24 – Feyn : Douceurs

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Le bruit réconfortant de l’aérateur berce ses pensées. Doucement, il revient à la conscience. Ses sens lui indiquent qu’il n’est plus dans sa combinaison. Une masse chaleureuse l’enserre et l’accompagne dans sa lente respiration.

Entrouvrant ses yeux, une lumière ténue et reposante atteint ses yeux. Autour de lui les marqueurs familiers de son vaisseau. Rapidement, il reconnaît l’infirmerie de l’Akasha. Comment est-il revenu à bord ? Une explosion l’avait dramatiquement propulsé au bout de la coursive et l’impact avait pulvérisé sa visière. Sous le choc, amplifié par la très brutale perte de pression, il était passé dans le monde de l’inconscience.

De quelques gestes, il tente d’afficher l’écran de diagnostic réveillant Idle qui veillait sur lui, littéralement. Se frottant les yeux, elle se redresse dans l’environnement sans gravité et l’étreint avec une force surprenante. Il rabat ses mains contre elle et la caresse affectueusement.

Doucement, comme pour préserver la sérénité de l’instant, il demande à l’IA de bord : « Akasha quelle est la situation ? ». La réponse est immédiate : « Commandant, l’Akasha a subi des dégâts légers. L’état du Bearington nous empêche toutefois d’effectuer toute poussée avant une nouvelle inspection et de probables réparations. Notez par ailleurs que nous nous trouvons sur la bordure d’un nuage de débris en expansion résultant de l‘attaque.

– Et les assaillants ? poursuit le raton laveur convalescent.

– Ils ont été détruits, annonce l’IA de la façon la plus neutre qui soit.

– Comment ? s’étonne Feyn.

– Une riposte informatique d’origine inconnue a détourné les deux bombardiers responsables de la première frappe. Les drones ont percuté la frégate d’assaut à une vitesse de presque 20 kilomètres par secondes. D’après les enregistrements thermiques les bombes à bord des appareils ont explosé au moment de l’impact. Il ne reste plus qu’un nuage de débris en expansion dont quelques fragments ont dépassé la vitesse de libération. », explique l’IA, images et enregistrements à l’appui.

Le retournement de situation estomaque le premier officier du vaisseau. Rien à bord du vaisseau n’aurait eu les capacités d’un tel exploit digne des plus grands récits de la campagne martienne.

Du peu qu’en sait Feyn, ces drones sont habituellement pilotés via une connexion cryptée : pour parvenir à en prendre le contrôle il faut soit prendre d’assaut la plateforme les commandant, soit dérober la clé de cryptage. Il existe bien des méthodes pour reconstruire ces clés, mais l’Akasha ne possède certainement pas la puissance de calcul pour y parvenir. Une frégate spécialisée pourrait y parvenir, mais les délais lui semblent court. Finalement, le plus probable reste certainement qu’un allié ait pu saboter l’opération ennemie de l’intérieur.

« Comment suis-je revenu à bord ? », se demande-t-il enfin à mi-voix.

« C’est moi qui suis allée te chercher. », lui répond Idle qui se laisse dériver en arrière pendant que plusieurs bras robotisés de la station médicale commencent un nouvel examen. La peluche blanche continue son explication : « Après l’explosion, j’ai demandé à Akasha de te sauver. Mais ses drones avaient été détruits. Alors elle m’a préparé une combinaison. Je flottais un peu dedans mais ça allait. Je suis allée dehors et j’ai traversé le couloir de connexion. Je t’ai trouvé en train de dériver près de l’énorme brèche qui a déchiré pratiquement tout le vaisseau. Il y avait encore plein de bout de mousse et de… trucs qui volaient dans tous les sens. Je t’ai attrapé et je t’ai tiré vers Akasha. Sans les couleurs c’était plus dur de trouver le chemin, mais elle m’a bien aidé. On a même récupéré le truc cassé que tu tenais encore dans tes mains. »

Le courage ou l’ignorance de la petite impressionne l’astronaute alité. Il se demande pourquoi Akasha a autorisé l’opération : Idle ne figurait normalement pas dans le manifeste de l’équipage, c’est une simple passagère.

« Commandant, j’ai toujours une communication en attente avec l’escorte de Suan. Ils seront avec nous dans une heure. Souhaitez-vous que je vous mette en contacte ? transmet l’IA.

– Oui Akasha. » Puis se tournant vers Idle : « Vous avez bien géré la situation. Tes sœurs vont me faire une tête au carré, mais je suis heureux de t’avoir avec moi. »

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