Chapitre 61

4 minutes de lecture

— Tonio, tu m'as fait tellement peur ! Mais tu es fou de partir surfer avec ce temps et en plus, tu as bu !

Elle veut me repousser mais je m'accroche à elle comme à ma bouée de sauvetage. Marion est là et tout va rentrer dans l'ordre. Je ne veux rien d'autre qu'elle. Nous nous étreignons fortement. Je relâche la pression que j'ai accumulé. Contre Marion, je m'effondre. Je plonge mon visage dans son cou pour respirer son odeur et me laisser aller. Je ne suis pas mort. J'ai eu très peur dans l'eau qui m'aspirait, sur la plage noire, dans ma tête qui ne peut plus accuser de mauvais coups. 

— Tu es gelé et trempé ! Tonio, tu dois te sécher, tu vas attraper la crève.

Dans les bras de Marion, je n'ai plus froid. La douceur de ses gestes qui tentent de me réchauffer me suffit. Ses mains passent de mon dos à ma nuque pendant que je tremble. Je ne veux penser à rien d'autres. Je me laisse bercer, glacé par la nuit et les émotions. Je tombe à genoux, épuisé. Ma tête lové contre le ventre de celle qui me sauve.

— Tonio, tu dois te changer ! me dit Marion en me repoussant.

Je ne veux pas m'éloigner d'elle. Je la serre fort avec mes bras pendant qu'elle répète toujours la même chose. Je ne veux pas la quitter. J'ai trop besoin d'elle en ce moment. J'ai peur de la perdre pour toujours si je lâche mon emprise. 

— Me laisse pas, je finis par murmurer entre deux tremblements.

— Je te laisse pas, mais lève-toi, Tonio ! Tu dois t'habiller de suite !

Je repense à Whitney. Je dois le dire à Marion. Si je ne lui dis pas maintenant, je n'en aurais plus jamais la force. Tant pis si elle me jette. Tant pis si elle ne m'aime plus. Tant pis parce que je ne peux pas être plus mal que je ne suis.

Une boule oppressante au fond de la gorge, je me lève pour plonger mes yeux chargés de larmes dans ceux de Marion.

— J'ai couché avec Whitney ! je lui balance, désespéré.

Marion soupire tristement. Nous restons ainsi, muets, face à face, les yeux dans les yeux. J'attends une réaction de sa part qui tarde tellement à venir puis elle finit par chuchoter :

— Je sais... 

Puis plus rien. Elle saisit ma main et me tire derrière elle pour me forcer à avancer. J'enfonce mes pieds dans le sable, marchant dans ses pas, jusqu'au tas d'affaires que j'ai laissé en plan trois heures plus tôt. Comme si de rien n'était, elle m'aide à retirer mon lycra collé par l'eau et le sel et à enfiler mon sweat à capuche. 

— T'as pas un pantalon ? me demande-t-elle en cherchant dans mon sac.

— Si ! 

Je plonge mes mains dans mon sac mais au lieu d'y trouver mon bas de jogging, je caresse les doigts de Marion qui finit par lever les yeux sur moi. Le sac tombe sur mes pieds et lorsque Marion veut se baisser pour le ramasser, je l'en empêche. Je l'attire contre moi. Pas pour m'affaler dans ses bras, non ! Juste pour la serrer encore une fois. Je la sens un peu tendue et ça me fait mal de la voir me résister. J'ai tout gaché. Je le sais. Je l'ai fait consciemment. J'ai pas pu m'en empêcher. C'était plus fort que moi. J'avais trop peur de son retour alors j'ai tout fait explosé pour ne pas être confronté à ce moment. Et maintenant, je suis rongé par les regrets...

— M'en veux pas, s'te plaît ! 

J'appuie mon menton dans sa chevelure. Marion se détend légèrement. Ses mains froides passent sous mon sweat. À ce contact, mon corps est parcouru de frissons. 

— Marion, m'en veut pas ! j'insiste. 

Je ne sais pas quoi lui dire d'autre et ça me fait rager qu'elle ne dise rien. Je me décolle un peu d'elle en attrapant son menton pour l'obliger à me regarder. 

— Je m'en fous de Whitney, dit-elle sans me regarder.

— Ça se voit bien que non...

— Je t'assure que si. Tout ce qui s'est passé jusqu'à aujourd'hui ne compte pas. C'était un peu le deal, non ? Je t'ai laissé jusqu'à nos retrouvailles. C'est sûr que j'aurais préféré que... non, mais voilà ! On y est ! 

Je n'en reviens pas qu'elle me dise ça. Je me suis foutu une de ces putains de pression, juste pour ça ? C'est pas possible d'être aussi nerveux. Sans lâcher le menton de Marion, j'approche mon visage du sien pour l'embrasser. Juste un smack. Un bisou léger. Sans réfléchir. Puis je la libère pour attraper mon jogging au fond de mon sac. 

— T'es bourré ?

— Non, avec ce que j'ai vêcu ce soir, j'ai eu le temps de décuver...

Je retire mon maillot tout mouillé pour enfiler mon jogging. Marion regarde ailleurs et ne fait pas de commentaire. Ça me fait sourire de la voir si pudique. Puis je ferme mon sac pour le mettre sur mon dos. Je porte également mon surf.

— Je te prends ton skate, si tu veux ! On retourne au camping ?

— Non, moi j'y vais pas ! Je me suis engueulé avec mon frère, il va me casser les couilles...

Et je ne veux pas en remettre une couche avec Whitney qui est aussi là-bas.

— Tu vas où ?

— Je rentre chez moi ! J'ai des choses à mettre en ordre là-bas.

Nous remontons difficilement la dune à cause du vent. En plus de toutes mes affaires, j'aide parfois Marion.

— Dépêche-toi, il va pleuvoir ! 

— Je rentre pas chez moi à cette heure-ci, m'informe Marion. Mon père va me tuer...

— Viens chez moi !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Antoine COBAINE ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0