Chapitre 14

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Le policier m'ouvrit la portière arrière conducteur et m'invita à entrer d'un signe de la main.

Quelle galanterie venant d'un Ranger, j'en suis tout retourné ! dis-je tout bas

Le trajet se déroula en silence. J'avais pour seule distraction la mélodie les essuie-glaces qui se mouvaient en rythme, essayant tant bien que mal d'évacuer l'eau qui s'accumulait sur le parebrise. L'inspecteur resta de marbre Il me jetait simplement quelques coups d'œil rapides, de temps en temps. La tête posée contre la vitre, je regardais les branches des arbres secouées par le vent se balancer dans tous les sens. Je me mis à cogiter : tout me revint en mémoire, pourquoi étions-nous visés ? Nous de simple villageois, une petite famille sans histoire. Qu'avions-nous bien pu faire pour mériter cela ? Ces questions résonnaient dans mon esprit encore et encore me rendant complètement fou, j'avais cette soif incontrôlable de réponse. Je pris l'initiative de contacter mon père pour l'informer de la situation et peut- être qu'il avait sa réponse vis-à-vis de tout ça, un moyen de tout réparer, pour que tout redevienne comme avant. C'était mon vœu le plus cher.

Tout en retirant mon téléphone de ma poche, j'essuyais les fines gouttelettes de pluie qui s'étaient déposées sur celui-ci et en appréhendant le moment où je l'entendrais à nouveau. Cela faisait des semaines que je n'avais pas eu de ces nouvelles, que je n'avais pas entendu sa voix. Même si j'étais habitué à cette situation je pus m'empêcher de ressentir une sorte de trac, je savais que cette fois cela serait diffèrent, avec toutes ces choses que j'avais apprises sur lui, il me devait une explication, une longue discussion était inévitable. Il lui arrivait de disparaître pendant plus d'un mois et de revenir comme si de rien n'était, les bras couverts de cadeaux, pensant remplacer sa présence par de stupides souvenirs acquis pendant ses voyages à l'autre bout du monde. Il était convaincu de nous acheter et se racheter de son absentéisme répété par la même occasion. Ma mère s'était fait une raison, elle pensait faire ce qui était bon pour sa famille et se rassurait en se disant qu'il faisait cela pour notre bien, qu'il contribuait à maintenir à un certain niveau de confort, sans même se douter que c'est d'amour dont nous avions besoin. J'ouvris les contacts et les fit défiler jusqu'à atteindre " papa"

Autour de moi, le temps semblait s'être arrêté j'entendais simplement les battements de mon cœur qui rebondissait contre ma cage thoracique. Je lançai l'appel tout en contrôlant ma respiration qui commençait à me faire faux bond. Je ne fus pas surpris de tomber directement sur sa messagerie. Pour ne pas changer toujours égal à lui-même j'en étais presque même soulagé, je ne pus retenir un sentiment de rage, je laissais volontairement prendre le contrôle de mon esprit. C'en était trop, tout était de sa faute, sans lieu nous aurions une vie bien plus heureuse. Il ne nous avait apporté que des problèmes, c'eétait un lâche ! quel genre d'homme abandonne sa famille pour aller vivre une autre vie loin de la sienne ?

J'enrageais, cédant complètement à mes émotions, j'étais au bord de la rupture, j'allais craquer, mais tout à coup le visage de ma petite sœur me revint en mémoire et me rendit un peu de courage. Je devais me calmer : ce n'était pas le moment de chercher un bouc émissaire. J'allais trouver une solution, je ne savais pas trop comment, mais j'arrangerais les choses. J'inondai le répondeur de Jack de messages, à la différence de mon père, le téléphone de mon ami sonna plusieurs fois avant d'atteindre la messagerie.

Une notification de ma messagerie textuelle m'informa qu'un message m'attendait patiemment dans ma boîte de réception, le texto était de Wendy :

Re, je suis avec ma mère, tu n'imagineras jamais ce qu'elle m'a révélé. Passe nous voir si tu peux, sois prudent, fais attention à toi, et as tu des nouvelles de Jack ? Je n'arrive pas à le joindre depuis qu'il est sorti de chez moi, il y a quelques heure,s c'est vraiment inquiétant, j'espère qu'il ne lui est rien arrivé.

Le message finissait ainsi. Je me mis à angoisser, où était-il passé ? j'espèrai qu'il ne s'était pas fait avoir par ce type. Toute cette haine que j'abritais me faisait perdre la raison. Je l'imaginais déjà adossé à un arbre, une balle dans la tête, au beau milieu de la forêt, avec pour seule compagnie une bande de corbeaux affamés. Je chassai immédiatement cette image de ma tête. On va le retrouver tant fais pas pensais- je me rassurant comme je peux.

L'enquêteur brisa le silence et prit la parole.Cela eut pour effet de me détendre un peu, ce silence et cette atmosphère devenait très pesante.

Les mains fermement cramponnées sur le volant et tout fixant la route, il me dit :

- Tu penses que la personne qui a kidnappé ta sœur, provoqué un incendie et tenté de te tuer puisse être la même personne qui a assassiné ce pauvre homme dont nous ne connaissons toujours pas le nom , n'est-ce pas ?

Cela ressemblait de plus en plus à ces romans policiers que j'affectionnais tant, une disparition inquiétante, un meurtre non élucidé, une épouse en pleurs découvrant le corps de son mari étendu sur le sol dans une mare de sang. Je devais raisonner comme un policer et compartimenter mes émotions, ne penser qu'à cette affaire, ne laissant aucun élément extérieur parasiter mes raisonnements. Plusieurs théories me traversèrent l'esprit, cette personne a-t-elle organisé tout ceci dans le but de nous extirper de l'argent ? Et dans la panique avait pourfendu le vieil homme ayant peur qu'il alerte les autorités au sujet de l'enlèvement ? Ou encore Doug avait-il un lien avec notre famille ? Savait-il quelque chose qui le mettait en danger ? Le kidnappeur avait-il des comptes à régler avec notre famille dans le seul but de nous voir souffrir ? Mais dans ce cas, pourquoi ne pas avoir tué Anna immédiatement ? Cela aurait été bien plus douloureux. Attendait-il quelque chose de nous ? Des tas de théories se mirent à affluer contre les portes de mon imagination. Était-ce une vengeance ? Ou un simple moyen rapide de gagner beaucoup d'argent ? Par n'importe quel moyen, je devais savoir.

-Cela est en effet possible, peut-être que son but, ou leur but est d'obtenir quelque chose de ma famille ? De l'argent, les affaires de mon père ? Ou tout simplement la reconnaissance de quelque chose ? Nous devons comparer nos infos afin d'y voir plus clair. Et j'ai également une autre question. Vous êtes resté très vague quant au but de votre présence ici vous disiez rechercher un homme ? pouvez-vous me parler un peu plus de celui-ci est ce en rapport avec ce qui se passe ici ?

Un air triste vint remplacer son air si impassible : à quoi pouvait-il bien penser ?

L'inspecteur se mit à regarder au loin, sûrement dans son passé, après une longue réflexion, il reprit ses esprits et me dit :

- Il y a quelques mois à la frontière mexicaine, mon équipier et moi étions chargés de recueillir des informations sur un baron de la drogue local, qui contrôlait une grande partie du territoire. Il était connu pour sa grande cruauté. Il était soupçonné d'une trentaine de meurtres, mais nous n'avions jamais pu trouver de preuve allant dans ce sens, nous avions repéré un individu qui semblait faire partie de son réseau, c'est cette piste qui m'a conduit jusqu'ici.

Il tapota rapidement sur le volant du bout de ces doigts comme si ce qu'il racontait le stressait.

-C'est bon tu es satisfait ? Ce que je t'ai dit est totalement confidentiel, c'est une preuve de ma confiance, mais c'est donnant donnant. Maintenant c'est à ton tour de me parler c'est le moment pour toi de tirer ton épingle du jeu, enfin si tu ne veux croupir dans une cellule jusqu'à la fin de cette affaire ? Que faisais-tu vraiment là-bas ? C'est ta dernière chance., allez, petit, dis tout ce que tu sais.

Je me remémorai les termes utilisés dans la lettre, cela n'était peut-être rien, mais la personne que décrivait le policer ressemblait exactement au type de personne avec qui mon père traitait. Mais je me contentai de répéter mon témoignage, tout en campant sur mes positions. Je n'avais pas de certitude que des suppositions.

Mais je ne pouvais m'empêcher de repenser à ma mère qui était seule et vulnérable à la merci de l'agresseur qui pouvait revenir achever le travail à tout moment. Je devais insister sur le fait de sa sécurité et dit :

- Vous pensez vraiment que de deux de vos hommes réussiront à stopper un homme armé et dangereux dans la nuit noire, sur une falaise au beau milieu de la forêt et pourraient à eux seuls sécuriser tout le manoir qui s'étend sur deux étages et comporte plus de vingt pièces ?

-Ne t'en fais pas gamin, mes gars sont les meilleurs, attends une minute... Tu dis que vous habitez dans un manoir sur la colline ?

Je répondis à la question d'un simple hochement de tête.

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