La malle

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Maïa était blottie dans sa couverture, les yeux encore fermés elle écoutait les sons de la nature qui s’éveillait petit à petit. Les oiseaux qui discutaient au loin, les bruits des vagues qui s’échouaient à intervalles réguliers sur le sable, le bruissement du vent dans les arbres, la mélodie de l’eau qui bout sur le feu à quelques pas de la camionnette. Bientôt l’odeur café chaud viendrai chatouiller ses narines et William, endormit un peu plus loin, l’aiderai à descendre de leurs humbles refuges mobiles pour rejoindre leurs amis autour d’un petit-déjeuner. L’esprit de Maïa divaguait encore quelques instants, elle rêvait d’avenir pour elle et tous ces camarades mais avec un pincement au cœur en pensant à toutes ces fois ou elle parlait avec Nina. Toutes ces histoires qu’elles s’étaient racontées, tant de rêves qu’elles avaient conservés dans leurs carnets. Enfants, elles passaient des heures à imaginer ce qu’elles deviendraient, quels métiers elles feraient qui serait leurs amoureux, leurs maisons ; leurs voyages elles écrivaient tout cela dans des carnets recouverts de mille dessins, photos, couleurs et rêveries qu’elles cachaient dans l’immense malle rangée sous le lit de Nina....

La Malle ! pensa-t-elle. Cet énorme coffre abimé par une existante plus longue que la leur, renfermait tous les secrets de Nina depuis ces premiers mots et peut être jusqu’a sont dernier souffle.... Cela faisait des années qu’elle ne l’avait pas vue mais Nina y était bien trop attachée pour l’avoir vendue.

— William ! souffla-t-elle Psss ! William, j’ai une idée !

— Hum ?? Hein ? Quelle heure est-il ?

— Aucune idée, tu te souviens de la malle chez Nina ?

— Quoi ? … oui, sûrement, qu’est-ce qui se passe ?

— Elle y cachait tous ces secrets enfants, si elle voulait qu’on sache ce qui lui était arrivé c’est sûrement là qu’elle l’aurait cachée.

Il se releva, l’air peut réveiller mais définitivement intrigué.

— C’est du moins une piste à explorer pour sûr…

— Faut qu’on prévienne les autres.

À quelques mètres de la camionnette vert bouteille dans laquelle dormait William et Maïa ce tenait la petite tente d’Athénaïs, celle-ci était déjà réveillée depuis un moment, la nuit avait été courte peuplée de créatures aux visages glacés, de hurlement indescriptible et de sifflement violent comme des coups de feu. Elle s’apprêtait à rejoindre Logan, qui préparait le petit-déjeuner quand en refermant un peu violemment sa valise il tomba de la doublure une petite photo ; sorte de polaroïd froissé et délavé représentant trois adolescents au moins dix ans avant sa naissance. Sûrement un souvenir de sa mère qui s’était perdue, elle n’y prêtât pas plus attention et la glissa dans la poche arrière de son jean avant de sortir de la tente. William et Maïa venaient de sortir.

Athénaïs

À peine rentrés du week-end, nous sautions de la camionnette pour frapper vigoureusement à la grande porte d’entrée du manoir des Stephen. À cette heure seule Luna était au domicile, c’est elle qui nous ouvrit.

— Hey ! Qu’est-ce qui vous amène ?

— La malle de Nina, ça te parle ?

— Sa malle à secrets ? Bien sûr, elle m’a toujours empêché d’y toucher.

Elle eut une seconde de réalisation avant de comprendre la raison de notre venue.

— Vous pensez qu’elle pourrait toujours contenir des secrets ?

— Aucune idée répondit William mais ça vaut le coup de regarder, on ne l’a pas vue depuis des années.

Après un passage rapide dans la chambre de Nina il fut évident que la malle ne faisait plus partie du décor depuis un moment. Le manoir possédait une multitude de petits salons, sans véritables utilités, dont nous firent le tour sans la moindre trace de la légendaire malle de bois apparemment décoré de stickers décolorés comme nous la décrivit Maïa. C’est finalement au grenier que nous la trouvions.

Ma première note fut pour la très fine couche de poussière qui la recouvrait, détonnant étrangement avec le reste de la pièce aux moutons aussi gros que mes paumes. Nina n’avait probablement pas abandonné cette malle longtemps avant sa mort. Ma seconde note fut plus sensitive, une fois de plus, sans véritable explication ma peau se mit à frémir et un sentiment d’angoisse et de peur qui ne m’appartenait pas s’inséra dans mon esprit. Quelque chose quelque part me dit que Nina n’a pas arrêté de cacher ses secrets ici.

Ce fut Logan qui vient à bout de la serrure du coffre et non sans sentiment d’entrer dans l’intimité d’autrui, il en souleva le couvercle nous laissant ébahit devant son contenu aussi étrange qu’écliptique. Sous nos yeux s’entassaient robes déchirées, livres divers, couteaux arrondis par l’usage, harnais et bottes en tout genre. Mais notre attention fut essentiellement portée sur le large fusil qui trônait au-dessus.

— Wooh fit Logan. Il y avait marqué serialkiller sur notre fiche pour Nina ?

— Nop répondit-je, mais je crois qu’on peut définitivement ajouter la mention « impliquée dans des affaires douteuses »

Maïa commença à détailler le contenu de la boîte : livres d’autodéfenses, de survie dans la forêt, de mythologie ? Je l’arrêtais soumettant l’idée qu’il faudrait sûrement mieux remettre tout ceci à la police.

Si Nina avait réellement été mêlée dans une affaire louche cela pouvait au moins les pousser à réexaminer la théorie du suicide vers un règlement de compte, voire une histoire bien plus ancienne et sombre comme mon intuition ne cessait de me le hurler.

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