Chapitre 18

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  Le bureau était plongé dans la pénombre.

  Cleve alluma le dispositif qui diffusa les images de vidéos surveillances, projetés sur un pan du mur. Comme pour surmonter le visionnage, il se servit un verre de scotch, et le conserva dans la main avant d’y gouter. Les images dévoilaient une rue, filmée depuis l’angle d’une avenue. On ne voyait rien d’autre que les allers et venues de Jenner, sans toutefois y déceler le moindre danger. L’agent pensa alors que son agresseur se trouvait depuis le début dans l’immeuble, attendant patiemment que sa proie se retrouve seule.

  Il se servit un second verre et repassa la vidéo, puis ainsi de suite, sans discontinuer. Chaque fois que les images affichaient la silhouette de Jenner, l’estomac de Cleve se compressait pour n’avoir plus que la consistance d’une noix. Et ses souvenirs envahirent sa pensée… Un soir, alors qu’il s’apprêtait à déposer sa démission sur le bureau d’Hegel, Jenner apparut dans l’obscurité quasi-totale du poste de nuit. Elle se tenait juste derrière lui, le regard figé. Il eut un petit sursaut et éprouva une profonde inquiétude lorsqu’il croisa la présence de sa collègue, le teint blafard, une longue mèche de ses cheveux châtains tombant en pointe. Cette pensée lui serra le cœur.

  En ouvrant le dossier Helice, il tenta un instant de faire corrélation avec l’affaire sur le Lerguole, mais après analyse rapide rien ne semblait correspondre. L’image du projecteur resta figée sur la cloison. Cleve tapotait son stylo sur le bureau, alternant son regard, un coup sur le dossier, puis sur la vidéo. Quelque chose lui échappait. Il pensa alors à Jenner, et ce qu’elle aurait fait pour l’aider, si elle avait été là. Peut-être aurait-elle déjà retrouvé son agresseur, lui rendant ainsi la monnaie de sa pièce.

  Il se frotta le visage.

  En fixant ainsi les images, il se rendit compte que c’était la dernière preuve de l’existence de Jenner, encore vivante. L’image sur arrêt, on voyait l’agent qui s’apprêtait à passer le portique de son immeuble, une silhouette dissimulée non loin. Un détail que Cleve avait omis de constater. Quelqu’un semblait patienter, camoufler derrière un poteau électrique. Il ne comprenait pas comment ça avait pu lui échapper. Et c’est lorsque cette forme se déplaça dans la lumière qu’il découvrit pourquoi…

  Une fois le visionnage terminé, il coupa l’ordinateur et le mur retrouva sa teinte habituelle. L’agent resta immobile sur sa chaise, l’air effaré, puis susurra lentement : C’est un transfert.

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