Chapitre 27C: août - septembre 1778

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Ce jeudi matin, après que Léon m'ait expliqué la procédure la veille, j'attrapais un poulet dans la cour, l'égorgeais, aussi Gustavine m'aidait à le tremper dans l'eau bouillante, le déplumer et je le vidais. Loin de ma petite vie en ville, cet air de campagne me plaisait de plus en plus. Le midi même, j'invitais Gabrielle à venir manger la poule au pot. Mais Léon – Paul continuait ses caprices. Durant le repas, il s'était levé pour aller faire je ne sais quoi à la cuisine et Malou, qui était arrivée juste après lui, avait pris sa chaise. Ce fus un drame pour mon petit garçon.

—''Malou c'est ma place. Dit-il étonné à sa cousine, assez posément.

—''Trop tard, j'étais là avant ! Rétorqua-t-elle

—''Mais Malou ! Rendez-moi ma place ! Cria-t-il aux oreilles de sa cousine en la poussant

Je fus contrainte d'intervenir, car cela tournait à la violence.

—''Léon – Paul, laissez-lui votre place. Vous vous êtes levé sans autorisation, alors maintenant, vous prenez la chaise à côté de vous.

Léon – Paul donna une petite tape méchante à Malou et la poussa avec force pour récupérer sa chaise. Elle se défendit et finalement parvint à rester à sa place. Tout en se tenant les bras, les deux me regardèrent ensemble, comme si j'allais prendre la décision finale.

—''Léon – Paul, laissez Malou à votre place ! Vous écoutez bon sang ce que je vous dis ? Asseyez - vous et taisez-vous maintenant. Il est sûr que votre père va bien s'occuper de vous si vous continuez à ignorer mes propos !

Il cessa ses caprices en boudant et s'assit la tête basse sur la bonne chaise en regardant d'un mauvais œil sa cousine.

François et Émile avaient bien joué cet après – midi là, aussi en fin de journée nous les avions accompagnés profitant du temps un peu moins chaud de fin de journée avec Malou, Léon – Paul et Gustavine cueillir les mûres rouges dans les arbustes épineux. Armés de petits paniers d'osiers, les enfants dévorèrent plus de mûres qu'ils n'en cueillirent.

Léon – Paul venait me voir à chaque fois qu'il s'écorchait le doigt ou la main, il m'agaçait en ce moment, c'était fou ! Émile ria lorsque Gustavine lui conseilla de ne pas cueillir les murs du bas, car les renards urinaient dessus, il en mangea une pour me tester mais je lui tapais la main, c'était sale l’urine !

Malou était celle dont le panier était le plus rempli à la fin de la cueillette, j'espérais en avoir assez pour faire des confitures. C'est les mains rouges, mélange de sang dû aux piqûres des ronces et de jus de mûres, et la bouche rouge et pleine que les enfants m'accompagnèrent après la récolte pour cuire les confitures. Dans un grand chaudron avec beaucoup de sucre, nous fîmes bouillir l'eau avec le sucre avant d'y mettre les mûres, quand nous obtînmes une confiture consistante, Malou et Gustavine m'aidèrent à verser dans les pots, et à verser la cire pour former un bouchon solide sur la confiture. Je rangeais le premier pot bien en haut de l'étagère, pour que les petits ne soit pas tentés, et nous dévorâmes la totalité de l'autre pot sur des tartines dégoulinantes. J'offrais le troisième pot à Gabrielle, ravie d'avoir de la confiture de mûre pour son prochain déjeuner.

Je ne voyais jamais son mari, c'était étrange, elle ne m'en parlait jamais non plus. Je savais que leur couple était en froid actuellement, mais j'avais si peu de nouvelles que j'en venais à douter qu'elle ne vivait pas seule. En fait, d'après mon amie, c'était un homme très discret, qui rentrait tard le soir, partait tôt le matin et n'allait jamais aux messes le dimanche matin, par manque de chrétienté sans doute. Gabrielle était pourtant très croyante et tout aussi pratiquante, mais '' il était comme ça depuis le début'', c'est à dire depuis leur mariage.

Mon mari était un homme de mince corpulence, qui portait depuis peu la moustache comme Auguste, j'aurais du mal avec les descriptions car il n'avait pas vraiment de signe distinctif, il était comme tous les autres.

Nous manquâmes parfois de pain cet été là car il faisait très chaud et les récoltes avaient eu du mal à ne pas périr, mais ce fus bien loin du terrible hiver de l'année dernière.

Malou eu huit ans le treize septembre, tant d'années déjà qu'elle avait vu le jour. Ma nièce savait lire et écrire, mais les études ne lui plaisaient pas trop, d'ailleurs sœur Émilie, qui dispensait ses leçons de lecture à Michel, me le disait bien. Gustavine en revanche apprenait bien, elle irait d'ailleurs d'après son souhait faire ses études secondaires à l'Hôtel Dieu de Paris pour pouvoir exercer en tant que sage – femme.

François, qui avait désormais trois ans, était toujours plus proche d’Émile. Leurs caractères s'affirmaient, François était autoritaire et aimait prendre des initiatives tandis que mon petit garçon était plus timide et plus suiveur, mais plus jeune aussi fallait -il dire.

En septembre, je reçu la réponse de France, il était temps.

Louise,

Charles m'a affirmé que vous étiez convié à ses noces, avec les enfants et votre mari, le vingt – quatre février. A mon grand regret, nous y serons sans Georges, qui ne répond pas à mes lettres. Malgré tout, je suis tellement heureuse de vivre ce mariage, après ces drames qui m'accablent toujours de douleur. Joseph est revenu près de moi, enfin je l'ai vu à l’enterrement de Thérèse, et il m'a dit qu'il acceptait de revenir à la maison quand Georges rentrerait, pour l'aider dans ses études, qu'il poursuivra jusqu'à sa vingtaine sans doute. Je suis toujours mariée à lui, depuis dix – huit ans vous imaginez ! Vous êtes ma cousine et vous allez me rassurer, l'an prochain j'aurais quarante ans. Je ne sais pas comment cela se passera, mais j'ai peur de prendre un choc. Par rapport à vous qui n'en avez pas même trente, je suis vieille !

Je suis seule toute la journée, mes fils ne répondent pas à mes lettres, mon mari a une maîtresse qu'il reçoit dans son appartement, c'est pourquoi il souhaitait ne revenir qu'après le retour de Georges, et comme nous ne sommes même pas sûr qu'il rentrera tant nous avons peu de nouvelles, cela l'arrange. Je connais Marie, c'est une de mes amies d'enfance, elle ne me parle plus depuis trente ans mais de toute façon une femme qui reçoit les honneurs de mon mari cela me dégoûte plus qu'autre chose. Même si je n'ai jamais aimé Joseph, dix – huit ans de mariage, cela ne s'oublie pas d'un revers de manche, cependant je crains que ce ne soit ce qu'il pense. Je le croyais honnête et bon, mais cette histoire avec Thérèse n'était qu'un prétexte pour partir et pouvoir recevoir Marie tranquillement. Cette garce se moque bien de moi puisqu'elle m'écrit parfois en mentant son malheur avec son mari volage, mon œil, malheureuse, la maîtresse de mon mari ?

Vous avez la santé, vous et les enfants ? Je vous attends pour le mariage, nous espérons que le temps s'y prêtera, mais rien n'est gagné, au mois de février.

Bon baisers, France

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