11 - retour au bercail

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À mesure que nous nous approchions de la Porsche, je m’étonnais d’entendre un moteur de voiture tourner. Lorenzo aurait-il été assez inconscient pour laisser sa tire à la disposition du premier voleur venu ? Tandis qu’il me posait à terre, la portière côté conducteur s’ouvrit et le générique de Starsky et Hutch retentit. Un chauffeur coiffé d’une casquette de golf et chaussé de mitaines en cuir piqué apparu. Il était affublé d’une chemise de nuit d’hôpital ostensiblement ouverte à l’arrière et d’une paire de charentaises d’époque assortie à mon nouveau déguisement. Une autre donation du papy ? Je reconnus Etienne.

  • Je t’ai emprunté quelques affaires, Lorenzo ! Je trouve que ça cale mieux avec ma mission ! dit le pilote en désignant ses mains et son couvre-chef.

Les yeux de Lorenzo roulèrent. Il ignora la réflexion de son compère et m’enjoint à monter à l’arrière du véhicule tandis qu’il s’installait sur le siège passager. Notre conducteur super zélé se remit au volant et démarra sur les chapeaux de roues, dérapant en zigzag sur le chemin de terre et faisant virevolter la poussière et les gravillons autour de nous. Le regard noir du propriétaire de la luxueuse brouette mit subitement fin à ce cirque :

  • C’est toi qui paies le carrossier ?

Le pilote de compétition calma ses ardeurs. Une fois sur le tarmac, il mit le générique de Starsky et Hutch à coin et donna une tape sur l’épaule à son nouveau copain ; on était parti pour écouter ce truc en boucle.

Le silence se fit subitement dans l’habitacle. Spotify faisait-il encore des siennes ? Notre joyeux taxi ne l’entendait pas de cette oreille.

  • Alexa ! Mets-nous Starsky et Hutch !

Le générique des années quatre-vingt emplit à nouveau l’habitacle pendant quelques secondes, puis le silence reprit.

  • C’est certainement un problème de réseau. Ce n’est pas grave, je vais chanter. dit Etienne en tapant sur l’épaule de son nouveau pote qui le dévisageait avec des yeux écarquillés en retour. …des nouveaux chevaliers au grand cœur, mais qui n’ont jamais peuuuuur de rien !
  • La ferme ! Regarde la route. lui rétorqua Lorenzo tout en tapotant sur ton téléphone.

L’autoradio entonna les Quatre Saisons de Vivaldi. Le message était clair.

Arrivé en bas de chez moi, il n’y avait comme d’habitude pas de place de stationnement libre. Mon superhéros ordonna à son ancien rival de s’occuper de sa bagnole. Il avait déjà eu affaire à la fourrière une fois cette semaine, il ne fallait pas que cela se reproduise. Le poste cracha du Capitaine Flame ; Alexa devait avoir ses règles.

En montant dans l’ascenseur, on croisa la mégère du premier, celle à qui Lorenzo avait fait une scène la veille. Elle lui demanda comment s’était passé son anniversaire, tout en me dévisageant de haut en bas avec ses gros yeux. On pouvait lire le mépris sur son visage. Lorenzo abonda :

  • Elle m’en fait voir de toutes les couleurs. J’imagine que ça doit être dur pour vous d’habiter en dessous de chez elle.
  • Ah ! Ne m’en parlez pas ! Depuis qu’elle est dans l’immeuble, je ne dors plus !
  • J’imagine ! Quel calvaire ça doit être ! Avez-vous pensé à appeler la police ?
  • Plusieurs fois ! Mais je n’ose pas. Je ne suis pas du genre à me plaindre, vous savez, Monsieur Lorenzo.
  • Ah ! Mais, il y a des situations dans lesquelles c’est un devoir d’alerter les services de l’ordre ! Ce que vous subissez n’est pas humain ! Et si vous n’intervenez pas, elle va mettre tout l’immeuble en danger !
  • Ah bon ?
  • Mais oui ! Il faut que quelqu’un lui remette les pendules à l’heure à cette petite ! Son mode de vie est très malsain. Et vous risquez tous d’avoir de sacrés ennuis si ça continue.
  • Vous croyez ?
  • Elle dort n’importe où ; elle va vous rapporter des puces de lit un jour ! Quand un appartement est touché, c’est tout l’immeuble qui est infesté !
  • Ah, mais oui, ils en parlaient dans les journaux l’autre jour et…

Tandis que Lorenzo faisait mousser ma voisine, je récupérai mon sac et filais me doucher. Etienne m’emboîta le pas ; il avait visiblement réussi à garer la Porsche. Il passa devant son complice, toujours en grande conversation dans la cage d’escalier. Tandis que les deux compères se fixaient, la voisine restait interdite devant les fesses nues qui passaient devant elle. Les apparences ne plaidaient décidemment pas en ma faveur.

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