PROLOGUE - 828 -

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Ma nuit a été très agitée à cause de la chaleur étouffante de l’été, mais aussi parce que Paulo et Max m’ont énervé au moment du coucher. Nous avons chahuté et ensuite, je n’arrivais plus à trouver le sommeil, même avec mon traitement. Alors ce matin, je me lève avec difficulté. Lorsque je pose mes pieds au sol, j’ai la vue brouillée. Les médicaments que j’ai pris cette nuit font encore effet, je suis stone. Je descends l’escalier en boxer, pressé d’avaler quelque chose qui va m’aider à refaire surface. Je n’aime pas me sentir dans cet état, je ne suis pas moi.

En entrant dans la cuisine, je me frotte les yeux que j’ai du mal à ouvrir à cause de la lumière. Mon père est assis à la grande table, penché devant une tasse de café fumante, la tête entre ses mains. Paulo, se tient debout, appuyé à l’imposante cheminée, il dessine du bout des doigts la coquille Saint-Jacques qui orne la pierre. Max est pendu au cou de maman qui s’essuie le bout du nez.

Ils me dévisagent tous, l’air inquiet. En premier lieu, je songe que c’est parce que je plisse le front et les yeux, cela doit me faire une sale gueule, mais en croisant le regard de ma mère, je comprends que quelque chose de grave est advenu.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? je demande avec appréhension.

La peur de ce que l’on va m’annoncer me réveille brutalement. Le silence est lourd et j’ai envie de savoir. Je pense d’abord à mes grands-parents. Il a dû leur arriver quelque chose et cette suspicion se confirme quand ma mère ouvre enfin la bouche en me détaillant tristement.

— C’est très grave !

— Papi et mamie sont morts ? je l’interroge naïvement.

Ma mère pince les lèvres et se redresse en repoussant Max qui ne veut pas la lâcher.

— Non, j’ai fait une très grosse erreur ! Quelqu’un est mort !

Droite sur sa chaise, elle m’affronte du regard, assumant pleinement sa faute avec franchise et dignité. Les yeux tristes, elle ne verse pas une larme.

— Arrête de dire ça, il va y avoir une enquête et on verra par la suite… intervient mon père qui réfléchit à la suite des événements.

Il pose sa main sur l’avant-bras de ma mère pour tenter de la calmer, mais toute tremblante, elle se défend :

— Je sais ce que j’ai fait ! Je sais que c’est de ma faute s’il est mort. Comment il faut que je te le dise ? Il est mort et je ne pourrai pas le supporter.

— Tu n’as pas fait exprès… dit mon père gentiment.

Il passe sa main sur la nuque de maman qui reste droite et le repousse.

— Ça ne change en rien le résultat. Je vais me tirer un coup de fusil !

Ses paroles me déchirent le cœur. Elle dit ça avec un tel détachement et une telle conviction que je suis foudroyé sur place par ses mots. Je lui saute aussitôt dessus pour la supplier.

— Oh non, maman ! Fais pas ça ! S’il te plaît, maman !

Elle me serre fort contre elle et se met à sangloter. Je ne contiens plus mes pleurs, tout mon être se déchire en imaginant que je pourrais perdre l’être qui compte le plus dans ma courte vie. Celle qui me cajole chaque jour, qui me soutient quoi que je fasse, qui me regarde avec tendresse, qui m’admire même quand je suis un démon, celle qui a toujours pris ma défense, celle qui m’aime plus que tout.

Max s’accroche à nous, il pleure aussi à chaudes larmes, je les sens perler sur mon bras.

— Maman, je veux pas que tu meures, j’insiste entre deux gros sanglots.

Pour me calmer, elle m’embrasse sur la tête, sur la joue puis, elle partage ses baisers avec Max. Cela ne me rassure en rien, car à aucun moment, elle ne revient sur ce qu’elle a annoncé. Mon père s’approche pour m’extirper des bras de ma mère. Je le sens tellement inquiet et démuni. Je comprends qu’il veuille se retrouver seul avec elle. Lorsque je finis enfin par l’abandonner, je me tourne vers Paulo qui pleure aussi, de dos pour ne pas qu’on le voie, la tête appuyée sur le rebord de la cheminée.

La première idée qui me vient en quittant la cuisine est d’écrire. Un long message à ma mère. Je m’enferme dans ma chambre, tout en chialant pour lui dire ce que j’ai sur le cœur :

Maman, s’il te plaît, ne pars pas. On fait tous des bêtises, mais on est une famille, on sera toujours là pour toi. Maman, tu comptes tellement pour moi. Je t’aime pour la vie.

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