en avoir le coeur net.

“ Quand tu dis que ça ne sert à rien de me le dire, qu’est-ce que tu entends par là. “

Tensai: “ Tsss… Tu me connais bien… En tant que père, j’aimerais que les choses se passent bien. Cependant, j’ai déjà vu ce genre de cas chez d’autres Hybrides. Vu comment elle utilise et réagit à ses pouvoirs, ça ne sert à rien de te demander de la protéger, car tu ne pourra rien y faire. Personne ne peut plus rien y faire. “

C’était hélas bien ce que je pensais… Sans m’en rendre compte, j’avais enfoncé mes ongles dans la paume de ma main gauche, frustré d’écouter de telles inepties. En regardant le sang couler le long de mon poignet, je sortis de la pièce, jetant un dernier regard vers mon père.

“ Si même son père l’abandonne, c’est certain qu’il n’y a aucun doute sur son destin. “

Sur les nerfs, je partis dans le couloir sans fermer la porte. Le comportement de notre père m’horrifiait. Même s’il y avait peu d’espoir, je voulais continuer de croire qu’elle resterait elle-même tant que je serais à ses cotés. Je regardai à nouveau ma main, constatant avec surprise que ma blessure avait complètement disparue. Après dix-huit ans passés avec ces pouvoirs, je ne les comprenais toujours pas et je ne cherchais plus à les comprendre depuis bien longtemps. Pourquoi ceux d’Oria étaient-ils beaucoup plus destructeurs que les miens ? Pourquoi de nous deux étais-je le seul à guérir de certaines blessures si rapidement ? Et surtout, à quoi servaient-ils si je ne pouvais même pas protéger ma soeur de ses propres démons ? Tant de questions qui occupaient mon esprit nuit et jour sans moyen d’y apporter de réponses.

 J’approchai de la salle de sport où j’entendis ma soeur s’entraîner. Au moment où je passai le pas de la porte, elle posa rapidement les deux haltères avec lesquelles elle était en train de s’échauffer et se retourna vers moi.

Oria: “ Ahh… Tu as fais vite dis donc… Hé hé… Haru ? “

Son regard se figea à la vue de ma manche imbibée de sang. En courant, elle vint prendre ma main dans la sienne et se tourna vers moi avec un air inquiet. La contact chaud et rassurant de ses doigt si légers et si fort à la fois apaisa immédiatement mon esprit.

“ Rien de grave ne t’en fais pas. Le dialogue avec notre père a été… compliqué. ”

Oria: “ Je vais le t… “

Sans lui laisser le temps de dire des bêtises, je la pris dans mes bras en la serrant pour lui faire reprendre raison.

“ Promets moi que tu ne fera rien d’imprudent une fois que nous serons dehors ! “

Oria: “ Vous avez parlé de moi ? “

“ Promets le moi ! “

Oria: “ D’accord, d’accord, calme toi… Je te le promets… “

“ Merci. Je vais me laver les mains et j’arrive m’entraîner. “

En desserrant lentement mon étreinte, je me reculai pour regarder ses yeux, qui à mon grand soulagement étaient d’un jaune clair, pur et éclatant.

 Une fois lavé, je retournai dans la salle de sport où Oria m’attendait dans le cadre de la porte, les mains croisées dans le dos. Dans un éclair lucide, la vision de son visage embarrassé quand j’étais rentré tout à l’heure me revint à l’esprit…

“ Oria… Combien de poids tu avais mis sur les haltères pour ton échauffement ? “

Au moment exact de la fin de ma question, le regard d’Oria s'échappa sur la droite et son visage se décomposa.

Oria: “ Hé hé, je sais plus trop… “

“ Oria ! “

Oria: “ Deux cent cinquante… “

Je soupirai un long moment avant de lui donner un coup sec sur le crâne.

“ Je t’avais dit de ne pas dépasser les cents kilos pour l’échauffement. Tu n’écoute vraiment rien… “

Oria: “ Mais c’est trop léger, ça sert à rien… “

“ C’est trop léger parce que tu utilises ton pouvoir, si tu te contrôlais, tu n’aurais pas ce problème. Bref, tant pis, commençons. “

 L’entraînement passa à une vitesse phénoménale. Pendant toute la durée de celui-ci, il m’avait été impossible d’arrêter de penser à ce que notre père m’avait dit… Mais…

- Je ne la laisserai pas tomber. Je ne laisserai pas son pouvoir la consumer.

Je la sauverai à tout prix. -

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