23 – Nevi : La nevian qui rêvait d’un lance-roquette

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Leur première étape : la cantine. Ney est une adorable fille et jamais elle n’aurait laissé l’enfant sans provision aussi longtemps. Il lui est arrivé quelque chose et Nevi jure intérieurement que ce quelque chose aura à répondre. Passant devant avec le vingt-quatre millimètres antichar à l’épaule, la première nevian ne laisse pas le temps à ses camarades pour contester son avancé.

Dégageant d’un coup d’épaule – vive les armures assistées au passage – la plaque d’accès à la section de maintenance, elle repère deux cyborgs en tenu de combat qui avancent prudemment dans la salle du réfectoire. Attends, le mercenaire de droite vient de lui faire un geste ? « Ami » dans leur petit code secret de gentils nevians.

Le mercenaire pointe une direction au hasard et laisse sa coéquipière avancer comme s’il la couvrait. Sans prévenir, il l’abat d’une rafale dans la tête, déchiquetant le casque de la femme et ce qu’il protégeait. Nevi écarquille les yeux sans y croire.

L’homme s’approche d’eux, son arme baissée. Il leur envoie une invitation sur un réseau privé.

« Vous n’avez pas idée à quel point je suis contente de vous voir. Je ne m’y attendais pas. Vous m’avez suivie ? demande le mercenaire.

– Hein ? réplique Zut abasourdi.

– C’est moi Ney ! J’ai eu un… petit problème avec mon enveloppe précédente à cause de… l’ancien propriétaire de celle-ci, répond-elle avec un très large sourire.

– Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

– On va manquer de temps, là, j’ai appelé des « renforts » histoire de garder la couverture et…

– De leur tendre une embuscade, la coupe Nevi. J’aime l’idée.

– D’ailleurs ils approchent. », termine la peluche incarnée dans le mercenaire.

Instinctivement Zut et Scrap se placent hors de vue de l’entrée. D’un bond, Nevi s’accroche au plafond dans un renfoncement, curiosité artistique de l’architecture. Heureusement que ces architectes décorateurs fous ne s’attaquent qu’aux façades et plafonds : s’ils travaillaient autant les sols ce serait bien chiant pour se déplacer voire carrément casse-gueule. En attendant, la couverture en polymères sera toujours utile pour l’effet de surprise. Pour la suite, vaudra mieux ne pas compter dessus.

Le mercenaire déplace rapidement le corps de sa « coéquipière » histoire de rendre la scène légèrement plus crédible. Aucune chance que ça tienne face au premier logiciel de reconstitution venu mais l’escouade en fourrure ne compte pas leur laisser le temps de faire joujou avec de ce genre de chose.

Deux soldats arrivent couvrant de façon professionnelle les angles et approchent de leur camarade supposé. À travers les caméras de surveillance que lui a débloqué Ney, la guerrière observe et attend une ouverture. Ney a commencé à les baratiner et les positionne face aux portes menant à la cuisine les plaçant dans une position particulièrement vulnérable vis-à-vis de l’embuscade des nevians.

Elle rend les choses décidément trop faciles pense la furie dans son mini exosquelette en se décrochant silencieusement du plafond et ouvrant le feu avec son arme surdimensionnée. Quatre balles plus tard elle heurte le mur derrière elle par la faute du recul, mais les munitions supersoniques ont littéralement fait exploser les corps des deux soldats.

Ney la regarde avec des yeux incrédules : « Tu as une idée où tes balles se sont arrêtées ?

– Munitions à faible densité : elles auront pas été plus loin qu’une ou deux cloisons, lui répond-elle amusée.

– Pas d’alerte de dépressurisation, constate l’imposteur soulagée.

– Et maintenant tu nous expliques comment tu t’es retrouvée là-dedans ? demande Scrap avec une impatience palpable.

– J’allais chercher de la bouffe pour Samuel…

– Le gamin dans la salle d’EVA ? coupe Zut.

– Oui, et je me suis fait coincer dans la cuisine par ce Klovizz.

– Dans quel état il t’a mise ? demande à nouveau Scrap.

– La nuque brisée, la trachée en vrac. Ça a coupé l’alimentation. Mais j’ai eu le temps de me brancher à lui et à transférer le nécessaire dans son cervelet cybernétique.

– Tu l’as effacé ? l’interroge Nevi.

– Juste consigné dans son noyau de sauvegarde. Venez, on va chercher ce qui reste de mon corps et on passe reprendre l’enfant.

– Et après ? relance Nevi.

– Je propose de rentrer, on a passé trop de temps ici je pense.

– Je veux dire : tu vas faire quoi de ton « nouveau corps » ? insiste la guerrière.

– On le remettra aux forces de Suan quand on sera rentrés. », termine la technophile exilée.

Le petit groupe traverse les couloirs de l’hôtel se dirigeant vers la chambre où était retenu l’enfant. Sur le lit, « posé en vrac », le corps inanimé de Ney gît à l’abandon. Immédiatement Scrap se rue sur le matelas et commence à examiner la dépouille. Il conclut rapidement : « D’accord, on va pas le laisser là. Mais fais-toi à l’idée que tu ne pourras pas le pas le réutiliser. ».

Ironiquement, Ney prend la peluche dans ses bras et le groupe repart vers la section de maintenance.

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