La psychopathe dans le placard

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Je fis parcourir mes doigts sur le papier du journal posé sur mon bureau.

J’allais frapper un grand coup, c’était certain. Depuis toute petite, j’aime passer du temps à écouter les gens parler, observer leurs comportements les uns avec les autres. Je suis curieuse, analyser chaque détail de mon univers est chez moi aussi naturel que de respirer.

Ma mère dirait que c’est un vilain défaut, mais je me préoccupe peu de ce que pense ma mère. Cette habitude me permet de reste saine d’esprit, je comprends assez vite comme réagissent les gens qui m’entourent. À dix ans, j’en ai conclu que ma mère était le genre de personne qui n’aurait pas dû avoir d’enfants, sa capacité à être capable de croire en rien ni personne n’est pas réellement l’ambiance dans laquelle quiconque aimerait grandir.

Elle m’avait formellement interdit à mon entrée au lycée de participer à une quelconque organisation aussi minime soit telle, car cela pourrait me déconcentrer dans mes études et rien ne devait m’empêcher de réaliser la grande carrière respectable que mon nom de famille exigeait.

À l’époque, j’essayais de m’intégrer au milieu de toute cette foule d’adolescents, je voulais tirer mon épingle du jeu, me faire remarquer par des personnes influentes pour qu’on sache qui je suis. Je crois que comme n’importe quel gamin, j’avais besoin de reconnaissance.

Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre que celle-ci était aussi éphémère que la neige des pays du Sud et inutile que le pansement sur une plaie ouverte. Faute de reconnaissance et d’amitié profonde, j’ai accepté que l’on soit tous oublier un jour ou l’autre et me suis fondue dans la masse.

En réalité, comme la majeure partie des élèves ici, je ne trouve pas ça si désagréable. Comme tous ceux qui veulent juste en finir avec leurs années d’études pour commencer la vraie vie, ceux qui se disent que ça ne va pas durer éternellement et ceux qui attendent que ça passe loin des rumeurs, des paillettes et des soirées auxquels ils ne sont de toute manière jamais invités.

De mon côté j’ai ressuscité le journal du lycée, c’est ma plus grande fierté. Mon père est le directeur du lycée et lorsqu’il n’est pas d’accord avec ma mère il fait systématiquement ce qu’elle déteste le plus, la contredire.

Il m’a donc donné les clés du journal qui prenait la poussière depuis les années soixante-dix.

C’est devenu mon domaine à moi, ce petit cagibi exigu rempli de vieux cartons, d’un ordinateur préhistorique et d’un bureau branlant.

Hier j’ai signé un de mes meilleurs articles. J’avais lancé une enquête, il y a quelques jours, sur les affaires de disparitions dans les casiers entre les cours. Après quelques recherches et investigations, j’ai trouvé la bande d’imbéciles qui revendaient tout ce qu’ils trouvaient derrière le gymnase.

Une fois mon papier rédiger, je l’ai l’envoyer au club infographisme qui m’ont fait une mise en pages du tonnerre (ainsi qu’un double à la direction pour punir les abrutis).

Le journal était bel et bien relancé, il occupait depuis le premier numéro la quasi-totalité des discussions mais personne n’en connaitrait l’auteur.

On peut dire que j’adore les mystères, mais mieux que ça, j’aime rendre justice anonymement, ça doit être mon côté superhéroïne masquée. Je rigole, je suis loin d’être une superhéroïne, je suis plutôt la fille étrange planquée dans un placard qui observe les gens en silence, mouais plutôt une psychopathe en fait.

Une fois mon travail terminé, j’attrape le journal de la commune qui trônait dans un coin de la pièce. Il est sorti ce matin, mais je n’ai guère eu le temps de le lire. Le sujet principal du jour me sauta alors aux yeux, la mort de Nina Stephens. Si le journaliste évoquait la piste du suicide qui semblait être privilégiée par les enquêteurs et renforcer l’arme retrouvée près du corps. Je n’y crûs point.

Je connaissais Nina, tout le lycée la connaissait et la théorie qui tournait dans mon esprit m’apparut bien trop étrange pour ne pas être étudiée. Ce n’est pas la première jeune fille qui meurt dans cette ville et les mystères m’obsèdent, pour rien au moins j’accepterais une idée évidente sans enquêter.

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