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Sous la douche, ça ne sentait pas la rose. Avec mon système, des restes de nourriture se coinçaient régulièrement dans le siphon et j’avais toutes les peines du monde à les enlever. L’écoulement en était presque entièrement bouché et mes pieds baignaient dans une eau saumâtre peu ragoûtante où flottaient çà et là des détritus indéfinissables. Je les repêchais avec ma passoire à thé en pestant contre moi-même. Dans quelle M m’étais-je mise ! Toute seule comme une grande en plus. Il faut le faire.

  • Lorenzo ! Quand tu en auras fini avec ma serrure, pourras-tu venir m’aider à réparer un truc dans ma douche ?
  • Ah ah… « réparer un truc dans ta douche » ? Sois franche, ma jolie. Ça sent le compost moisi dans ta salle de bain. C’est le prix à payer quand on est stupide. Je ne peux rien faire pour toi. Il faut que ton Q.I. remonte et que les vers aient fini de faire leur boulot. Quand ils n'auront plus de quoi se gaver, ils se barreront par le bas, ou ils remonteront par le haut et là, tu pourras les attraper avec ton chinois. Rapèle-moi d'ailleurs de ne plus jamais boire mon earl grey chez toi.

Tandis que mon prince charmant continuait à remuer le couteau dans la plaie tout en dédaignant de m’aider, je me demandais pourquoi j’avais accepté de sortir manger avec lui. Il m'avait fait saliver avec sa côte de bœuf, mais en réalité, on allait encore finir chez Mouloud, son kebab préféré, son Stam*.

La sonnerie de mon Whatsapp retentit.

Salut !

Alors, on se le fait ce sauna ?

Je suis en ville. Je passe près de chez toi dans quinze minutes.

Si tu es là, je t’emmène.

Jules

Mince. Jules était un mec bien. Et moi, j’avais déjà accepté un rencart foireux. Si j’avais su…

  • Je monte réparer la télécommande de ta voisine du 5ème. J’avais promis ! Mais ne t'inquiètes pas ! Je n’en ai pas pour longtemps !

Pas pour longtemps ? À d’autres ; Lorenzo en aurait pour la nuit. La voie était libre !

Yes !

Je prends mes affaires et je descends t'attendre en bas !

Bises


À vot' sévice, Madame !

;-)


Ah ah... Les fautes de frapes qui n’en sont pas. Du Jules tout craché ! J'adore. Ma soirée nuit s'annonçait joyeuse.

* : Une « Stammtisch » est, de l’autre côté de la barrière de röstis**, « la table des habitués ». En général de forme ronde, elle accueille ceux qui viennent souvent. Les gens viennent seuls et s’asseyent à cette table avec ceux qui sont déjà là.

Par extension, un « Stam » est un resto dans lequel on a nos habitudes. « C’est mon Stam » signifie en quelque sorte « C’est mon annexe, c’est là qu’on peut en général me trouver. ».

**: barrière de röstis: frontière imaginaire entre la partie francophone et la partie germanophone de la Suisse.

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