Chapitre 59

4 minutes de lecture

Je mets presqu'une heure avant d'arriver. Il fait chaud et faire du skate avec un sac de surf dans les bras, c'est pas très simple, même quand on utilise des pistes cyclables plutôt plates.

En arrivant au bord de l'eau, j'ai la tête qui va exploser. Trop de choses me rongent. Je décide de m'assoir sur un band, en plein pic du soleil pour regarder l'océan. Au milieu de tout mon barda, je fulmine contre mon père. Mon portable vibre et je découvre un message de Max plein de reproches.

Max : Putain Tonio tu peux pas la fermer des fois ? Papa est dans tous ses états. T'es où ?

Je choisis de couper mon portable sans répondre. Je sais que ça va le faire rager et inquiéter tout le monde. Et bien c'est parfait, qu'ils aillent tous se faire foutre ! Sur la plage, je reconnais Ethan et Whitney ainsi que d'autres personnes de mon lycée. J'hésite à y aller. Je sais que quand je suis dans cet état, tout m'énerve. Je suis plein de hargne et de tristesse. Je dois me calmer mais j'ai si peu dormi que c'est peu probable que j'y arrive.

Je reste seul, sur mon banc à rechigner, à rallumer mon téléphone pour surveiller ce qu'il se passe et à l'éteindre. Surtout quand c'est Marion qui m'écrit pour m'annoncer qu'elle est rentrée. Je ne veux surtout pas ouvrir ses SMS. Cette journée est vraiment horrible.

Lorsque la plage se vide, je trouve enfin la force de bouger. Je me résouds à me rendre au camping du curé. Une fête doit être en train de démarrer. J'arrive tout penaud sans trop savoir où me mettre ce qui est totalement inhabituel chez moi. Je ne suis pas à l'aise.

Jimmy et Dylan me sautent dessus, heureux de me retrouver après tout ce temps.

— Alors ? Tes vacances ?

— Pourries !

— Puatin mec, t'as pas l'air dans ton assiette !

Je hausse les épaules en regrettant d'être venu. Le problème, c'est que je n'ai nulle part où aller ! Je ne peux pas me réfugier chez moi après ce qu'il s'est passé, je ne peux pas me pointer chez Marion non plus sans imaginer me faire jeter et je ne veux pas aller chez mes grand-parents. Je suis destiné à errer.

— Bois un coup, frère ! Ça ira mieux ! me conseille Dylan en me tendant une bouteille.

— Tu veux qu'on appelle Whitney ? me propose Jimmy en riant. On a cru comprendre qu'elle est en mesure de te consoler !

Cette histoire n'aura pas mis longtemps à circuler... Les ragots de village, il n'y a rien de pire. Enfin, sauf que là, il ne s'agit pas d'une rumeur.

— Vous avez su comment ? je m'inquiète en imaginant que si eux sont au courant, il y a de forte chance que Marion aussi...

— Snapchat... Ethan et ton frère...

Ah, les salauds ! Je me souviens maintenant d'eux sur leur téléphone pendant que Whitney suçait mon pouce puis me galochait.

— Ah ouais...

Je saisis la bouteille de vodka que me tend Jimmy depuis tout à l'heure. Je m'enfile une bonne rasade. C'est un peu dur pour mon estomac à jeun et déjà bien saturé de ma cuite de la veille mais je n'ai plus que ça a faire : me mettre minable...

— Oh Speed ! Vas-y tranquille ! Sinon tu vas vite gerber !

— Au point où j'en suis...

Whitney apparait dans mon champ de vision. J'ai le coeur plein de regrets en la voyant. Mais pourquoi j'ai couché avec elle ? Pourquoi j'ai merdé ?

— Salut Speed, me dit-elle en s'avançant pour m'embrasser.

Je lui tends la joue et lui claque sèchement deux bises. Elle tente de paraître indifférente mais je sens qu'elle est déçue.

Notre petit groupe s'installe autour d'un feu qu'alimente Ethan. Nous sommes une bonne dizaine à picoler tranquillement, à fumer aussi et à grignoter quelques chips et gâteaux apéro.

À la tombée de la nuit, je commence à avoir les idées un peu embrumées. Je ne participe pas vraiment aux conversations. J'ai la tête toujours chargée de rancune et le coeur inquiet par le retour de Marion.

Max finit par apparaître. Nous nous affrontons du regard pendant qu'il salut chacun de nos amis. Quand il arrive à ma portée, il me met un claque derrière la tête et se fâche :

— Putain Tonio ! Tu peux pas répondre aux messages ? On était tous inquiets !

— Dans "tous", tu comptes aussi la pouffe du vieux ?

Rien que de repenser à la maison, je recommence à m'énerver. Je saisis la bouteille de vodka posée par terre et je bois en défiant Max.

— Bon, fais ce que tu veux !

— C'est bien ce que je compte faire !

— Comme d'habitude...

— Exactement !

— Au fait, j'ai vu Marion et elle arrive ici !

— Et alors ?

— Et alors rien, c'était pour te prévenir...

Je me renfile une nouvelle rasade de vodka. Il me fait paniquer, ce con et il le sait.

— Tu veux que je te remercie ou ça ira ? je lui demande.

— Oh putain, que tu me saoules, ducon !

— Ça tombe bien, c'est réciproque, abruti !

— Au passage, j'ai eu Paulo au téléphone et il m'a dit que c'est lui qui avait tout débarrassé dans sa chambre, parce qu'il ne comptait plus revenir...

— Mais ta gueule ! je l'insulte. T'as pas pu t'empêcher d'aller pleurer auprès de Paulo que j'étais pas mignon...

— T'es bourré, c'est pas la peine de parler avec toi !

— Chacun son tour ! C'était toi hier soir, trou du'c !

Le ton monte et tout le monde commence à se demander ce qu'il nous arrive.

— Ouais mais moi j'ai pas couché avec une meuf pour éviter de reconnaître que je suis amoureux de ma meilleure amie...

— Oh mais de quoi tu te mêles, bordel ? Tu me saoules !

Je lui tourne le dos et je m'échappe. Ce qu'il dit est du grand n'importe quoi ! Je ne suis pas amoureux et je ne le serai jamais !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Antoine COBAINE ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0