Le contrôle 

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LE LENDEMAIN

Il devait être huit heures du matin quand ma voiture pénétra dans l’enceinte du parking. Assise sur mon siège, à tenter de calmer mon mal de tête, je ne cessais de me demander pourquoi j’avais accepté de suivre des cours à l’université. En vérité, je savais très bien : c’est elle qui me l’a demandé. Je ne pouvais rien lui refuser à mon plus grand désarroi et à sa plus grande joie. Si elle savait ce que j’étais en train de devenir…

Mes pensées matinales furent très vites interrompues par ma camarade - puis-je l’appeler mon amie ? Je n’en sais rien - qui prit place près de moi sur le siège passager. Elle s’appelait Rose et était le type d’être humain qui, en un sourire, pouvait vous faire oublier vos malheurs. Elle était également très bavarde, ce qui était loin d’être mon cas, d’autant plus à une heure si matinale.

  • Tu comprends, ça ne fait qu’un mois et demi qu’on sort ensemble et je ne sais pas si je dois sauter le pas, racontait-elle pendant que nous marchions dans les couloirs.
  • En as-tu envie? demandai-je.
  • Bien sûr! s'exclama-t-elle comme si c’était aussi évident que deux plus deux est égal quatre. Il est si attirant, si je pouvais, je le mangerais comme les gâteaux de chez Emma.
  • Alors qu’est ce qui t’en empêche ?
  • De le manger? interrogea-t-elle avec un sourire.
  • Mais non, idiote, de coucher avec lui.

Elle ne répondit pas. Non pas qu'elle n'avait aucun argument mais parce qu’elle savait en son for intérieur qu’ils n’étaient pas valables.

12h30

L’heure du repas avait enfin sonné. C’était donc avec un réel sourire que je me dirigeai vers le snack favori de mon amie Louise.

- Comment va mon bonbon ?

Louise m'appelais son « bonbon » depuis aussi loin que ma mémoire défaillante puisse remonter. J’ai les yeux couleur menthe à l’eau, ça l’a faisais donc mourir de rire de m’appeler comme cela. Elle me disait souvent que j'étais aussi douce qu’un bonbon acide. Une fois, elle avait même tenté de me croquer, sans succès fort heureusement. Louise était surement une des seules personnes dans ce monde que je respectais et que j'aimais sincèrement. Elle était à mes côtés depuis que j'étais enfant et, pour moi, elle avait tout quitté. Elle a déménagé avec moi quand je n’ai pas eu d’autre choix que de partir.

On s’installa à une table près de la sortie parce qu’elle a toujours eu peur qu’un incendie se déclenche et qu’on n'ait pas le temps de sortir : une phobie survenue suite à un épisode des simpsons.

  • Alors, qu’as-tu fais hier soir ?
  • La même chose que tous les soirs depuis deux semaines, répondis-je en tentant un rire, qui sonna plus comme une toux qu'un son mélodieux
  • Tu m’emmèneras un soir ?
  • Non.

La froideur de ma réponse lui fit quelque peu perdre le sourire, alors je caressai sa main et lui dis :

  • Comprends-moi... c’est le seul endroit où je peux être seule, c’est reposant comme ambiance.

Sans rien ajouter, elle plongea son regard dans le mien. Je savais qu’elle s’inquiétait pour moi, elle s’inquiétait toujours pour tout le monde mais il faut avouer que je lui donnais plus de fil à retordre que les autres. Pourtant, elle ne dirait jamais un mot pour me faire sentir le poids que je lui infligeais.

  • Alors, avec Dimitris? me demanda-t-elle.
  • Je crois que je m’ennuie avec lui, tout est trop calme, trop plat. Même sa façon de faire l’amour est ennuyeuse.
  • C’est bête. Ça avait pourtant l’air d’être un mec bien, dit-elle en buvant sa tasse de café et en avalant un bout de son sandwich.
  • Il l’est. Mais généralement l’un ne va pas sans l’autre. Tu sais, c’est comme cette expression horrible : « Mec gentil » rime avec « ami » ou un truc dans le genre, répondis-je tristement, ça m’embêtait de ressentir ça.

Elle m’avait conseillée d’avoir une discussion avec lui. Louise et sa fameuse carte de la communication qu’elle me sortait chaque fois qu’elle en avait l’occasion. Mais Dimitris était très occupé. Il était plus jeune que moi d’un an et demi et il devait bosser pour le bac. D’ailleurs, si je laissais mon esprit empoté réfléchir, il me semblait être toujours sortie avec des hommes plus jeunes que moi d’environ un an. Il faut croire que ça m’attire. Non pas que ça soit la juvénilité qui m’attire mais plutôt le contrôle. Lorsque l'on est supérieur en âge, même d’un écart aussi petit, on sent comme une forme de dominance. Le contrôle c’est attirant.

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