Chapitre 5 : La Grande Bataille

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En l’espace d’un claquement de doigt, je me trouvais désormais au-dessus d'un énorme champ de bataille. Le soleil luisait sur cette longue étendue de roche et de terre, dévastée, recouverte par une sombre et étrange poussière couleur encre. Des corps sans vie jonchaient le sol et le sang des combattants qui luttaient encore donnait une apparence plus obscure encore à la plaine. Davantage que le changement de lieu, c’était le bruit ambiant qui fut le plus notable. Les hurlements des guerriers qui se battaient avec hargne d’un côté et ceux des monstres qui se délectaient et riaient de leur massacre de l’autre. Le métal qui s’entrechoquait et les râles d’agonie de ceux laissés pour mort appelant à l’aide.

Mon cœur se mit à battre la chamade lorsque l’adrénaline envahit mon organisme. Je ne pouvais en croire mes yeux. Des hommes et des femmes en armure de bronze se battaient face à des monstres tout droit sortis des enfers. S’ils avaient été des Hommes autrefois, ils n’en avaient plus l'apparence depuis bien longtemps. Un réseau de grosses veines noires saillait sous leur peau d'un gris marmoréen, rendant encore plus proéminents leurs yeux inexpressifs d'un noir charbonneux.

C’étaient sans aucun doute possible les Xenos décrits par Astérion, immondes cadavres animés par la volonté de tuer. Ils maniaient dangereusement des armes diverses forgées dans ce qui ressemblait à de l’os. Je découvris vite l’apparence effrayante des Gerydïon, ces fameux tigres transformés par le mal. De la taille d'un rhinocéros, les yeux rouges sanguinaires et des rayures blanches sur un corps noir massif couvert de longs poils, ils se déplaçaient à une vitesse ahurissante. En slalomant entre les combattants ils déchiquetaient leurs adversaires grâce à leurs longues griffes tranchantes, et répandaient aisément la terreur.

À vue d’œil, ils n’étaient pas aussi nombreux que les Xenos même s’ils paraissaient plus redoutables encore.

« Impressionnant, n’est-ce pas ? »

Debout à côté de moi et translucide à la manière d’un fantôme, Astérion apparut, le regard braqué sur cette bataille qui me laissait sans voix. J'avais l'impression d'observer un affrontement à des monstres d'une quelconque mythologie. Je jetai un œil à mes mains : moi-même j’étais transparent à la manière d’un fantôme. Libéré de ses chaînes dans son souvenir, l’Immortel me dépassait de plusieurs têtes, me contraignant à lever les yeux pour lui parler.

« Tu me crois, à présent ? poursuivit-il sans la moindre raillerie. Regarde l’ensemble du champ de bataille et observe la puissance que ces immondes créatures déploieront face aux tiens ! Cela te donnera un avant-goût de ce qui menace ton époque ! »

Je restais trop chamboulé pour répondre, absorbé par cette guerre.

L’avant-garde que formaient les robustes guerriers armés d’épées, contenait vaillamment les monstres. Ils serraient férocement leur glaive à double tranchant dans une main, et leur rondache au niveau du torse dans l'autre, afin de se protéger des attaques meurtrières portées par leurs ennemis. Loin derrière, les archers dissimulés par un mur de dépouilles, bandaient leurs arcs vers le ciel. La tension était palpable et leurs corps tendus décochaient des traits pour défendre leurs compagnons. Les armures de ces derniers paraissaient bien frêles face aux créatures qu’ils affrontaient mais, même désordonnés, ils restaient féroces.

Sur les flancs, les Hommes tentaient d’encercler l’armée ennemie, afin de la contenir de leur mieux. Les monstres peinaient à repousser les assauts à répétition des intrépides combattants qui avaient l’avantage du nombre. De la hauteur où j’étais, je pouvais voir sans difficulté l’ensemble de l’affrontement. Peu importe où je regardais, plusieurs femmes et hommes s’unissaient face à un Xenos incapable de leur résister. Ce dernier finissait mutilé avant d’exploser en gerbes de poussières sombres dont le sol était déjà saturé. Les archers et leur pluie de flèches embrasées terrassaient les rôdeurs et les Xenos. Les rangs de ces derniers se réduisaient progressivement malgré leur acharnement à anéantir chaque humain. Et si besoin, ils n’hésitaient pas à couvrir les arrières des guerriers qui s’interposaient entre eux et les créatures du Chaos.

« Nous allons nous rapprocher, m’annonça finalement Astérion. Plus près, tu comprendras mieux contre quoi j’essaie de te mettre en garde. »

Je ne pus m’y opposer. En l’espace de quelques secondes, nous nous retrouvâmes en plein cœur de l’affrontement. Peu importe où je regardais, hommes et femmes se démenaient face à ces hideuses créatures. Dans cette promiscuité, je pouvais distinguer ces derniers sans difficulté. Leurs muscles saillants, la bave qui s’écoulait de leur bouche béante ainsi que leurs armures osseuses ne pouvaient que donner des cauchemars à quiconque les affrontait. Un Xenos, bondit brusquement dans notre direction. Je me protégeai de mes bras en hurlant, mais il me traversa comme si je n’existais pas.

L’homme qu’il visa se trouvait dans mon dos. Il eut tout juste le temps de contrer l’épée du Xenos que ce dernier le saisit à la gorge et le plaqua au sol avec sauvagerie. La créature leva son épée pour achever sa victime sous mes yeux horrifiés. Un second combattant surgit et percuta le Xenos, le forçant à relâcher sa victime. La créature se redressa et surplomba son nouvel opposant de toute sa masse. Il fixa ce dernier de ses yeux d’ébène et lâcha un sifflement que seule une furie envoyée par Hadès aurait pu émettre.

Cette infamie allait le réduire en charpie !

Contrairement à moi, le guerrier nullement impressionné, attaqua sans hésitation. Devant mon regard épouvanté, son bouclier intercepta le premier assaut du Xenos qui aurait dû le décapiter. Puis un deuxième. Et un troisième. Il visa alors les jambes dégagées de la bête qui fut contrainte de reculer pour ne pas finir estropiée. Agacée de la résistance que lui opposait sa proie, le Xenos bondit. La lame de l’humain lui transperça l’estomac mais il ne s’en inquiéta pas. L’épée figée dans le ventre, il saisit son ennemi et lui cracha son nauséabond souffle verdâtre à la figure. L’homme cessa immédiatement de se débattre. Son corps tout entier fut pris de convulsion. Le Xenos relâcha sa victime qui s’écroula. Je déglutis : l’homme agonisa en se tenant la gorge durant de longues secondes avant de rendre son dernier soupir. Toute trace de vie l’avait quitté, ne laissant qu’un corps sans âme à la peau blême.

Le Xenos se détourna pour se diriger vers sa première cible. Le combattant, téméraire, s’était relevé et regardait avec horreur celui qui venait de se sacrifier pour le sauver. Puis, animé par la vengeance, il hurla de rage, l’épée brandie avec fermeté. Le Xenos esquiva l’offensive d’un pas sur le côté mais le guerrier l’avait anticipé. La main du monstre se décrocha de son corps lorsque la lame aiguisée la coupa nette. La créature lâcha un grognement et tenta de trancher le combattant en deux mais ce dernier se jeta au sol et sectionna la jambe droite du monstre. Le Xenos chuta et, une fois vulnérable au sol, la lame de son adversaire se planta dans son crâne, l’achevant enfin.

Le guerrier, en sueur, retira son casque avant d’extraire son arme de la créature dont le corps commençait déjà à se décomposer. Je soupirai, soulagé de le voir indemne. Mais un rôdeur surgit de nulle part et saisit le rescapé dans sa gueule poisseuse du sang de ses victimes et abrégea ses souffrances. Le Gerydïon jeta le cadavre sans vie et rugit avant de se jeter de nouveau dans la mêlée. Je restai sans voix devant la fin rapide et tragique du combattant qui venait de venger son camarade.

Moi-même, je n’avais pas vu le Gerydïon surgir.

Bientôt, ces deux hommes furent chassés de ma vue, remplacés par d’autres guerriers. Et chaque fois le scénario se répétait. Je transpirais abondamment et ma respiration était saccadée. Sous mes yeux, la bataille s’éternisait, comme si aucune des morts auxquelles j’avais assistées n’avait d’importance. Seule la victoire finale comptait, peu importait le nombre de sacrifice nécessaire pour l’obtenir.

« Je ne veux pas en voir plus, réussis-je à articuler. »

Ma voix était si faible que je doutai qu’Astérion m’ait entendu. Pourtant, le dieu me répondit avec fermeté sans même daigner me regarder :

« Non, pas encore. Tu dois en voir plus. Tu dois te rendre compte de ce qui t’attend. C’est nécessaire !

— Je ne peux pas en voir plus ! répliquai-je, la gorge serrée et la voix tremblante plus que jamais. C’est…

— … abominable, termina-t-il en me regardant droit dans les yeux cette fois. Atroce. Effroyable. Utilise le terme que tu souhaites, je le sais déjà. Mais te laisser dans l’ignorance ne servirait à rien. Et je sais que tu es quelqu’un de pragmatique : tu ne crois que ce que tu vois. Alors maintenant que tu les vois, que ressens-tu ? Remets-tu en doute mes paroles ? »

Puis sans un autre mot, il se volatilisa, m’abandonnant au milieu de cet enfer. Le sang qui giclait, les corps qui s’effondraient… Peu importe où mon regard se portait, je ne voyais que massacre et horreur. Le dégoût que m’inspirait ces abjections qui ôtaient la vie avec un certain plaisir me serrait la gorge. Il me condamnait à assister à ce cauchemar qui m’écœurait alors que je ne souhaitais que m’enfuir !

« REVIENS ! hurlai-je de désespoir. »

Mais il ne revint pas. Il m’abandonna en plein milieu de cette bataille d’une autre époque. Comment osait-il me demander ce que je ressentais ? Il le savait très bien ! Ma peur… Non j’avais dépassé le stade de la simple peur, j’étais terriblement angoissé devant ce carnage et Astérion le savait très bien ! Pourquoi me faisait-il subir cela ?

Accablé, je me laissai tomber à genoux et fermai les yeux en espérant oublier ce qui m’entourait. Mais il était impossible d’ignorer ce vacarme. Une vive lueur écarlate parvint à traverser mes paupières closes. En les rouvrant, je découvris un torrent de flammes qui se déversait sur une partie des rangs ennemis. Surpris, je reculai, paniqué. Pourtant, je ne ressentis aucune chaleur, ni même éblouis par leur proximité. Le brasier provenait d’un être à la peau vermillon. Il était imposant, sans pour autant être aussi immense que certains Xenos. À la lueur des flammes, ses yeux reflétaient un étrange éclat sanguinaire. Le feu sortait littéralement de ses mains tendues vers les troupes ennemies comme s'il leur imposait sa volonté et les contrôlait. Elles se déplaçaient tels des serpents, calcinant les ennemis alentour et épargnant les alliés. Affalé, je suivais leur parcours, les yeux écarquillés. Xenos et Gerydïon, attaqués par les flammes, hurlaient de douleur avant de s’écrouler pour ne jamais se relever.

Le pyromane cessa sa déflagration et dégaina deux épées aux lames rouges et aux manches sombres. Au contact de ses mains, elles s’embrasèrent et libérèrent une énergie remarquable qui fit reculer les Xenos alentour. Moi-même, je ressentais nettement la chaleur des flammes qui les recouvraient alors que ce n’avait pas été le cas plus tôt. Je ne savais pas comment cela était possible mais elles m’insufflèrent un courage nouveau.

Je me relevai, quelque peu revigoré.

Après avoir hurlé quelque chose d’inaudible dans ce brouhaha, le guerrier écarlate se lança dans le combat avec vaillance. Malgré le spectacle immonde que m’offrait les créatures en se consumant, j’oubliai la répugnance qu’elles m’inspiraient. Cette fois, hormis mon admiration devant le courage et l’abnégation des combattants, une nouvelle émotion venait de naître : la curiosité. J’avais vu pour la première fois les créatures enfantées par les pouvoirs d’Astérion : les Elementaris, le peuple né pour protéger les miens. Et Astérion avait dit vrai, ils maîtrisaient bel et bien les éléments !

Comme répondant à l’appel de ce guerrier rouge, une pluie d’explosions de flammes jaillit d’un bout à l’autre du champ de bataille, embrasant les adversaires les plus malchanceux qui poussèrent des hurlements atroces. Juste devant moi, le sol s’ouvrit alors sur une faille assez grande pour engloutir trois Xenos d’un seul coup. L’Elementaris à la peau verte, qui en était à l’origine, se releva avant de se faire transpercer par la hache d’un Xenos. Il s’effondra dans un dernier râle lorsque le monstre retira sa lame.

Un cri de rage s’ensuivit. Il provenait d’une guerrière Elementaris à la peau bleue et aux cheveux blancs qui avait assisté à la mort de son semblable. Elle se lança à l’attaque du monstre, aveuglée par la vengeance. Le monstre lui fit face, son arme brandie. Maniant une lance avec une agilité et une aisance au point qu’elle semblait aussi légère qu’une plume, la guerrière taillada par deux fois le corps du monstre. Le sang noir gicla. Bien que cette pertuisane était similaire à celles des humains qui les brandissaient, les Elementaris les manipulaient avec bien plus de virtuosité.

La guerrière bleue transperça de part et d’autre le Xenos avant de le soulever de terre et de l’écraser au sol avec une violence inouïe. Le manche de son arme se brisa sur le coup mais, sans s’en inquiéter, elle bondit sur le Xenos et saisit sa tête entre ses mains. Le monstre lui souffla son haleine toxique au visage, comme l’avait fait auparavant l’un de ses congénères. Sauf que sur l’Elementaris, le souffle mortel n’eut pas le moindre effet. Avec une puissance fabuleuse, la combattante arracha la tête du Xenos. Elle jeta son trophée avec répugnance et se releva. J’en restai abasourdi !

Un Gerydïon, qui se trouvait dans son dos, s’élança vers elle. Pour avoir vu la puissance de leurs mâchoires, je ne pouvais pas me résoudre à voir quelqu’un d’autre transpercé par leurs crocs ou leurs griffes.

« Attention ! tentai-je de la prévenir. Derrière-toi ! »

Elle ne pouvait pas m’entendre bien entendu, mais je n’avais pas pu m’en empêcher. Malgré tout, elle dut sentir le danger car elle se retourna aussitôt. Le monstre bondit. L’Elementaris, dans un réflexe remarquable, se jeta sur le côté, évitant les crocs de la bête. Elle se releva et saisit la mâchoire qui s’apprêtait à l’égorger. Dans un craquement sonore, les os de la créature se brisèrent sous la poigne phénoménale de la guerrière. Cette dernière, dans un effort considérable, plaqua l’animal au sol et, d’une torsion, lui brisa ensuite la nuque.

Interloqué, je ne savais que penser. Elle venait de vaincre une bête capable de terrasser n’importe quel fauve connu à mains nues ! Alors qu’elle avait enfin un moment de répit, c’était sans compter sur un rôdeur qui lui laboura le dos. Les griffes de la bête traversèrent l’armure argentée de la guerrière. Cette dernière hurla de douleur et se retourna pour riposter mais la créature esquiva sans difficulté, puis se mit à tourner autour de sa proie. Je serrai les dents devant la profonde blessure qui saignait abondamment. Pourtant, l’Elementaris ne s’affaissa pas.

Dans un hurlement, elle leva les mains vers le ciel.

Le sol se mit aussitôt à trembler sous le Gerydïon qui la tenait sous son joug, et un geyser colossal jaillit. La bête fut projetée dans les airs avant de retomber sur la terre ferme, sonnée mais en vie. Mais l’Elementaris ne s’arrêta pas là. Après de nombreux et vifs mouvements des mains, l’eau se mit à tournoyer autour d’elle, tel un serpent, avant d’assaillir tous les monstres se trouvant à proximité. Le Gerydïon fut écrasé par la pression de l’eau avant de rendre l’âme. Trois Xenos subirent le même sort, explosant en poussière sous la puissance terrifiante de l’attaque. Les cris de joie explosèrent mais la guerrière ne put les savourer. Elle s’écroula sous mon regard désemparé ainsi que ceux de ses compagnons. Ma poitrine se serra en comprenant que l’attaque du rôdeur avait eu raison d’elle et, plutôt que de fuir, elle avait préféré employer ce qui lui restait d’énergie dans cette ultime attaque élémentaire.

Elle aussi s’était sacrifiée.

« Non… murmurai-je cette fois, les larmes aux yeux. »

Soudain, tout se tut et la lumière diminua progressivement. Le silence fut si brutal que, pendant un instant, je craignis être devenu sourd. Pourtant, ce n’était pas le cas : tous les combattants étaient à présent figés, comme si le temps lui-même s’était arrêté. Que se passait-il ? Hepiryon avait-il le pouvoir d’interrompre le temps ? Je levai les yeux embués, stupéfait par ce changement soudain. Le soleil avait disparu, remplacé par un ciel entièrement gris et orageux. Au même instant, à des kilomètres, une explosion capta mon attention. Une onde de lumière dorée perça au sommet d’une immense montagne avant de disparaître. Un éclair bleu suivit, déchirant les cieux frappant la montagne dans une explosion qui fit vriller mes tympans. Les mains plaquées contre les oreilles, je plissai les yeux en espérant distinguer quelque chose malgré la distance mais le paysage était trouble comme provoqué par les ondes de chaleur dans un désert.

La grisaille s’effaça et le ciel redevint clair et sans le moindre nuage. Quant à la bataille, elle reprit au même instant, comme si quelqu’un avait relancé la lecture d’un film. Le tumulte fracassant des armes s’entrechoquant reprit de plus bel. Les mains toujours sur mes oreilles, je continuai de fixer le massif montagneux qui était redevenu un simple élément lointain. Tout était revenu à la normale, si on pouvait considérer cette bataille comme normale. Avais-je rêvé ? Tout avait été rapide, et pourtant je ne pensais pas avoir inventé tout ça.

C’est ce moment que choisit Astérion pour réapparaître.

« À présent, je pense que tu as vu de quoi les Gerydïons et les Xenos sont capables. Nous pouvons reprendre de la hauteur et discuter de ton choix.

— Que vient-il de se passer ? »

Il se tut et fronça les sourcils.

« Que veux-tu dire ? demanda-t-il finalement.

— Le ciel s’est voilé et tout le monde est devenu immobile, expliquai-je avant de pointer la montagne du doigt. Et là-bas, j’ai cru voir… un combat.

— Tu as dû halluciner, répondit-il simplement. »

Mais je n’avais pas manqué la surprise dans ses yeux. Je supposai qu’il me mentait mais je ne pouvais en être certain. Cependant, je sentais que ce que j’avais vu était important, et j’avais l’impression que cela ne provenait pas de ce souvenir. Se pouvait-il que j’aie entrevu un bref morceau d’un autre souvenir qui avait surgi de la mémoire d’Astérion ? Lui seul aurait pu m’apporter une réponse mais je ne souhaitais pas le questionner davantage à ce propos. S’il n’avait rien dit, ce n’était malheureusement pas moi qui allais l’y contraindre.

Sans attendre que je renchérisse, Astérion et moi nous élevâmes au-dessus de l’affrontement. À présent, l’armée ennemie était entièrement acculée par les Hommes et les Elementaris. Regroupés en un bloc compact, ils luttaient pour ne pas se laisser submerger. Malgré tout, il arrivait qu’un Xenos ou un Gerydïon sorte du rang dans une tentative vaine d’abattre un adversaire : ils se faisaient tuer presque aussitôt.

Blottis ainsi, ils étaient devenus une cible encore plus facile pour les archers, composés principalement d’humains. Je remarquai également des Elementaris à la peau aussi pâle que la lune, capables de s’envoler dans les airs et d’envoyer une multitude de flèches sur leurs ennemis. Puis ils redescendaient aux côtés de leurs homologues humains qui visaient de manière tout aussi juste. Toutefois, les boucliers et résistances naturelles des Xenos leurs permettaient de tenir bon. Mêmes les Elementaris étaient incapables de trouver une brèche sans prendre de risques dans cet immense groupe de quelques milliers de monstres qui faisait face avec férocité à leurs adversaires.

Soudain, surgissant du ciel, un faisceau doré frappa le bloc ennemi. Atterrissant dans un fracas assourdissant en plein milieu du champ de bataille, telle une supernova, le Astérion du souvenir venait de surgir. Les Xenos se trouvant à proximité paniquèrent et reculèrent devant l’Immortel qui venait d’anéantir plusieurs des leurs rien que par son apparition. Haut de plus de trois mètres et couvert d’une flamboyante armure blanche et dorée, il dominait de loin tous les autres combattants. Son épée dirigée vers ses adversaires, il sourit aux créatures du Chaos qui reculèrent en crachant de rage.

Quelle puissance ! Il vibrait d’un pouvoir hors du commun, sa peau était littéralement parcourue d’arcs énergétiques. Il était symbole même de force et de courage, apportant la lumière dans cette mer d’obscurité. Les Xenos les plus petits et les plus faibles qui se trouvaient à proximité de lui furent désintégrés par sa seule présence.

« Admire les pouvoirs d'un Eternel ! me lança le Astérion du présent, sans la moindre modestie et un sourire aux lèvres. »

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