Chapitre 1

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Aujourd’hui, je me réveille… Tom est à mes côtés, dans son coin du lit, la couette enroulée autour de lui. Je pose un pied sur le sol et me lève tranquillement tout en m’étirant. Lorsque malencontreusement, je fais tomber un verre posé sur la table de nuit. Je l’entends soupirer et s’enfouir sous la couette.

Merci, je vais bien, je ne me suis pas blessée. Outch. Ça c’était avant d’enfoncer un tesson de verre sous la plante de mon pied droit. Je poursuis mon chemin jusqu’à la salle de bain, retire le morceau de verre, nettoie la plaie et appuie quelques instants pour arrêter l’hémorragie. J’entre dans ma douche et laisse l’eau chaude me réveiller tranquillement et m’apporter le bien-être nécessaire pour affronter cette nouvelle journée. Je me prélasse et prends mon temps, shampoing, gommage, épilation… Je me rince doucement de la tête au pied. En sortant, je manque de glisser sur un caleçon sale. Je me rattrape au lavabo, et l’aperçois au travers du miroir, nu devant la cuvette des WC. Il n’a rien manqué de ma presque chute et soupire une deuxième fois.

— Tom : Je te dis toujours de faire attention et de regarder où tu marches.

— Moi : En même temps si tu ne laissais pas traîner tes affaires à la sortie de la douche...

— Tom : Voilà c’est toujours de ma faute.

Je préfère ne pas répondre et rejoint ma chambre. J’enfile un jean vite fait et un débardeur. Je me dirige vers la cuisine. Je mets la capsule dans la machine et lance mon café. J’en profite pour enfiler des tongs et mes lunettes de soleil et revient lorsqu’il est prêt. J’attrape ma tasse et me dirige sur la terrasse. Je me pose dans un fauteuil, les rayons du soleil pénètrent ma peau. J’allume une cigarette, déguste mon café Lungo et profite de la douceur du matin.

Je me demande ce que je vais pouvoir faire de mon week-end. Ma soeur travaille, mes amies sont parties en vacances… Je ne supporte plus de rester enfermée dans l’appartement, à ne plus savoir quoi faire, ni quoi se dire.

Je veux sortir, me déconnecter, me balader et profiter de la douceur de ce début d’été. Et ne pas juste rester là, à attendre que le temps passe et perdre mon temps. J’ai rencontré Tom il y a six ans, nous étions jeunes, fougueux, toujours à l’affût d’une balade, d’une sortie, de petits weekends improvisés. Depuis un an déjà, il s’est transformé en Monsieur Pantouflard. Pourquoi aller boire un café dehors alors qu’il y en a à la maison ? Le week-end c’est fait pour se reposer de la semaine, pourquoi bouger ? Pas le temps de partir en week-end avec le bricolage qu’il y a à faire… Autant vous dire, que plus les weekends passent, plus je bouillonne… J’ai l’impression de passer à côté de plein de choses et au final les clous et le marteau prennent la poussière dans le placard. Et que ce soit le soir, ou le week-end, le dialogue se restreint à : qu’est ce qu’on mange ? T’as pas vu ma chemise rayée ? J’ai tenté plusieurs fois de lui expliquer que j’avais l’impression qu’on s’éloignait, qu’on ne discutait plus comme avant, qu’on ne partageait plus grand-chose. Ou encore, qu’il ne prêtait plus attention à moi comme avant

et que les contacts physiques se limitaient à une séance de sexe, lorsque l’un ou l’autre ne tenait plus… Un jour, il m’a répondu « je suppose que c’est normal après tant d’années, tu n’as pas vu la télécommande ? ». Ce jour-là, j’ai été partagée entre une envie de pleurer et une colère intense, jusqu’à m’imaginer en train de l’assommer avec la télécommande ! Mais non, j’ai pris sur moi et sans envenimer les chose, je suis sortie me balader seule.

Une ombre passe devant moi et me sort de mes pensées. Tom s’installe à côté de moi et me dit :

— Tom : T’as besoin de la voiture aujourd’hui ?

— Moi : Oui je vais sûrement bouger un peu, tu en as besoin quand ?

—Tom : Je pensais aller rendre visite à mon frère, peut-être même rester jusqu’à demain.

— Moi : Depuis quand tu peux, et là je te cite, « l’encadrer plus d’une heure » ?

— Tom: On s’est rapproché depuis quelques temps.

— Moi : Ah oui ? Tant mieux alors. Tu devrais penser aussi à arrêter de t’éloigner de ton couple.

— Tom : Ah non, ça ne va pas recommencer. On vit ensemble, on se voit tous les jours, que te faut-il de plus ?

— Moi : Et c’est pour cette raison qu’on doit plus se parler ? Ne plus rien faire ensemble ?

— Tom : Mais arrêtes un peu ! On discute, regardes là...

— Moi : Tu te fous de moi ?!

— Tom : Mais non, arrêtes de prendre la mouche ! Bon je t’écoute, de quoi tu veux parler ?

— Moi : Laisses tomber !

La sonnerie de son téléphone, posé juste à côté de ma tasse, finit par couper le silence et la tension qui règnent sur la terrasse. Machinalement, je jette un coup d’oeil à l’écran et m’étrangle en voyant le message de « Elsa <3 » apparaître « Alors Choupinou tu viens ou pas ? ». Je sens la panique l’envahir et le vois devenir blanc comme un linge. Je sens les larmes monter mais je ne veux pas lui faire le plaisir de craquer devant lui. Je reste le plus neutre et le plus calme possible tandis qu’il tente de me baratiner.

— Tom : Ce n’est pas ce que tu crois…

— Moi : Ah bon et qu’est-ce que je crois ?

— Tom : Je ne t’ai pas trompé.

— Moi : Non, mais visiblement tu t’apprêtais à le faire, plutôt le refaire.

— Tom : Je me suis senti perdu c’est vrai, je l’ai recroisé, on a bu un café…

— Moi : OK. Réponds-lui.

— Tom : Quoi ?

— Moi : Tu lui réponds : Non, je ne viens pas.

Il s’exécute à contrecoeur et je surveille la réponse qui met moins de dix secondes à arriver « Ah, moi qui pensais que mon baiser ne t’avait pas laissé indifférent ».

— Moi : Voilà qui est plus clair. Bon, pour répondre à ta question initiale, oui je vais avoir besoin de la voiture. Tu n’auras qu’à lui dire de passer te prendre.

— Tom : Non arrêtes, je ne vais pas y aller, restes.

— Moi : Certainement pas. Je me prends la tête depuis des mois à essayer de ne pas mettre six ans aux oubliettes, mais finalement je m’aperçois que c’était

peine perdue. Tu nous aurais économisé du temps si tu étais retourné avec elle il y a trois ans.

— Tom : Ne dis pas ça, elle sait comment me faire vriller, elle sait que j’aime sentir que je plais et elle en joue.

— Moi : Peut-être, mais tu te fais avoir à chaque fois. J’ai pardonné une fois, mais pas deux. Je viendrais récupérer mes affaires la semaine prochaine.

— Tom : Non reste, je m’en fous d’elle. Je vais la bloquer, je te promets de ne plus la revoir. S’il te plaît ?!

Je sens que je suis au bord des larmes, que je vais craquer. Je rentre le plus vite possible dans l’appartement et attrape une valise. Je balance des vêtements, des livres, mes bijoux, mon nécessaire de toilette et prends un sac pour les chaussures. Trente minutes plus tard, sans un au revoir, je m’éclipse. Je monte dans la voiture et je démarre en trombe. Je roule, un peu trop vite, alors je ralentis. Je ne fais pas attention aux panneaux. Je suis comme sur une autre planète, incapable de réfléchir, incapable de pleurer.

Vingt minutes plus tard, je m’arrête quelques instants sur le bas-côté pour réfléchir. Je ne sais pas où aller. Je sors mon téléphone, j’ai cinq appels en absence de Tom et dix messages, j’efface toutes les notifications et envoie un message groupé à ma soeur et mes amies : « C’est fini avec Tom, mais ça va je tiens le coup. Besoin de prendre un peu l’air, je pars quelques jours… Ne vous inquiétez pas je vous donnerai des nouvelles. Je prends la route, on s’appellera plus tard. Bisous ».

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