Chapitre 62

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Nous marchons côte à côte sur la piste cyclable, sans véritablement nous parler. Je ne sais toujours pas quoi dire à Marion. Elle voulait que je réfléchisse et pendant ces vacances, je n'ai fait que ça : penser à elle. Mais je ne veux pas être amoureux. Je ne peux pas me donner bêtement à quelqu'un. Je veux garder ma liberté et à côté de ça, je veux Marion, toute entière, pour moi tout seul. Comment lui expliquer ça, sans lui mentir ? Peut-être le découvrira-t-elle toute seule au fil du temps ? 

En attendant, nous avançons lentement, sous la pluie qui commence à tomber, contre les rafales de vent qui nous ralentissent. Nous avons tous les deux mis nos capuches de sweat pour nous protéger. Je compte à haute voix chaque kilomètre que nous parcourons parce que je ne sais pas quoi dire d'autre.

— Plus que deux...

— Oh, Tonio ! Tu me décourages ! Pourquoi tu as voulu rentrer ? T'as quoi à faire de si important cette nuit ?

— Retourner la maison...

Comme la nuit précédente, je veux faire du bruit et être sûr que l'on m'entende. Ce qui est encore plus parfait dans mon plan, c'est que j'inclus Marion. J'ai tellement hâte de voir la tête de mon père et de sa meuf quand ils découvriront au réveil que Marion a dormi dans ma chambre. Ils penseront forcément à la capote que j'avais laissé en évidence la veille dans la poubelle. De quoi mettre tout le monde en forme pour la journée !

— J'ai appris que ton père avait une copine...

— Mouais, pas pour longtemps !

— C'est pour ça que j'étais super inquiète quand je t'ai pas trouvé sur la plage...

Mon père n'a pas de copine. Il n'a rien. C'est juste une meuf de passage chez moi. Jamais personne ne restera dans ma maison tant que j'y serai. Je vais leur en faire voir. J'ai tout prévu.

— Ça va ! je réponds pour couper court à la conversation.

— Je sais bien que non, mais évitons le sujet... 

En arrivant chez moi, comme hier, je trouve la porte d'entrée verrouillée. 

— Et maintenant, on fait quoi m'interroge Marion alors que la pluie, plus intense, finit de nous tremper.

— Je passe par derrière et je t'ouvre...

Nous contournons la maison, puis je balance toutes mes affaires par-dessus la grille que j'escalade avec agilité.

— Un jour, tu vas t'empaler sur les pics, ça va te faire tout drôle ! commente Marion.

Je rentre dans le garage pendant qu'elle fait le tour de la maison pour m'attendre devant la porte d'entrée. Au passage, je mets mes affaires à l'abri dans un coin de la buanderie et je me précipite dans la maison en prenant soin de claquer les portes.

— Entre ! 

Je referme à clefs derrière elle puis je me dirige vers l'escalier. Marion me suis. En arrivant sur le palier, j'indique la chambre de Paulo et je lance à haute voix :

— Là, t'as blaireau numéro un qui pionce !

Marion me met un coup sur l'épaule et me fait signe de me taire. J'éclate de rire exagérément. 

— Oh, ça va, de toute façon c'est chez moi ! Je fais ce que je veux ! Dans l'autre chambre, juste à côté de celle de Max, y a une meuf...

Marion préfère se précipiter dans ma chambre et m'obliger à la suivre que de m'entendre déblaterer sur les étrangers.

Nous sommes totalement trempés. Sans fermer la porte, je retire mon sweat pendant que Marion baisse sa capuche. D'un rapide coup d'oeil, elle fait un tour vite fait de tout ce qui traine puis me demande :

— Ça t'ennuie si je me douche, j'ai du sable plein les pieds ?

D'un coup de tête, je lui indique la salle de bains. J'allume la lumière et à mon plus grand contentement, je constate qu'aucun produit étranger n'est revenu... La vieille a dû comprendre qu'elle ne pourrait pas me vaincre. 

Je tends à Marion une serviette propre, puis je la laisse. J'en profite pour me précipiter sur les draps de mon lit que je n'ai pas changer depuis je ne sais pas quand. Je vire les sales et j'installe les propres. Quand Marion sort emmitouflée dans sa serviette, je suis en train de me battre avec la couette.

— Je peux te prendre un T-shirt ? Toutes mes affaires sont mouillées !

— Dans l'armoire, derrière... Je changeais les draps...

— C'est la moindre des choses...

— Ah non, mais j'ai pas couché avec Whitney ici...

— Si ça avait été les cas, je ne serai pas là !

Marion est nue sous sa serviette et je ne peux pas dire que ça me laisse insensible. Je préfère tout laisser en plan et foncer dans la salle de bains prendre une douche. En me regardant dans la glace, je découvre un énorme suçon dans mon cou. Putain, Whitney ! J'essaie de frotter mais bien sûr, il ne part pas. C'est vraiment la poisse !

Je ne suis plus aussi sûr de moi. Avoir ramené Marion dans ma chambre n'était peut-être pas une aussi bonne idée. On a déjà dormi ensemble des tas de fois, mais ce soir, ce n'est plus comme avant. Je panique totalement.

Lorsque je sors de la salle de bains, avec ma serviette autour de la taille Marion est sur son téléphone dans mon lit qu'elle a fini de faire. 

— Je t'ai emprunté un boxer, murmure-t-elle pour ne pas faire trop de bruit.

— Intéressant ! Fais voir... je dis en imaginant Marion dans mon boxer.

— Non ! Mais j'étais mouillée jusqu'à la culotte...

— Ce que tu dis à une connotation très perverse ! je continue de rire alors qu'elle devient toute rouge.

— Putain, Tonio, t'as toujours les idées mal placées !

Je bondis sur le lit. Je ne tiens plus. Je veux embrasser Marion. Si elle est là, c'est qu'elle aussi en a envie... Je m'allonge sur elle par-dessus la couette. Je la regarde dans les yeux et sans les fermer, comme j'ai toujours aimé le faire, j'avance mon visage vers le sien. J'incline légèrement ma tête sur le côté et je pose mes lèvres sur les siennes. Longuement nous restons ainsi. Nos bouches enfin inséparables. Nos langues unies. Nos mains liées. Nos corps enlacés. 

Au bout de quelques minutes, Marion me repousse et je tombe sur le côté. Ma serviette est presque défaite. Je me lève pour passer un caleçon puis je me recouche sous les draps à côté d'elle. Lorsque je veux à nouveau l'embrasser, je la sens réticente.

— Qu'est ce qu'il y a ?

— Rien ! Enfin si... Je t'aime !

Ces trois mots que Marion prononce me remplissent de joie. Je lui souris sans lui répondre parce que j'en suis incapable puis je l'embrasse avec passion, c'est tout ce que je peux lui donner puis je me souviens qu'elle est vierge alors je m'arrête et je lui dis en la serrant fort dans mes bras.

— Tu sais Marion, je peux attendre. Je veux dire, si t'en as pas envie de suite...

Elle blottit sa tête dans mon cou et nous finissons par nous endormir paisiblement.

THE END

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