Peter

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Je n’ai absolument rien senti. Il y a eu un "pop !". C’était une blague de mauvais goût, mais qui m’a fait frissonner. L’homme semblait étonné. Il secoua à nouveau la tête. Linh et Luv souriaient, très satisfaites. Seul mon Bad Boy était énervé.

— Mais pour qui se prend-il celui-là ? Je vais aller lui dire deux mots !

Ce n’était pas la peine. L’homme venait à notre rencontre, traversant la rue avec Linh et Luv.

— Permettez-moi de me présenter, je m’appelle Peter, magicien, polymathe, grand spécialiste de l'hypnose et de l'illusion, et très accessoirement directeur du célèbrissime cirque Athéna. Oui, c’est écrit sur la camionnette. C’est pratique n’est-ce pas ? Je n’ai pas besoin de carte de visite.

— Mais c’est quoi cette blague avec un jouet ? Qu’est-ce qui vous prend de viser Béatrice, vieux crouton malpoli ?

— Ce n'était pas une blague, et ce n’est pas un jouet. C’est un vrai pistolet, muni d'un silencieux. Un Beretta pour être plus précis. Rassurez-vous, je visais une zone non létale. Autre précision, je suis vieux, plus vieux que vous ne l’imaginez, mais je ne suis pas un crouton malpoli.

— Heureusement, vous l’avez ratée…

— Je ne l’ai pas ratée, jeune homme, je suis un excellent tireur. Mais permettez-moi, je souhaite parler à cette jeune Béatrice. Mademoiselle, qu’avez-vous ressenti ?

— Heu… Une sorte de frisson, comme un picotement au niveau des oreilles.

— Excellent ! Linh, qu’en penses-tu ? C’est conforme, hein ? Et toi, Luv ?

— Je me rends… C’est conforme.

— Ha ! Luv… Arrête un peu, tu n’es pas seule au monde. Cela devrait te rassurer, au contraire.

— Pardon, mais vous connaissez Linh et Luv ?

— Depuis fort longtemps. Elles étaient chargées de surveiller votre père, ainsi que le laboratoire. Mais hélas, cela n’est plus nécessaire, au vu de la situation. Je peux vous inviter au Bubbles, pour boire un Milk-Shake ou un chocolat ?

— Hé ! C’était moi qui voulais inviter Béatrice au Bubbles et boire un chocolat. C’était mon plan !

— Vous pouvez venir avec nous, mon jeune ami, cela n’a aucune importance. Alors ?

Le Magicien me regardait avec son regard dur et inquisiteur, mais je hochais la tête. Je n'avais rien à perdre, absolument rien.

— C’est d’accord.

— Bien !

Une fois installés à une table, ous avons commandé ces fabuleux Milk-Shakes à bulles bleues de chez Bubbles.

— Que savez-vous de mon père ? C’est donc vrai ? Mes souvenirs sont vrais ?

— Du calme, ma chère, du calme. Je peux déjà vous dire que tout est exact. Je suis magicien, génie de l'illusion, vous pouvez me croire. Il n’y a qu’une seule réalité pour chaque monde. C’est rassurant, n’est-ce pas ?

Anselme se pencha vers Béatrice pour lui faire part de son opinion sur cet individu douteux, demandant au passage le sens du mot "polymathe". Mais Béatrice n'écoutait pas.

— Alors, je suis quantique, et tout ça, et mon père est celui d’avant ?

— Ma chère, il va falloir regarder les choses en face. Votre père travaillait dans un endroit très particulier, il a joué avec des forces très puissantes. Trop puissantes. Ceux pour qui il travaillait ont simplement rétabli la situation, ce n’est pas moi qui le leur reprocherai ! On ne peut pas laisser des Passeurs se balader dans la nature. C’est dangereux. Le camion lumineux n’était pas un camion. Vous avez été neutralisée. Soyez heureuse d’être simplement en vie. Et oubliez l’ancienne situation.

— Situation ?

— Oui, situation. Au sens de locus spatio-temporel. Il y a eu une bifurcation, le passé qui est dans votre souvenir n’a jamais existé, jamais dans ce monde. Il va vous falloir vivre avec ça. Mais vous allez vous y faire, ce n’est pas le plus terrible.

— Le plus terrible ?

— Le plus terrible ? Dans les situations où votre vie est en jeu, vous redevenez quantique un bref instant, le temps de vous sortir de la situation. Dans le cas d’une balle, il s’agit vraiment d’un instant très court. Mais si vous n’apprenez pas à maitriser votre pouvoir, ce pouvoir vous tuera. Vous disparaitrez.

— Que voulez-vous ?

— Venez à cette adresse, avec vos amies, Linh et Luv, qui connaissent déjà très bien les lieux.

Il sortit une carte de sa manche. Elle était agrémentée de lettres grecques, latines et hébraïques, et l’on voyait un lapin dans un chapeau.

— Vous voyez ? J’ai tout de même des cartes de visites. Mais avant de partir, traitons le cas de ce jeune homme. Jeune homme, regardez-moi. Nous avons passé un moment très agréable à discuter de magie, n’est-ce pas ? Vous avez toujours voulu être magicien. Vous m‘avez vu et je vous ai invité, n’est-ce pas extraordinaire ?

— Oui, c’était un très chouette moment, monsieur Peter !

— Parfait ! Au revoir, et peut-être à bientôt ? Je donne un spectacle en ville, ce soir à l'Athéna. Vous viendrez ?

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