La respiration saccadée je rebouche mon stylo et ferme ce qui est devenu une sorte de journal intime. Poser sur un papier ce que je ressens m'a fait un bien fou, mais je ne sais pas si je recommencerais ce geste.

Le jeudi arriva rapidement, puisque le lendemain de l'altercation avec mon père, mes parents avaient continué leurs disputes sans se soucier de moi, à croire que j'ai rêvé ce moment où j'ai enfin dit ce que j'avais sur le coeur.

Pour être sûr de ne pas avoir rêvé, j'ouvre mon tiroir et en sort mon "journal intime". Je lis des petits morceaux de la page du lundi 20 juillet, mon regard se porte sur ces mots écrit à l'encre noire et sur la page d'à côté on y voit des petites tâches qui sont sûrement des larmes. Ce soir-là, je me suis réellement lâché sur mes sentiments tant en pleurant qu'en écrivant.

Après ma petite vérification je me prépare pour aller chez Ashley. Je porte une combi-short bleue qui laisse mes épaules nues, accompagné d'une paire de sandalettes dorées. Je descends les marches sans me dépêcher puisque mes parents sont à leur travail, et qu'ils ne rentreront que demain à cause d'un voyage d'affaires dans leur entreprise. Je l'ai appris en fouillant l'agenda de ma mère, sinon ils ne me l'auraie jamais dit et je l'aurais su en ne les voyant pas rentrer.

Je regarde mon téléphone et remarque que j'ai une dizaine de message d'Ashley. Ma veste en jean à la main je descends les escaliers en courant comme je le faisais avec Alicia et Arthur quand tout allait bien. Au moment d'ouvrir la porte je me prends un sac à main en pleine face.

-Bianca tu es pire que ma tante Josline, tout le temps en retard s'énerve t-elle. Bon dépêche-toi on ne fait pas attendre Quentin, qui est potentiellement mon futur copain.

-Salut à toi aussi Ashley, oui je vais bien et toi merci de me le demander lui dis-je avec sarcasme.

-Oh c'est bon, on ne va pas perdre du temps avec ces futilités. Non mais je rêve, tu ne comptes quand même pas venir à la fête habillée comme ça me demande t-elle le regard dégoûté. Ce n'est pas que j'aime pas ce que tu portes, c'est juste que ce n'est pas approprié pour une soirée.

Après cette petite bourrade de la part de ma meilleure amie, nous marchons jusqu'à sa maison qui se trouve deux rues plus bas. La noirceur de son portail attire directement mon regard, et il en est ainsi depuis que je suis toute petite, ce qui me permettait de savoir que j'étais arrivé. Ashley me chariait à cause de ça, et je ne pouvais rien y faire, c'est comme si quelque chose m'en empêchait.

-Voyons Bianca, ne me dis pas que tu fais encore une fixette sur mon portail, parce que lorsque tu avais 8 ans ça passait, mais faire ça à 15 ans c'est limite flippant. Au lieu de regarder mon portail, viens avec moi ma mère nous attend, et tu la connais, vaut mieux pas la faire attendre me presse t-elle.

Je confirme, ne jamais au grand jamais faire attendre madame Laurent, puisque je vous assure que vous ne voulez pas qu'il vous arrive ce qu'il nous est arrivé. Je me rappelle de ce jour d'été, Ashley et moi étiont encore en train de jouer ensemble quand un bruit dans la clairière attira notre attention, la curiosité étant notre plus grand défaut, nous avons alors suivi le bruit. Après une longue marche à sa recherche, nous avons fini par nous perdre. Ce soir-là, pendant qu'Ashley dormait j'ai rencontré Shaïna, suite à de vains essaies, je me suis rendu à l'évidence que cette chienne était en quelque sorte sauvage et que je ne pourrais pas la ramener chez moi, et j'ai rejoins Ashley qui était réveillée et paniquée. J'épargne les détails, juste que madame Laurent nous a cherché et a même appelé la police. Depuis ce jour, nous avons plus été en retard de peur de revivre une telle expérience.

-Non tu sais très bien que je ne me risquerais pas à faire attendre ta maman, je tiens un minimum à ma vie je te signale et reçevoir une seconde leçon de morale de la part des policiers puis de ta mère je m'en passerais bien lui répondis-je en accélérant le pas vers son immense maison. D'ailleurs je me demandais, est-ce que ta mère est au courant pour la fête?

-Disons que la version que j'ai racontée à mes parents contient une soirée entre amies chez Helie, au cours de laquelle nous regarderons des films d'horreur en mangeant des cochonneries. J'ai bien sûr omis de leur parler de la soirée chez Quentin m'avoue t-elle. Alors quelle est la version que tu as racontée à tes parents?

-Oh un truc dans le genre de ce que t'as dis aux tiens, bref dépêchons-nous de saluer tes parents avant que ta mère n'ameute tout le quartier. Pour la soirée, je veux bien te laisser choisir pour moi, mais sous certaines conditionS précisais-je. Primo pas de décolleté, deuxio des talons s'ils ne sont pas trop haut, et tertio pas de tenue de péripatéticienne s'il te plaît.

Un hurlement de joie suivis tandis que ma meilleure amie faisait une danse de la joie assez bizarre je précise. Elle marmonna ensuite qu'elle me remerciait et acceptait sa mission avec un immense plaisir. Et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à regretter mon choix.

Les robes toutes plus courtes les unes que les autres virevoltent sur son grand lit d'une blancheur d'hôpital, mais je ne suis personne pour juger. Je disais donc que ma "confidente" cherche je ne sais quoi dans son magnifique dressing envahis de robes et de chaussures. Heureusement que sa mère a acceptée tout son bordel d'habit très féminin à condition que l'autre moitié de sa garde-robe soit composée de vêtements choisis par elle, ce qui inclut les gros pull-overs d'hiver, les jeans simples ainsi qu'une bonne paire de basket, ce qu'Ashley déteste porter mais elle ne peut contrer les désires de sa chère maman.

La concerné se retourne vers moi le regard flippant je dois dire, un sourire de psychopathe scotché aux lèvres ainsi qu'une robe rose pâle suspendue sur son bras. Sincèrement,cette robe était incroyable, elle faisait ni sainte ni pétasse, pile ce qu'il me fallait pour cette soirée. Le bustier était tenu par une bretelle sur l'épaule droite, et le bas de la robe composée de tissu fin rose pâle avec un peu de dentelles sur les côtés.

-Alors ma belle, tu en penses quoi de la robe que je t'ai choisis, et t'as pas intérêt de dire qu'elle est trop courte ou je ne sais quoi encore, tu m'as laissé le choix de ta tenue. C'est celle-là que je veux que tu portes, alors tu la mettras débite t-elle à toute vitesse sans me laisser en placer une.

-D'abord merci, puis s'il te plaît laisse moi te répondre quand tu me parles au lieu d'enchaîner les questions. Alors pour la robe, j'adore littéralement elle me correspond parfaitement tout en étant magnifique. Bon maintenant passons au reste de la tenue, Ashley transforme-moi, je veux être méconnaissable m'extasiais-je en sautillant.

-Tes désirs sont des ordres braille t-elle en s'inclinant vers le sol en faisant en sorte de "révérence", puis elle sortit de sa chambre pour aller chercher sa trousse de maquillage.

J'entends alors un bruit venant de la chambre d'à côté, je me lève et avance lentement vers la source de ce bruit. Mes pas me mènent à la chambre du frère d'Ashley qui est en train de jouer de la guitare, et malheureusement pour moi, il ne fait pas partie de ces garçons qui jouent divinement bien de la guitare au point d'en envoûter plus d'une. Non, Antoine lui ne sais pas jouer un seul morceau basique ou accords simples, ce que je sais faire contrairement à lui. Je ne dis pas que je suis une virtuose de la guitare, je me débrouille simplement c'est tout.

-Tiens, tiens, mais ça ne serait pas la meilleure amie de ma petite soeur ça ? s'exclame t-il en me faisant sursauter. Apprends chère Bianca, qu'on n'apprend pas à un singe à faire la grimace, donc n'essaies pas de te la jouer discrète avec moi, je te rappelle que je dirige le journal du lycée. Je sais tout sur tout.