Chapitre 2 : Mauvais rêve ?

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J’avais toujours espéré faire un rêve lucide un jour où l’autre, mais si j’avais su qu’il me fallait endurer une telle épreuve pour cela, j’aurais préféré m’en passer. Lors d’un rêve lucide, on se rend compte que l’on rêve, permettant alors de faire tout ce que l’on souhaitait. D’après certains sondages, la première chose que ferait la majorité des personnes dans ce cas, serait de voler. Moi j'aurais dîné avec Emma Watson immédiatement !

Moins honorable mais tellement mieux !

Lorsque je repris conscience après ma chute, je n’avais pas la moindre idée du temps qui s’était écoulé. Ni les idées très claires vu ce que j’avais sous les yeux. Deux choses étaient pourtant certaines : j’étais dans un rêve, sans aucun doute, et entièrement lucide. Ou alors j’étais mort, mais la première possibilité me paraissait plus réconfortante. J’ouvris les yeux et découvris un paysage étrangement uniforme : tout était blanc comme neige. Je ne saurais même pas dire si ce lieu était grand ou petit. Et il était vide, pas la moindre trace d’un objet ou d’un décor pour combler les alentours. Même le sol était si incolore que je semblais marcher sur du vide ! Au moment où je regardai mes pieds, je remarquai l’étrangeté de mes vêtements.

Pieds nus, un jean et un tee-shirt blanc.

« Bon bah comme ça c'est clair, je suis mort… songeai-je, quelque peu dépité. »

À peine avais-je pensé ces paroles qu’elles résonnèrent de toute part. Pris au dépourvu par cet étrange phénomène, je sursautai. Je venais d’entendre mes pensées comme si je les avais prononcées à haute voix ! Une vive colère, ainsi que de l’embarras, s’emparèrent alors de moi.

« Qu'est-ce-que c'est que ce délire ? m’écriai-je. Quand on est mort, on a plus le droit de penser quoique ce soit sans que tout le monde en profite ? »

J'avais haussé le ton pour la dernière phrase, rageant de cette injustice.

« Je suis désolé de t’annoncer que tu n'es pas mort, intervint alors une voix grave derrière moi. Pas pour le moment en tout cas. »

Je me retournai, rassuré. Savoir que je n’étais pas seul dans ce lieu étrange me rassura. Néanmoins, ma joie fut de courte durée lorsque je découvris l’homme situé à quelques mètres de moi. Ce n'était clairement pas un ange : il faisait tache dans ce paysage si paisible. Les deux genoux au sol, il restait presque aussi grand que moi. Il devait mesurer dans les trois mètres minimums. Ses bras musclés, tendus sur les côtés, étaient enchaînés au sol. Les chaînes métalliques devaient lui maintenir fermement les poignets car un liquide doré en coulait.

Allons bon, dans quoi je m'étais encore fourré ? Si je n’étais pas mort, alors j’allais vraiment devoir prendre rendez-vous chez un psychologue pour parler de mes rêves qui dévoilaient très certainement des troubles psychologiques profonds !

L'homme ne portait qu'un pantalon déchiré comme pour préserver sa pudeur. Le haut de son corps, bien bâti, était nu et je ressentis une pointe de jalousie devant ses muscles puissants. Une longue cicatrice traversait toute la partie gauche de son torse, de son pectoral gauche à sa hanche. Sa tête pendait en avant et ses longs cheveux châtains, presque blonds, me dissimulaient son visage. Il semblait propre et indemne malgré son pantalon en lambeau et ses poignets ensanglantés. Pour être franc, il me donnait l'impression de s'être battu contre un fauve avant d'être enchaîné au sol de façon misérable.

De plus, j'avais l'impression qu'il brillait. C’était difficile de l’affirmer dans la clarté des alentours mais un halo doré semblait émaner de sa personne. Et sa voix ! Sans qu’il n’hausse le ton, j'avais senti l'autorité naturelle d'un chef. Sans parler du charisme si puissant qui se dégageait de lui que j'en avais presque les jambes qui tremblaient. Comme une force invisible qui inspirait la peur rien qu’en le regardant.

Comment n’avais-je pas pu le remarquer avant ?

Je jetai des coups d’œil aux alentours pour être sûr de ne pas avoir manqué quelqu'un ou quelque chose d'autre. Après tout il ne s'était probablement pas enchaîné tout seul, c'était impossible vu sa position. Il devait donc y avoir quelqu'un d'autre pour l'enfermer ici. Pourtant je ne perçus personne d’autre. À première vue, nous étions seuls. Je décidai de m’approcher malgré la crainte qu'il m'inspirait. Comment pouvait-on être effrayé de quelqu'un alors qu'on ne le connaissait pas ? Était-ce de la magie ? Non, je délirais ! Cela devait être mon test d'accueil au paradis : libérer un géant enchaîné. Mais ce n'était pas précisé dans la Bible, ni dans aucun autre texte religieux à ma connaissance.

Pourtant, je n'avais pas fait deux pas vers lui que sa voix me pétrifia :

« Enfin nous nous rencontrons, Peter. J'ai dormi si longtemps à cause de ma bêtise et, quand je me réveille, je me retrouve assujetti et enchaîné comme un misérable esclave ! Moi ! Dépendant d'un vulgaire mortel ! J'espère que tu as savouré tes années de liberté car elles se terminent dès à présent ! »

Mortel ? Il avait utilisé ce terme comme si c'était la pire des maladies.

« Je rêve où il vient vraiment de me menacer ? m’offusquai-je. »

Mes pensées résonnèrent aussitôt, me prenant au dépourvu pour la seconde fois. Lorsque le géant les entendit, il ricana :

« Ton arrogance n’a d’égal que ta stupidité, humain ! »

Je me retins de penser à quoi que ce soit d’autre, et demandai d’une voix agacée :

« Qui êtes-vous ? Et où sommes-nous ? Au Paradis ? Parce que je n’ai jamais vu un endroit comme ça, ajoutai-je en désignant le voile vierge qui nous servait de paysage. »

Son corps se mit alors à trembler tandis qu’il lâchait un son rauque. Au départ, je crus qu'il s'étouffait avant de finalement réaliser qu'il riait. Sans prévenir, il releva sa tête et braqua son regard sur moi, me dévoilant ainsi son visage. Je reculai d'un pas, les yeux écarquillés.

Alors, non, il n'était pas laid à ce point. En fait, il devait même être plutôt beau gosse. J’avais toujours eu du mal à en juger étant donné que j'étais plutôt attiré par le genre féminin. Néanmoins, si malgré sa taille et son pouvoir, je pensais avoir affaire à un homme avec un problème d’hormones de croissance, ses yeux mirent fin à mes doutes. Pas d'iris, pas de blanc mais juste… de l'or. Deux boules dorées remplissaient totalement ses orbites. J'avais l'impression qu'il pouvait sonder mon âme juste en me regardant ! Impossible même de dire s'il me regardait ou non !

Tétanisé, je ne pouvais détourner le regard.

« Je ne vais pas passer par quatre chemins, petit, reprit-il de sa voix vibrante de puissance. Tu dois me libérer de ces chaînes ! »

Tout en disant cela, il secoua les chaînes qui le maintenaient pour bien montrer qu'il parlait de celles-ci et non pas d'autres. Ma fierté en prit un coup. Il devait vraiment me prendre pour un parfait crétin s'il pensait que je n'avais pas compris de quelles entraves il parlait ! Cette façon autoritaire de me parler, comme si j'étais un enfant qui avait fait une bêtise... Et pourquoi m'avait-il appelé « mortel » ? La manière dont il l'avait dit me laissait penser qu'il ne l'était pas. Sauf que c’était difficilement imaginable. La colère commença à prendre le dessus sur la peur.

Pour qui il se prenait ce type ?

Je pris quelques secondes pour me reprendre et contrôler ma voix afin d’éviter qu'elle ne tremble. De peur comme de colère.

« Si vous êtes enchaîné, je suppose qu'il y a une raison, non ? Et puis je n'ai rien pour les briser, même si je le souhaitais.

— Tu ne comprends pas, reprit-il d'un ton ferme et agacé, il faut me libérer. »

Il articula le dernier mot comme si j’étais sourd et avais besoin de lire sur ses lèvres. Je serrai le poing, de plus en plus irrité.

« Un danger approche et je suis le seul à pouvoir protéger cette planète, reprit-il. Pour me libérer, tu as juste à accepter de prendre ces chaînes, elles t'enchaîneront à ma place sans le moindre effort, je te le promets !

— Pardon ? C’est une caméra cachée, c’est ça ? »

Finalement je devais être en plein délire et non pas mort, au temps pour moi. Ou alors la mort était incroyablement hilarante. Non le rêve me paraissait plus plausible, mais je n’en avais jamais fait d’aussi réaliste et étrange. J’avais vraiment besoin d’un psy.

Pour tenter de me réveiller, je me pinçai de toutes mes forces.

« Aïe, grognai-je après m'être pincé sans toutefois avoir la peau rougie. »

Le décor ne changea pas mais la douleur était bien réelle.

« Je ne pensais pas que les Hommes étaient devenus si stupides ! se moqua le géant.

Donc je ne suis pas dans un rêve, pensai-je en l’ignorant tout en les alentours. Mais où suis-je ? »

Mes paroles résonnèrent comme si je les avais dites à haute voix, ainsi l'autre homme put les entendre malgré moi.

« Bon sang ! m’exclamai-je, outré. C’est pas possible ! »

Mon interlocuteur ricana encore une fois en me voyant.

« Quelle brillante analyse ! Tout cela est bien réel, tout comme ce que je te dis ! Maintenant, je t’ordonne de me libérer sur le champ !

— Non, répondis-je d'un ton ferme malgré la crainte que m’inspirait cet étrange personnage dont l’autorité m’impressionnait. »

Il attendit un instant tandis que, lentement, son rictus disparaissait.

« Non ? répéta-t-il. Tu oses me dire non ?

— Je n'ai pas envie de porter ces chaînes pour vous, ni l'intention de croire qu'un danger arrive et que comme par hasard vous êtes le seul à pouvoir nous sauver ! Et puis on est où, enfin ? Comment ça se fait que je ne puisse plus penser sans que tout résonne dans…

— Peter… murmura alors une voix. »

Pour la cinquième fois, au moins, je sursautai. Je connaissais cette voix. On aurait dit qu’elle avait été apportée par le vent, alors qu'il n'y avait pas de vent du tout ! Elle venait de partout à la fois, comme un écho dont il était impossible d'en déterminer la source. C’était une voix féminine. Je fouillai ma mémoire pour placer un nom sur cette personne et un visage apparut face à moi. Flou, il semblait représenter une jeune femme blonde.

« Peter ! reprit-elle avec plus de force cette fois. Réveille-toi ! »

Je n’arrivais pas à me souvenir qui était cette femme !

Je tournai sur moi-même, intrigué, à la recherche de l'origine de ces paroles. Soudain, je me sentis tiré en arrière, comme traîné par une corde invisible. Je tombai à la renverse, déséquilibré. Cela fut si rapide que, la dernière chose que j’entendis avant de perdre conscience à nouveau, fut :

« Nous reprendrons cette conversation très bientôt, ne crains rien. »

Le réveil fut brutal. Je me redressai tout en inspirant bruyamment une grande bouffée d'air. Mon cœur battait la chamade, comme si j'avais été en apnée pendant plusieurs dizaines de minutes. M'être relevé aussi brusquement ne plut pas à ma tête qui fut prise de vertige. Des mains se posèrent alors sur mon torse et me repoussèrent doucement en arrière contre quelque chose de moelleux que je supposai être un oreiller.

Je me tournai vers la personne qui tentait de me rallonger. C’était une jeune femme, blonde, aux yeux sombres.

« Tout va bien, calme-toi. »

Ma vue redevint nette et je la reconnus enfin. Ce n'était pas la première personne que j'aurais souhaité voir mais c'était rassurant de se retrouver en présence de quelqu'un que je connaissais.

Tessa, ma petite-amie, se pencha pour m'embrasser sur le front.

« Tout va bien, m’assura-t-elle. Je t'ai réveillé parce que tu commençais à trembler et gémir dans ton sommeil. Tu devais être en plein cauchemar. »

Je n'avais pas la force de la repousser. Je me sentais faible comme si je venais de terminer un marathon : vidé de toute énergie, la respiration sifflante et en sueur. J'avais l'étrange impression de me répéter mais je retentais ma chance en lui demandant :

« Où suis-je ?

— À l’hôpital, me répondit-elle. L'hôpital Necker pour être précise. Les secours sont arrivés rapidement après ta chute et t'ont emmené aux urgences sans attendre.

— Ma chute… répétai-je en tentant de me remémorer. »

Tout me revint alors : la migraine, les hurlements, la chute et ma discussion avec l'homme aux yeux dorés dans le décor immaculé… Et sa voix si puissante ! C’était cette même voix qui avait hurlé dans ma tête avant ma chute ! Mais qui était-ce, bon sang ? Je l’entendais hurler dans ma tête pour ensuite le voir enchaîné dans un lieu qui semblait sortir tout droit d’une invention ! Et Dieu sait que j’en avais ! Ce fut à cet instant précis que je compris quelque chose. Quelque chose d’invraisemblable et pourtant…

« Non, c'est impossible… balbutiai-je en écarquillant les yeux.

— Si ! s'exclama Tessa. Tu es tombé dans les escaliers. Tu as sûrement perdu l'équilibre, ça peut arriver à tout le monde !

— Non je ne parlais pas de ça, dis-je en secouant la tête.

— Alors de quoi tu parlais ? demanda-t-elle en haussant les sourcils.

— Euh… Rien. Je suis là depuis combien de temps ? »

À son froncement de sourcils, je devinai qu’elle n’avait pas aimé me voir éviter sa question. Sa voix aussi devint plus sèche :

« Un peu moins de quatre heures. Après ta chute, tu saignais et tremblais comme un épileptique, puis ton cœur s'est arrêté et tu es devenu inerte. »

J’ai mis un moment à comprendre ce qu'elle venait de dire.

« J’ai fait une… crise cardiaque ?! »

Savoir que pendant même un instant, j'avais été comme… mort, fut terrifiant. C’est une sensation que je ne souhaitais à personne de vivre un jour. Ma vie aurait pu s’interrompre d’un seul coup… comme si les trois Parques avaient coupé le fil qui représentait ma vie !

« Oui mais une fille t'a ranimé en te faisant un massage cardiaque. Et ensuite, elle en a profité pour t'embrasser ! »

J’eus du mal à comprendre le sens de ce qu’elle venait de dire. Mon esprit était dans le vague, essayant de faire le point sur la situation et assimilant le fait que je venais de faire une chute qui avait failli me coûter la vie. Je mis donc un moment à remarquer que son ton était devenu venimeux, et encore plus de temps à comprendre ce qu’elle venait d’insinuer.

« Pardon ? m’étouffai-je après plusieurs secondes de latence. Une fille m'a embrassé alors que j'étais en train de mourir ?

— Oui, cette garce en a bien profité !

— Je ne comprends pas pourquoi elle m'aurait… Attends ! Tu veux dire qu'elle m'a fait du bouche à bouche ? Pour me réanimer ?

— C'est la même chose, soupira ma copine en levant les yeux au ciel. Au final elle t'a embrassé ! Le massage cardiaque aurait amplement suffi ! »

Si j'en avais été capable, je me serais emparé de la lampe de chevet soit pour me frapper la tête espérant que tout ceci ne soit qu’un autre cauchemar, soit pour la frapper elle et l’assommer pour de bon. Choix cornélien !

Elle dut sentir ma colère car elle lâcha ma main qu'elle tenait depuis que je m'étais rallongé. J’étais quelqu'un de plutôt calme en général. Pourtant à cet instant précis, j’eus bien du mal à le garder. Je fermai donc les yeux et inspirai doucement avant d’expirer encore plus doucement. Il paraît que cela permet de se détendre. Mais ce ne fut pas très efficace sur moi.

« Tu sais, articulai-je d’une voix irritée, qu'elle m'a probablement sauvé la vie ? Je veux dire, tu es peut-être en école de droit mais tu te rends compte qu'en m’insufflant de l'air par la bouche et en me faisant un massage cardiaque elle m'a permis d’être avec toi, là maintenant ! Ce sont des soins de premier secours, même toi tu dois savoir ça ! »

Ce n'était pas la réponse qu'elle espérait car ses sourcils se froncèrent encore plus. Elle ne semblait pas comprendre à quel point sa remarque était idiote !

« Qu'est-ce-que tu entends par « même toi » ?! s’offusqua-t-elle. Et en plus tu la défends ?! C'est moi qui suis à ton chevet ! C'est moi qui attends depuis près d'une demi-heure que tu te réveilles ! C'est moi ta petite amie je te signale !

— Mais je ne la défends pas, je résume la situation ! Et puis d’ailleurs, je pense qu'on ne se comprend plus. En tout cas moi je ne te comprends plus… »

Ce qui suivit fut à la fois étrange et éprouvant. Je n'avais jamais rompu avec une fille et après avoir tenté en vain de trouver une tournure de phrase assez subtile, je me prononçai plus direct que je ne l’aurais voulu à la manière de Florian.

« Je pense qu'on devrait rompre. »

Simple et efficace, cette phrase eut l'effet escompté. Tout d'abord, Tessa ouvrit la bouche comme si elle venait de voir la plus belle robe de toute sa vie en solde. Puis elle la referma et rougit comme une tomate. Elle était moins jolie tout à coup, on aurait plutôt dit une sorcière en pétard.

« Tu veux rompre avec moi ? s’écria-t-elle en perdant son calme. Personne n'a jamais rompu avec moi !

— Je suppose qu'il y a un début à tout, pas vrai ? »

Une blague à un moment pareil ? Mauvaise idée.

Je n'aurais sûrement pas dû dire cela mais c'était sorti tout seul. Elle se leva en reprenant son sac et son manteau, puis se retourna les yeux débordant de rage avant de foncer vers la porte. Celle-ci s’ouvrit au même instant et Tessa la prit en plein visage. Un infirmier d'une soixantaine d'années, que je connaissais bien, entra : c'était Jean, un soignant que j'avais rencontré en faisant mes stages à l'hôpital.

Lorsqu’il vit Tessa se tenir le nez, titubante, il s’exclama :

« Oh pardon mademoiselle ! Vous n’avez rien ? »

Sans même répondre, Tessa passa à côté de lui telle une tornade. Quelque chose me disait que je ne la reverrai pas de sitôt. Jean la regarda partir, avant de rentrer perplexe.

« J’espère ne pas l’avoir blessé…

— Oh ne t’inquiète pas, le rassurai-je. C’est après moi qu’elle en avait.

— Quelque chose me dit que tu sais parler aux femmes ! En tout cas, je suis rassuré de te revoir éveillé ! Comment te sens-tu, Peter ? D'habitude tu étudies les patients ! Tu as eu une envie subite de voir ce que ça fait d'être dans le lit à leur place ? »

Je lui rendis son sourire en répondant :

« Crois-moi, je m’en serais bien passé ! Et je vais bien… Un peu fatigué mais je me sens déjà mieux.

— Tu as eu de la chance de ne pas avoir de séquelles plus graves, remarqua-t-il en parcourant un dossier qui devait être le mien. Aucun os cassé, aucun traumatisme, seulement des hématomes et une belle cicatrice en haut du crâne qui partira sous peu. Le médecin va sûrement te prescrire beaucoup de repos mais tes résultats d'analyses sont bons. Tu auras sûrement le droit à une échographie et une IRM aussi. »

Il referma le dossier avant d'ajouter :

« En tout cas tu dois avoir une très bonne étoile pour ne rien t'être cassé ! D'après ce qu'on m'a dit, tu as fait une sacrée chute. »

Je hochai la tête tout en songeant que si j'avais une si bonne étoile, je ne me trouverais pas dans un lit hospitalier en train de lui parler. Puis je demandai :

« Jean, Tessa m'a dit que… que mon cœur s'était arrêté après ma chute. C'est vrai ? »

Après quelques instants il répondit, tout sourire effacé.

« Oui. Tu as eu une crise de violents tremblements, sûrement due aux nombreux coups sur la tête. Ton cœur s'est affolé durant la crise et cela a très certainement entraîné son arrêt. Mais ce ne sont que suppositions, je n'affirme rien. Le neurologue et le cardiologue viendront te faire des tests pour vérifier si tout va bien là-dedans. »

Il accompagna ses dernières paroles en désignant mon crâne.

« Mes parents ont été prévenus ? »

— Immédiatement après ton arrivée à l'hôpital. Mais ton état n'étant pas stable, nous leur avons conseillés d'attendre notre appel car même en venant ils n'auraient pas pu te voir. Mais dès que tu es redevenu stable, c'est à dire il y a environ une heure, nous les avons prévenus. Ils devraient arriver d'ici peu de temps. Ton amie, qui vient de partir, est arrivée par hasard pour savoir comment tu allais.

— D'accord, merci beaucoup Jean.

— Tu souhaites boire ou manger quelque chose ? Nous n'avons rien apporté étant donné que nous ne savions pas quand tu te réveillerais mais je peux y aller si tu veux. »

Je lui demandai un peu d'eau mais pas de nourriture. S'il y avait un mythe qui disait vrai, c’était la qualité alimentaire des hôpitaux ! Surtout leurs compotes !

« Bien, répondit-il, je vais te chercher ça alors. Repose-toi en attendant ta famille. »

Il me lança un dernier sourire avant de sortir. Il ferma ensuite la porte derrière lui, me laissant enfin seul avec mes pensées.

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