Chapitre 29E: juin - juillet 1780

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Alors que je ne m'y attendais plus, Joséphine nous annonça à mon mari et à moi un soir à la fin de la leçon de clavecin de Michel qu'elle se mariait et ne reviendrait plus. Mon neveu le prenait particulièrement mal, et moi je conjurais Joséphine de rester.

—''Je vous en prie Mademoiselle… Michel a besoin de vos leçons…

—''Je suis désolée Madame Aubejoux, je ne peux pas poursuivre les leçons pour Michel. J'ai parfaitement conscience que le clavecin est important pour lui, mais j'ai déjà repoussé le temps et mon mariage n'est plus que dans trois semaines, il est aussi très important à mes yeux.

—''Donnez - moi au moins le temps de retrouver un autre professeur…

—''Non vraiment vous m'excuserez mais je ne peux pas. Bonne soirée et bonne continuation.

Suite à cette mauvaise surprise, je suppliais mon mari de retrouver un autre professeur pour Michel. Ce fus en vain. Nous avions déjà eu une discussion dessus et il m'avait dit qu'il ne remplacerait pas Joséphine si elle venait à partir. Je m’étais souvenu de cela, mais on ne savait jamais au cas où ça fonctionnerait. En fait, plus les jours passaient ensuite et plus je me disais que ces quelques mois de cours avaient suffi à mon neveu, qui jouait maintenant à un plutôt bon niveau pour son âge.

Une absence de lunes durant tout le mois de juin fis battre mon cœur, et quand j'étais prise de nausées plusieurs jours durant, ne laissant plus mon mari m'approcher, j'en était désormais sûre. Je me souviens du soir où je l’annonçais à Léon, l'ambiance était calme, il faisait très chaud dehors, mais les pierres préservaient la maison de la chaleur, les enfants incapables de s'endormir galopaient à l'étage, je les entendais. Léon comme à son habitude lisait les lunettes sur le nez, mais j'étais trop préoccupée pour faire quelque chose.

—''Léon?

Il leva les yeux de son journal.

—''Hum…

—''J'attends un enfant.

—''Oh… Est - ce seulement vrai ?

—''Depuis un mois. Vous êtes heureux ?

—''Disons que j'attendais cela depuis quelques temps !

Mon mari posa ses lunettes et se leva de son fauteuil pour aller m'embrasser. Je soupirais, considérant les huit ou neuf mois qu'il me restait pour me préparer psychologiquement au retour d'un bébé dans mes habitudes. C'était toujours étrange de savoir que la famille compterait bientôt un nouveau membre, encore plus lorsque le petit dernier avait plus de quatre ans.

Un matin, Léon – Paul vint me réveiller en me secouant doucement dans mon lit.

—''Maman, Émile il pleure…

—''Oh… Demandez-lui de venir ici. Que lui arrive-t-il ?

—''Je ne sais pas.

Léon – Paul disparut un instant de ma chambre, avant de revenir son frère à la main, sanglotant.

—''Que se passe-t-il trésor ? Venez me voir.

Émile se lovait contre moi, ses fesses étaient trempées.

—''Pourquoi êtes - vous mouillé ? Émile ne me dites pas que vous avez fait sur vous. Il a fait au lit ? Demandais-je à son frère.

—''Je crois oui. C'est pour ça qu'il pleure.

Je repoussais mon fils, surprise et agacée.

—''Alors là je ne suis pas contente Émile. A presque cinq ans, il est inadmissible qu'un petit garçon régresse ainsi. Je ne veux plus jamais de ça, vous m'entendez ?

—''Maman… Maman…

—''Arrêtez de pleurer maintenant. Que dirait votre père s’il apprenait que vous faites encore dans vos draps ?

Je me levais pour aller changer et nettoyer le linge de lit, laver ses vêtements souillés et le forcer à avaler un bouillon de fiente de souris, censé guérir ce genre de mal. Je préparais la boisson et lui faisais avaler difficilement, bien qu'il ne connaisse pas les ingrédients. J'espérais que ce ne fus qu'un accident et que ça ne se reproduirait plus, je n'avais pas besoin de ça dans mon état actuel.

Malheureusement, les accidents nocturnes d’Émile ne cessèrent pas, ils devinrent au contraire réguliers, et j'en venais à douter de si j'allais pouvoir le laisser partir chez son oncle et sa tante au début du mois de juillet. Pensant au fait que ce n'était pas ma belle – sœur qui s'occupait des enfants à proprement parler, mais surtout devant l'excitation du départ de mes deux fils, je le laissais finalement partir avec son frère aîné et sa cousine.

Malou avait traîné des pieds à l'idée de retrouver ses cousines, mais surtout devant la semaine de voyage nécessaire pour arriver jusqu'à la maison de vacances, et je pense que c'était la dernière fois qu'elle partait.

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