Les renards

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Les renards

Logan

Il était dix heures et quart lorsque je fis une constatation affligeante, mon cahier de littérature ressemblait fortement à la ville de mon enfance. Chaque centimètre, autrefois impeccablement immaculé, était désormais recouvert de petites taches d’encre aussi noires que ses crimes, de ratures aussi définitives que la mort et de morceaux de phrases ayant à peu près autant de sens que l’ensemble de nos découvertes. J’allais le fermer, de manière à faire disparaitre de ma vue ce constat peu glorieux lorsque la professeur, un chignon roux aussi équilibré que la tour de Pise s’agitant au sommet du crâne, annonça un nouveau projet qui me sembla-t-il allait être bien plus intéressant que les exercices de récitation :

« Pour la semaine prochaine, j’aimerais que vous vous intéressiez à la vie d’un auteur que vous allez piocher au hasard. »

Elle sortit de derrière son bureau une très vieille boite de chocolats suisses dont l’odeur avait persisté, je n’en sortis pourtant qu’un fragile morceau de papier.

Rimbaud.

Cinq doigts aux ongles vernis de noirs vinrent interrompre mes pensées en attrapant le morceau de papier.

« Rimbaud ! Voilà qui peut être intéressant » me glissa Athénaïs depuis le dernier rang. Visiblement nous ferons équipe une fois de plus.

La cloche sonna quelques instants plus tard me laissant à nouveau seul avec mes pensées. La nuit avait été longue. Je n’avais pas pu fermer l’œil, ressassent en boucle dans mon esprit les objets de la malle. Je les avais déjà vu ces couteaux et ces bottes me parlaient. Je refusais dit penser, éloignant l’idée désagréable qui suivait. Depuis plusieurs jours j’avais l’impression d’être observée, mais avec ces révélations mes pires théories devenaient réalité, celle que je n’avais pas soufflée à Athénaïs, celle que je n’osais réellement m’avouer. C’est quelques secondes avant d’entrer dans la salle de mathématiques que je décidais d’en avoir le cœur net, filant sans demander mon reste en dehors du lycée.

Je traversais la ville à grands pas, jusqu’à atteindre l’orée de la forêt. Direction Nord après le dernier chêne. Il avait plu la veille et mes chaussures s’enfonçaient dangereusement dans la boue manquant de me faire tomber plusieurs fois. C’est probablement pour cette raison que je ne les vis pas arriver.

Quelques secondes plus tard, j’avais un sac recouvrant mon visage et m’empêchant de hurler.

Devenir un saucisson n’était clairement pas dans mes plans, mais que voulez-vous, il faut faire avec ce que la vie nous donne . Cela faisait environ un quart d’heure que l’on me promenait sur l’épaule de ce qui s’apparentait à un demi-géant et cela ne me faisait vraiment plus rire.

Le sac en jute frottait mon visage violemment et mes jambes pendaient lamentablement dans le vide.

Les voix étouffées autour de moi m’informèrent que mes agresseurs étaient nombreux, mais ne me préviens de la chute que je fis contre un tronc d’arbre. Je sentis la totalité de mes vertèbres vibrée et lorsque l’on me rendit enfin la vue, je mis plusieurs secondes a distinguer quoi que ceux soit.

J’étais au milieu de la forêt des pins, celle derrière la maison de Nina. L’ironie d’avoir été kidnappée vers l’endroit exact où je comptais me rendre me fit sourire malgré moi dans un élan de sarcasme.

— Qu’est-ce qui te fait marrer comme ça ?

Daphnée.

Un mètre quatre-vingt-cinq, des cheveux aussi bruns que les miens et un sourire à effrayer n’importe quel psychopathe.

— Salut la cousine !

— Je peux savoir ce que tu fous ici ? Tu connais les règles.

— Tu sais très bien pourquoi je suis là sinon tu m’aurais pas fait suivre pendant des semaines…

Je sus que j’avais bien deviné lorsqu’elle fit un signe de la main à ces compagnons pour qu’ils s’éloignent.

— On a retrouvé des couteaux et des bottes assez similaires a celle de tes potes chez Nina hier soir. C’était un renard ?

Elle hocha la tête avant de s’assoir à côté de moi.

— T’es bien culotté de venir jusqu’ici. Famille ou non, soit tu t’engages soit tu dégages.

— Je connais la règle et tu sais que je ne crois pas à vos pratiques, mais si Nina à un quelconque rapport avec ton culte. Tu ferais mieux de me le dire rapidement.

— Les renards sont des protecteurs, pas un culte. Oui, si tu veux savoir, Nina faisait partie des nôtres depuis quelque temps. Elle avait peur, on lui a appris à se défendre. Visiblement cela n’a pas suffi.

— Peur de quoi ?

— J’ai jamais vraiment su. Mais je l’ai vue monter des gardes seules près de chez le médecin du village.

— Dr Songy ?

— Oui, je ne sais pas exactement qu’elles étaient leurs passés, c’est pas un truc qu’on demande. Mais si tu veux des infos c’est par là que je commencerais.

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