Chapitre 57

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— Tonio, tu sais qu'en vrai je te kiff depuis hyper longtemps ?

Ah ! Je rêve où elle est en train de me faire une déclaration. Je dois partir le plus vite possible. Je mets mes chaussures et fait les lacets. Sans trop savoir quoi répondre, je lance pour tenter de détendre l'atmosphère :

— C'est pour ça que tu m'avais mis un râteau mémorable dans le vieux château !

— Non mais t'avais treize ans !

— J'en ai quinze maintenant et on a toujours la même différence d'âge, je te fais remarquer...

— J'étais vierge...

De mieux en mieux ! La vraie raison de ce vent que Whitney m'a mis deux ans plus tôt, n'était donc pas du à mon inexpérience mais à la sienne. Mais putain !

— Hey mais t'es horrible ! Tu aurais pu me le dire, j'ai cru que c'était à cause de moi ! Tu m'as traumatisée à mort...

— Non ! T'as vraiment pas l'air traumatisé ! Et toi, quand tu m'as bien excité dans ta chambre pour me larguer comme une merde !

— Ça, c'était pour me venger !

Whitney réfléchit, enroulée dans le drap. Je m'assois un peu plus prêt d'elle pour attraper le joint sur la table de nuit. Je cherche au fond de ma poche mon briquet. Puis avant de me lever, je lui fais un bisou rapide sur la joue, histoire de lui dire merci pour cet agréable moment.

— Hey, gamin ! m'interpelle-t-elle alors que je me lève. 

Elle tente de me retenir en saisissant ma main. Mais je me libère de son emprise pour m'allumer mon joint. 

— J'y vais !

Je me baise pour rattraper ma capote et la mettre dans ma poche.

— Demain soir, on va tous dormir au camping du curé... Tu viendras ?

Demain soir, Marion va rentrer. Et comment expliquer à Whitney que je me sens tout con ?

— Peut-être...

Je m'échappe vers l'extérieur où j'ai laissé mon skate en plan sur la terrasse. Sur la table trône encore la bouteille de rhum. J'hésite à en prendre une rasade. Puis je cède, j'ai besoin de force pour affronter ce qui va se passer chez moi. Je m'envoie quatre ou cinq gorgées et je reprends la boîte à fume restée là. Ensuite, je file dans la rue.

Chez moi, la porte d'entrée est fermée à clef. Je suis sûr que mon père a fait exprès pour nous signaler qu'on a qu'à dormir ailleurs. J'ai pris mon trousseau mais il a laissé la clef sur la porte et donc je n'arrive pas à déverrouiller. Merde ! Je fais le tour de la maison et j'escalade la grille du jardin de derrière. J'ai un peu de mal, je ne voudrais pas finir embroché. Ce sont les restes de ma soirée. Heureusement, ce n'est pas très haut et j'arrive à passer en m'appuyant sur la poubelle qui est restée dehors. La porte du garage est ouverte et je peux donc accéder à la buanderie et à la cuisine. Je claque la porte violemment. Je fais exprès... histoire que tout le monde sache que l'ouragan Speed est revenu.

Je monte bruyamment l'escalier et fonce dans le couloir. Les lattes du plancher craquent sous chacun de mes pas. J'aime la résonance que mes mouvements procurent dans le silence. Je passe d'abord par la salle de bains. J'ai mon linge à étendre. Je remplis la panière et je me pointe devant  la porte de la chambre de mon père pour installer le tenkarville dans le couloir. 

Une fois mes affaires étendues, je décide de prendre une douche. En me déshabillant, je constate que tous les produits que j'avais viré sont revenus. Aussitôt, je les remets tous dans la poubelle et je jette par-dessus ma capote usagée. Le message ne pourra pas être plus clair...

Une fois ma douche prise, je fonce me coucher. Je n'arrive pas à dormir. Je tourne dans mon lit, énervé par l'alcool que j'ai bu et surtout par tous ces gens étrangers chez moi. Je cherche des solutions pour qu'ils partent, le plus vite possible. Je ne veux pas d'eux. Je ne veux pas que l'on change une fois de plus mes habitudes, que mon équilibre familiale soit encore modifier. Je ne supporterai pas que quelqu'un me surveille, donne son avis, observe ce que je fais. J'en veux à mon père, putain ! 

Je préfère me lever à nouveau, je quitte ma chambre en recommençant à marcher lourdement sur le plancher. Je vais me réfugier dans le bureau de mon père. J'allume son ordinateur et je me connecte à ma cession pour traîner sur les réseaux. Personne n'est en ligne à cette heure-ci. Sauf moi...

Marion dort certainement. J'aurai tellement voulu qu'elle rentre un soir plus tôt. Je ne serai certainement jamais allé chez Whitney. J'essaie d'oublier cette épisode en choisissant de partir courir. Il n'y a que ça qui peut me vider totalement l'esprit et me calmer.

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