Chapitre 2

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Je pose le téléphone sur le siège passager, et m’effondre sur le volant. Les larmes coulent toutes seules, je ressens le besoin de crier, comme pour sortir toutes les ondes négatives de ces derniers temps et pour mieux repartir. Je reste comme ça quinze bonnes minutes avant d’avoir l’impression d’être complètement vidée de toute énergie. Je décide ensuite de repartir pour m’arrêter un peu plus loin dans un café. Pour commencer, un bon petit-déj’ avec croissant et jus d’orange me feront du bien. Je m’installe et fouille dans mon sac à la recherche de mon porte-monnaie. Je tombe alors sur un cahier acheté il y a quelques mois, avec pour message inscrit sur la couverture « Quand partons-nous vers le bonheur ? ». Je souris d’un air ironique et les yeux embuées, je cherche alors mon stylo pour y inscrire quelques mots.

19 juin, où le premier jour du reste de ma vie. Ce jour où plus rien ne sera pareil, ce jour où je dois prendre le temps de me poser, de réfléchir, de faire du tri…

Depuis quelque temps déjà, je pensais à mettre en mots mes doutes, mes interrogations, mes douleurs, mes espoirs. C’est pour cela que j’avais acheté ce cahier, mais je n’étais pas encore prête et il était resté vierge. Finalement, à force de laisser les choses se faire, ou se défaire, de faire traîner, on n’avance à rien. Et un beau jour on en est là. Face à un mur, face à des pages blanches, sans trop savoir vraiment par où commencer.

Écrire, poser les mots, c’est ce qui m’aidera. Garder une trace de ce que je veux, et ce que je ne veux plus, pour pouvoir m’y référer si des doutes s’installent à nouveau. Laisser mes émotions, qu’elles soient positives ou négatives, noircir ce cahier. Inscrire mes rêves et mes envies. Laisser derrière moi les poids qui m’empêchent d’avancer.

Je me sens déterminée, prête, à ne prendre que le positif pour me ressourcer et me reconstruire seule. Vivre et enfin, profiter de la vie.

Je regarde la carte et fais vite mon choix. En parallèle, je note sur mon cahier un peu tout et n’importe quoi, je ferai

le tri plus tard. En attendant, ça m’amuse bien de noter en première position de « Ma liste vers le bonheur » mon petit déj’ idéal. Je prends commande et réfléchis à quoi inscrire sur le restant de ma liste.

1. Mon petit-déjeuner idéal :

Latte Macchiato Caramel

Jus d’orange pressée

Muffin salé : oeuf, tomme, bacon

Croissant pur pur beurre !!

2. Partir sur un coup de tête vers une destination inconnue, pourvu qu’il y ait… LA MER !

3. Marcher, me balader…

4…

La serveuse m’apporte mon copieux repas et me souhaite bon appétit. Je la remercie et prends sans réfléchir le jus de fruits, « Ça purifie et ça ouvre le chemin pour le reste » me disait ma grand-mère. Je le déguste tranquillement en souriant à ce souvenir. Mais bon, ce n’est pas le tout, qu’est-ce que je vais faire après mon petit-déj, ou plutôt mon brunch… Je sors mon portable et tape dans l’application GPS la ville où je me trouve. J’ai fait sans m’en rendre compte trente-cinq kilomètres vers l’ouest. Ce qui fait que d’ici une petite heure, je pourrais être à la mer… Je repère deux trois villes, et recherche sur mon téléphone un hébergement pour la nuit. Une superbe villa à cinq cent euros la nuit ? Un mobil-home pour une semaine pour cent vingt euros… Tentant mais non, je dois être rentrée mercredi soir pour reprendre le boulot le lendemain. Un petit studio à cinq minutes de la plage, quatre-vingt euros pour cinq jours/quatre nuits… Parfait ça !!! Je ne cherche pas plus loin et valide ma réservation. Mon sourire revient peu à peu et s’agrandit au fur et à mesure que j’avance dans ma liste.

Je finis mon petit-déjeuner tranquillement et je me rends compte qu’il est déjà bientôt midi et que la mer m’attend ! Je reprends la route aussitôt et augmente le volume de la musique. Je chante, je crie, je ris toute seule face à ma bêtise, mais qu’est-ce que ça fait du bien !!!

Une heure et quinze minutes plus tard, je me gare dans une petite ruelle après avoir tourné et retourné à la recherche d’une place. J’entends les mouettes piailler, le sable fin ne devrait pas être si loin. J’active le GPS de mon téléphone et suis à la lettre les indications… Cinq bonnes minutes plus tard, j’aperçois un fond bleu au bout d’une rue, je coupe le téléphone, le range et accélère le pas. Mon sourire s’agrandit encore un peu plus, j’en ai les zygomatiques qui commencent à tirer !

J’arrive enfin devant le bord de mer, toutes les tensions se relâchent et à ce moment je ne peux pas être plus heureuse. Le soleil sur ma peau, les vagues déchaînées, la beauté des couleurs ; le bleu du ciel, la mer légèrement turquoise sur le bord, un peu plus bleu nuit vers l’horizon, un dégradé de beige sur le sable… Je ne pense plus qu’à admirer ce doux spectacle. J’enlève mes chaussures et emprunte l’escalier pour m’approcher encore un peu plus. Comme attirée, j’avance vers les vagues. Chaque pas qui m’en rapproche m’offre un véritable bien-être. Je sens le sable chaud sous mes pieds,

une chaleur qui remonte progressivement le long de mon corps, jusqu’à venir réchauffer mon coeur. Je marche de plus en plus vite, et sans m’en rendre compte je parcours les derniers mètres en courant. Je sens soudain l’eau me rafraîchir, m’arrête quelques instants pour relever mon jean, et continue d’avancer, encore un peu plus. Les pieds dans l’eau, je profite de cet instant magique et marche le long de la plage. Je ne pense à rien, juste à savourer ce petit bonheur. J’observe les gens autour de moi, les sportifs qui font leurs exercices sur la plage, les mamies qui s’entretiennent en marchant dans l’eau, les yogistes qui font l’arbre face à la mer. Tous ont cette impression sur leur visage, d’apaisement. Quelques enfants jouent aux ballons ou construisent le plus beau des châteaux. D’autres jouent à s’arroser au bord de l’eau. L’insouciance sur leurs bouilles, la simplicité et le bonheur.

Après une bonne demi-heure de marche, je m’arrête prendre un café à emporter et m’installe sur la plage.

Assise en tailleur, face à la mer, le vent dans mes cheveux, je ressors mon petit cahier.

4. Faire du Paddle.

5. M’offrir un cocktail et des huîtres.

Je réfléchis à tout ce qui me plaît, ou me plairait, aux choses que je n’ai pas pu faire par manque de temps, ou à cause de ma moitié. Aujourd’hui, je prends conscience que je l’ai perdu, mais bizarrement cela me soulage, je vais pouvoir être moi toute seule, à cent pour cent. Une liberté, un renouveau. Je sais bien que je vais souffrir, que je vais vivre des moments difficiles, que d’ici quelques jours ou quelques semaines, il me manquera. Mais à ce moment précis, hors de question d’y penser, ou de déprimer, la vie est trop belle, et surtout trop courte.


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