Chapitre 5

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  La cellule n’abritait qu’un détenu.

  Un agent fit son apparition, arborant une certaine corpulence. L’étroitesse de son uniforme dévoilait ses formes disgracieuses. Les barreaux s’ouvrirent à son arrivée, et il jeta un second prisonnier avec véhémence. Cela eut pour effet de le rencogner sur l’un des bancs en béton de la cellule. Puis la grille se referma dans un horrible grincement.

  Face à son nouveau codétenu, Jazz se tenait le visage feutré, donnant l’impression de somnoler. Sauf qu’il paraissait pris d’un tic nerveux et se mordait frénétiquement la lèvre inférieure. Le nouvel arrivant l’observa de ses yeux injectés de sang, les paupières grandes ouvertes. Il fixait Jazz, détouré par une faible luminosité qui traversait la grille ajourée. L’homme dévoilait un visage moribond. Sa poitrine battait à un rythme anormal, comme si son cœur s’apprêtait à jaillir de son thorax.

  — Tout va bien camarade ? lui demanda son codétenu d’un accent slave.

  Il tenta de le faire réagir en agitant une main devant son visage. Mais le junkie demeura dans sa léthargie.

  Sa respiration se faisait maintenant plus forte. L’intensité de son rythme cardiaque lui provoquait d’affreux grognements. Sa tête s’inclina de côté, et ses yeux se révulsèrent. Les globes oculaires augmentèrent de volume, constellés de petites taches de sang. Puis son corps tout entier se mit à convulser, et il s’écroula de tout son poids sur le sol abrupt.

  L’autre prisonnier agrippa ses doigts aux barreaux de la grille pour héler une aide extérieure. Deux agents accoururent en hâte. L’un des d’eux fouilla dans son trousseau de clés pendant que le second s’empressa de prévenir une aide médicale.

  L’homme crachait du sang, recouvrant une partie de son sweat de tâches rougeâtres.

  — Il s’est mordu la langue ! beugla l’agent en ouvrant subitement la grille pour se ruer sur le malade.

  Les convulsions s’intensifièrent. Alors il tenta de le maintenir du mieux qu’il le pouvait, essayant tant bien que mal de soutenir son échine. Une fois le haut du corps relevé, Jazz se mit à régurgiter avec frénésie, aspergeant le visage de l’agent d’une épaisse couche de sang et de glaires. L’homme cligna d’un œil, pensant en avoir ingéré sous la paupière. L’autre détenu saisit les pieds du malade, parvenant à stabiliser partiellement les tremblements. Mais sous ses yeux affolés, le corps du junkie se détendit progressivement, puis on entendit un léger soupir avant que sa tête ne se relâche, retenue par le bras de l’agent. Ce dernier tenta de trouver un pou. Mais l’homme était bel est bien mort. Ses paupières restaient cependant ouvertes, laissant apparaître quelque chose d’étonnant. L’iris de ses yeux flétrirent jusqu’à pâlir totalement, recouvrant de même la pupille.

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