Épilogue - 3414

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Au fur et à mesure des jours qui s'écoulent, je tente de me convaincre que tout va bien, que l'arrivée des étrangers chez moi est provisoire. Que mon père va retrouver la raison et descendre de son petit nuage. Qu'il n'a pas pu oublier si facilement. Mais au fond de moi je sais que ce n'est pas vrai. Ma mère a choisi la mort et mon père se raccroche simplement à la vie.

Le temps tarde à panser cette plaie béante et maintenant, Paulo a déserté la famille. Je me sens horriblement seul depuis qu'il nous a bazardés comme des malpropres sans se soucier de nos sentiments. Je ne lui adresse plus la parole. Il m'envoie tout un tas de messages auxquels je ne réponds pas. Max joue les entremetteurs, il donne des nouvelles à l'un et à l'autre régulièrement. Je sais qu'il bosse beaucoup pour gagner un peu de fric, que ça se passe bien avec les grands-parents et qu'il est toujours en couple avec sa vieille de vingt-cinq ans. Quoiqu'il en soit, il ne veut plus venir chez nous et je n'irai pas le voir à son appart, comme ça c'est réglé. À partir de maintenant, il ne me reste que Marion sur qui compter.

Je ne trouve plus ma place dans ma propre maison, surtout quand l'heure du repas arrive. Je refuse de m'asseoir avec les squatteurs, de leur parler, de faire semblant d'être la parfaite famille recomposée. Je ne peux pas et cela me fait terriblement paniquer d'entendre les assiettes s'entrechoquer dans la cuisine et la table se dresser.

— C'est prêt ! m'indique Max en passant sa tête dans le bureau de mon père.

Absorbé par l'écran de mon ordinateur, je feins de ne pas le voir et augmente le son. Imagine Dragons vient de sortir le clip de Natural, je reste concentré dessus. J'adore cette chanson, elle me donne des frissons. Les paroles tombent à pic, elles sont tellement en phase avec ce que je ressens : That's the price you pay, leave behind your heartache and cast away*... et la musique parfois calme et lente qui monte en puissance comme la rage que je n'arrive pas à contenir et que j'ai besoin de laisser exploser.

— Oh, tu baisses où je balance ton ordi par la fenêtre ! intervient mon père que je n'ai pas vu s'avancer jusqu'à moi.

Il est en colère parce que je refuse encore de bouffer avec eux et que je leur mène la vie dure. Ce n'est pourtant qu'un avant-goût de l'enfer que je peux mettre en place. Je diminue lentement le son en ignorant complètement mon vieux qui tape sur son bureau violemment pour tenter de se faire respecter.

— Tu viens bouffer !

Je referme l'écran de mon ordi et éteins la baffle à côté de moi puis, je me lève. La différence de taille entre nous s'amoindrit, mais il a encore quelques centimètres de plus que moi. Nous restons un court un instant à nous affronter, juste le temps qu'il faut pour qu'il comprenne que je n'ai pas l'intention de coopérer. Paulo n'est plus là pour se frotter à lui, mais moi je ne suis pas parti. J'ai déjà pris la relève. Je ne cèderai pas.

— Je mange pas ici !

— Tu commences à me casser les couilles !

— C'est que le début...

D'un coup d'épaule, je le bouscule pour me diriger vers la porte. Il tente de m'attraper le bras, mais je le repousse alors il s'énerve et se met à hurler :

— Ça va pas durer longtemps. Je te préviens, tu vas dégager à Bordeaux si ça continue...

— Tu en crèves d'envie, pas vrai ? Évidemment, t'as une nouvelle femme, deux nouveaux gosses, tout roule pour toi, la vie est belle. T'as plus besoin de nous... Paulo est parti. Bientôt, ce sera Max et moi ! T'inquiète pas, on va plus te saouler longtemps !

Je lui claque la porte au nez sans lui laisser l'occasion de répondre. Je suis dans tous mes états en traversant la maison. Je veux qu'il crève, putain. J'ai pas besoin de lui. J'ai besoin de personne et ce con de Max qui bouffe avec eux. Mais bordel, il a rien compris. Nous sommes devenus des boulets. On rappelle de mauvais souvenirs. On ressemble tellement à notre mère physiquement que c'est son visage qu'il voit quand il nous regarde. Chaque jour il a sous les yeux les traits de celle qui l'a abandonné avec trois sales gosses à finir d'élever. Je n'en peux plus de toute cette mascarade, je ne me rends même pas compte que je pleure. J'ai la tronche ravagée par les larmes qui coulent jusque dans mon cou. Putain de sensibilité à fleur de peau.

— Tonio ?

La petite voix de Marion m'interpelle au-dessus de ma tête. Accoudée à la fenêtre de sa chambre, elle me regarde avec inquiétude. Manquait plus que ça...

À peine quelques secondes plus tard, elle me poursuit dans la rue où j'erre sans savoir où aller, je m'arrête car je sais qu'elle ne lâchera pas l'affaire.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? me demande Marion en tentant de me prendre dans ses bras.

Je lui fais signe que non. Je ne veux plus qu'elle me voie dans cet état. Je veux être seul, oublier, guérir, chasser ces idées noires et néfastes qui me rongent, survivre.

Je renifle un grand coup et m'essuie les yeux avec les mains. J'essaie de me calmer et respire profondément.

— Ça va, c'est rien ! je réussis à dire pour la rassurer.

À l'air dubitatif qu'elle affiche, je sais qu'elle ne me croit pas, mais elle se garde de commenter. Elle soupire et se force à sourire. Je l'imite et me laisse faire lorsqu'elle m'entraîne vers chez elle. Sur le pas de la porte, alors qu'elle est montée sur les deux marches de son perron, elle se tourne vers moi et s'accroche à mon cou. Nous sommes à la même hauteur. Cela me rappelle que je connais Marion depuis tant d'années, toutes ces années où nous étions de taille égale. Maintenant j'ai grandi, tellement grandi que je la dépasse de vingt-cinq centimètres. Je suis presque un homme. Je dois me comporter comme tel et cesser de pleurnicher, surtout devant elle, lui cacher mes faiblesses.

— Viens manger à la maison... murmure-t-elle.

— J'ai pas faim.

Elle pose ses lèvres sur les miennes. Je retire aussitôt les mains de mes poches pour la prendre dans mes bras et la serrer fort. Très fort. Le plus fort possible, à la hauteur de ce que je ressens pour elle et que je ne lui dirai jamais. Au contact de son corps, je m'apaise, je me sens mieux, comme si elle me vidait de ma peine pour la remplacer par quelque chose de doux et paisible.

***

Nous restons longtemps enlacés, jusqu'à ce que je sois complètement calmé. Elle a toujours su lire au plus profond de moi ce dont j'avais besoin. Dans ses bras, je trouve le réconfort qu'il me manque tant, que je ne déniche nulle part ailleurs, pas même dans ceux des autres filles. Il n'y a qu'elle qui allège mon cœur de ce poids qui me pèse. Auprès d'elle, j'oublie presque tout, je peux me laisser aller et reprendre des forces. À son contact, j'ai envie de me surpasser, de saisir l'existence à bras le corps et de m'envoler. Marion est comme un bouclier qui me protège de tous les maux et surtout de mes propres failles. Je suis complètement perdu quand elle est loin de moi et je fais n'importe quoi. Quand elle est là, je m'efforce d'agir pour ne pas la décevoir. C'est ma bouée de sauvetage dans l'océan déchaîné qu'est ma vie.

Elle glisse ses mains chaudes sous mon T-shirt et me chatouille le ventre. Elle sait me redonner le sourire, mais je n'ai pas la tête à jouer. Je retire ses mains et lui demande d'arrêter.

— Allez, rentre ! m'invite-t-elle. Mes parents sont toujours contents de te voir.

J'hésite car je ne suis pas convaincu par ce qu'elle avance. Son père considère que je la dévergonde et par-dessus le marché son air sévère m'impressionne. J'émets une grimace dubitative, qu'elle l'ignore et s'avance vers la porte. Naturellement, je la suis. Après tout, l'ambiance ne peut pas être pire que chez moi et je ne sais pas où aller.

Dans la cuisine ultra moderne où la table est joliment dressée, la mère de Marion est en train d'égoutter les frites en chantonnant. Lorsqu'elle se tourne vers moi, elle affiche un sourire accueillant. Je me force à l'embrasser. Elle tente de me garder dans ses bras, mais je me dégage très vite. Je n'ai que faire de la pitié des gens, je déteste leurs regards de chiens battus, leurs airs faussement compatissants, comme s'ils pouvaient imaginer ce que je ressens. Je n'aime pas les gestes d'affection que ce soit ceux d'Hélène ou de quiconque mis à part Marion. Je n'en veux pas. Je trouve ça pesant alors je fais le minimum, uniquement par politesse, je lui dis bonjour. En retirant sa main de mon épaule, elle me demande comment je vais. Ses yeux essaient de percer une réaction que je ne livre pas. Je n'ai pas envie de me mettre à nu et laisser mes émotions reprendre le dessus, même si le doux visage d'Hélène m'y invite aimablement. Je reste de marbre pendant qu'elle me scrute, à la recherche d'un indice.

Finalement, l'odeur qui se répand dans la pièce m'ouvre l'appétit. C'est plus fort que moi, en guise de réponse je lance :

— Ça sent bon !

— Tu peux déjeuner ici, si tu veux ! me propose-t-elle.

J'accepte tandis que Jean-Michel déboule dans la pièce, il dépose le plat de viande grillée, qu'il a faite cuire sur le barbecue au milieu de la table et s'essuie sur son tablier noir, floqué : "meilleur papa du monde" avant de m'embrasser. J'aurais préféré lui serrer la main. Je ne fais pas la bise à mon propre père, pourquoi la faire à quelqu'un d'autre ? Le père de Marion tient, malgré mon avis sur le sujet, à conserver cette habitude, prétendant qu'il me connaît depuis l'époque où je n'étais qu'une larve qui garnissait ses couches en gazouillant.

Les doigts de Marion descendent le long de mon bras, une façon bien à elle d'essayer de me détendre, me dire discrètement que tout va bien. Nous échangeons rapidement un regard et je finis par la gratifier d'un sourire pour la remercier d'être là et de prendre soin de moi malgré toutes les misères que je peux lui faire parfois.

Être dans cette maison est autant déconcertant que rassurant. Marion agit comme si ma présence était naturelle et ses parents sont particulièrement prévenants. Je ne sais pas où me placer. Habituellement, j'aurais beaucoup parlé, sans filtre et avec trop d'entrain, mais ce soir je ne suis pas dans mon assiette. Je pense à ce qui se trame chez moi et ça me fend le cœur.

Hélène tourne autour de la table pour ajouter le pain et l'eau. En passant à proximité de Marion, elle pose une main sur son épaule, cette image me ramène quelques années plut tôt, où la complicité que je partageais avec ma mère était rassurante. J'étais le petit dernier qu'elle choyait particulièrement. Assis à côté d'elle, je profitais des repas pour monopoliser la conversation et l'attention de tous. Alors que mes frères râlaient, ma mère savait comment me calmer en plongeant son regard dans le mien, sa main pressait délicatement mon bras, m'obligeant à écouter Paulo ou Max. Son sourire, toujours accompagné d'un clin d'oeil, me rassurait sur la place que j'avais dans son coeur.

— Je rajoute ton couvert, m'informe Marion, ce qui me tire de mes pensées.

Assis à côté d'elle, je m'efforce de bien me tenir, de ne pas trop gigoter sur ma chaise et de fermer la bouche quand je mange. L'ambiance est décontractée. Le médecin plaisante et je fais mine de rire à ses blagues jusqu'à ce qu'il me pose la question qui tue :

— Tu vas faire quoi après le bac ?

Les trois F ? Fun, Fête, Fume, section glandage avec en modules optionnels surf et rugby. Comment lui expliquer que c'est ce qui me botte le plus en ce moment ? Je me gratte la gorge, à la recherche d'un truc intéressant à dire. Marion me fait les gros yeux pour que je balance quelque chose qui la rendrait fière, mais rien ne me vient en tête.

— Tu vas présenter te Sciences à Po ? continue son père.

— Non, j'ai plus trop envie, peut-être une prépa...

Je reste évasif en espérant qu'il lâche l'affaire. C'est un échec cuisant, tout en découpant sa viande avec délicatesse, il insiste.

— Prépa maths, pour présenter les concours d'école d'ingénieur ? Il paraît que tu te débrouilles plutôt bien dans cette matière.

Putain... j'en sais déjà fichtre rien de ce que je vais faire demain, au mieux, je cherche le premier jour que j'aurai de libre pour partir surfer, alors en ce qui concerne ma vie dans un an, c'est l'inconnu.

— Ouais, peut-être ça...

Je préfère valider ses ambitions pour moi, au moins il va abandonner le sujet.

— Et tu vises quelles écoles après ta prépa ?

Bordel, c'est pas possible d'être aussi obstiné. Je n'en peux plus de tous ces gens qui décident pour moi. De mon CPE qui ne pense qu'aux statistiques de son lycée que je vais faire exploser, de ma psy qui fantasme devant mon QI, de mon vieux qui croit que je vais entrer à polytechnique comme lui, du père de Marion qui s'imagine je ne sais trop quoi. Juste pour les emmerder, je me dis qu'au final, la meilleure des solutions serait de ne pas passer le bac. Ça leur foutrait tellement les boules si je n'allais pas à ce putain d'examen.

— Celles où je serai pris, ah ah !

Je simule un rire forcé et Marion comprend aussitôt que la conversation commence à me saouler. Pour éviter que je le dise avec toute la franchise qu'elle me connaît, elle intervient pour enfin changer de sujet.

— Max va passer le concours pour les écoles d'infirmiers ?

— Ouais, il veut faire ce que faisait ma mère.

Comme si de rien n'était, je continue de manger alors qu'un silence de plomb s'impose. Ne sachant pas comment évoquer le deuil, personne n'ose rebondir.

***

Avec ces quelques mots, j'ai royalement cassé l'ambiance, chacun regarde son assiette, au moins, le chapitre de l'avenir est clos pour le moment. Les parents de Marion ont toujours été d'une grande discrétion sur ce qu'il se passe chez moi. Comme probablement tout le village, ils sont au courant de l'arrivée des étrangers et même s'ils se rendent compte que la situation me perturbe, ils n'abordent pas le sujet avec moi. Je sais simplement par Marion qu'ils parlent avec la pouffiasse de mon père et ça me blesse parce qu'Hélène et ma mère étaient très proches. C'est comme si on l'avait oubliée à jamais, pire : comme si elle n'avait jamais existé, comme si les gens l'avaient effacée. Hélène fait partie des traîtres qui collaborent avec l'ennemie.

— Tu reprends des frites, Tonio ? finit par me proposer Hélène.

J'accepte avec plaisir. Je n'ai pas mangé de vrai repas depuis mon retour de Paris. Jamais je ne boufferai ce que cuisine l'inconnue, plutôt crever la dalle que partager leur festin d'hypocrites. Quand ils passent à table, je viens les provoquer en m'empiffrant de chips pour me moquer d'eux. Cela fait hurler mon père car je sabote leur vie de famille. L'étrangère ne dit pas grand-chose, d'ailleurs elle ne dit jamais rien en ma présence. Je ne sais pas si c'est parce que mon comportement la met mal à l'aise ou si elle refuse de s'en mêler. Max quant à lui trouve que j'abuse, mais il n'a plus les idées claires depuis qu'il a eu le coup de foudre pour la meuf qui dort à côté de sa chambre.

Tout a changé aujourd'hui. Même mon vieux. À partir du moment où il a installé sa pouffe chez moi, j'ai senti que je l'agaçais d'aller contre sa volonté, de ne pas accepter ces gens et de le montrer ouvertement. Peut-être que ça le blesse, qu'il aimerait que je partage sa joie, mais je ne le ferai jamais, ce serait trahir ma mère. Personne ne la remplacera. C'est sa maison, sa famille et je déteste voir les regards qu'échangent mon père et sa greluche, leur connivence, leurs gestes d'affection. Je vais détruire leur conte de fées bidon. Je le jure.

— Tonio, si tu veux, tu peux venir manger avec nous quand ça te chante, ça ne nous dérange pas...

La proposition d'Hélène me tire de mes pensées. Je suis touché. J'aime bien la famille de Marion qui est aux antipodes de la mienne. Le côté chaleureux et paisible de cette maison me fait parfois du bien, même si je m'y sens souvent étriqué. Ils ont su réconforter mon âme de petit garçon qui avait ressurgi sans prévenir.

J'essaie de me persuader que ma relation avec Marion sera différente de ce que j'ai vécu auparavant, que je vais être correct avec elle, que je peux m'engager. Vivre une vraie histoire passionnelle. Être celui qu'elle attend.

En fin d'après-midi, je décide d'aller prendre l'air sur la plage. Seul, assis en haut de la dune, j'observe les vagues se briser sur la grève inlassablement.

Ces dernières années, j'ai énormément grandi, à tous les niveaux. Malgré tous mes efforts, je suis vulnérable dès que mes repères sont chamboulés.

Je fais glisser une poignée de sable encore chaud entre mes doigts. Les grains s'échappent sans que je ne puisse les retenir. Je ne suis pas infaillible. Trop tôt, j'ai dû apprendre à faire des choix, à digérer vite les blessures et affronter d'autant plus vite les épreuves de la vie.

Mon existence a toujours été rythmée par une vitesse de croisière que personne n'est capable de maîtriser. La plupart du temps, je trace à toute allure sans me soucier de ceux qui m'entourent, telle une bourrasque. Si on me freine dans cet élan, je ne sais plus où j'en suis et perds tous mes moyens, je me rebelle et détruis tout sur mon passage, comme un cyclone. Je ne suis pas certain d'arriver à changer, mais pour Marion j'ai envie d'essayer.

Le soleil couchant orne le ciel de ses plus beaux atouts. Les couleurs et leur harmonie sont chaque jour différentes, on ne peut rien imposer, rien connaître à l'avance et pourtant la vie est là.

Je frotte mon pantalon en me redressant pour en retirer le sable. D'un pas décidé je descends sur la plage, au plus près de l'océan. Je refuse de faire des projets d'avenir, je veux vivre l'instant présent, et pour la première fois, la vie a été plus speed que moi. Cependant, je ne compte pas en rester là.

*That's the price you pay, Leave behind your heartache and cast away = Voilà le prix que tu paies, Laisse derrière ton chagrin et balance-le.

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