Chapitre 52

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J'en veux à mon père de nous avoir envoyé en vacances loin d'ici pour installer tranquillement sa meuf pendant notre absence. Cette femme qui touche chaque objet appartenant à ma mère, qui dort dans son lit et se lave dans sa salle de bains. Je ne peux pas l'accepter. C'est impossible ! J'ai beaucoup trop mal pour lui donner une quelconque chance.

Furieux, je monte l'escalier en pierre, mon sac sur l'épaule. Je réfléchis à la stratégie à établir pour l'obliger à quitter les lieux rapidement. 

— Salut, m'interpelle la voix d'une fille.

Elle s'apprête à descendre. Nos regards se croisent. Je la détaille. Elle me scrute. Elle doit avoir mon âge à quelque chose prête. La brune aux yeux bleus me sourit alors que j'ai envie de l'étrangler.

— Qu'est-ce que tu fous là, toi ? je lui demande avec agressivité.

— Je suis la fille de Véra.

— J'en ai rien à foutre ! Dégage !

Elle écarquille les yeux pendant que je la bouscule pour foncer dans ma chambre. J'y jette mon sac puis je fais demi-tour. La porte de la chambre de Paulo est fermée. Je mets un grand coup de pied dedans. Elle s'ouvre et claque contre le mur.

La pièce a totalement changé de configuration. Les meubles de Paulo ont disparu pour laisser place à un mobilier neuf. Affalé sur le lit un adolescent attend que je réagisse. 

Mon père est un lâche, un abruti. Je le déteste. À ce moment-là, je me dis que j'aurais préféré que ce soit lui qui meurt. Tout aurait été tellement plus simple. Non seulement, il a remplacé ma mère, mais il a aussi remplacé Paulo. Jamais je ne pourrai lui pardonner. Il vient de perdre toute mon estime. Je lui en veux et ils vont tous le payer.

Cette femme qui s'installe ici comme si de rien n'était. Ses gosses qui squattent ma maison. Mon père qui n'a pas eu le courage de nous prévenir.

— C'est la chambre de mon frère, ducon ! T'as rien à foutre ici !

— Je sais mais c'est...

— Ta gueule, tu m'adresses pas la parole !

Max est derrière moi et je me retrouve face à lui lorsque je me retourne. Il est gêné.

— Tonio, c'est pas sa faute...

— Toi, va falloir choisir ton camp ! je le préviens en lui tapant dans l'épaule.

La guerre est déclarée. Je suis chez moi et tout le monde va le savoir ! Je repars dans ma chambre. Je tourne en rond. Je file un coup de pied dans la porte de mon armoire qui ne tient pas fermée. Je fais le point. Y a un gars qui vit dans la chambre de Paulo et je suppose que la meuf a récupéré la chambre d'ami entre celle de Paulo et celle de Max. J'irai vérifier tout à l'heure. Je suis trop énervé en ce moment. 

— Ça va, me demande Max en se jetant sur mon lit.

— Non !

— C'est la merde, je sais ! Tu veux sortir, ce soir ? Y a Ethan qui nous propose d'aller chez lui !

Je soupire. Je ne sais pas quoi faire en vérité. Je me sens perdu. Y a trois étrangers installés dans ma maison pour une durée indéterminée. Je suis en colère. Tellement en colère, que je casserai tout. Je sais que si je sors, je vais faire n'importe quoi. Tant pis, ça m'évitera de trop dépasser les bornes ici. 

— Ouais, je pense qu'il vaut mieux que je me barre...

— On part dans quinze minutes ?

— Ouais ! Je prends une douche et j'arrive !

Je n'ai plus de jeans propre. Tant pis, pour une fois, je vais sortir avec mon vieux bas de jogging Décathlon dans lequel je traîne chez-moi. Je prends également un sweat à capuche gris. Je vide mon sac dans la machine à laver que je mets aussitôt à tourner.

Je vais m'arranger pour dormir chez Ethan. La meuf de mon vieux va comprendre qui c'est qui commande dans la maison ! Ça va lui faire tout drôle ! Je vais lui en faire voir comme jamais. Je fonce dans la douche. Rapidement je me savonne. Putain, y a ses produits jusqu'ici. Je shoote dedans en finissant de me rincer. 

Je sors et entoure ma serviette autour de ma taille. Puis j'attrape tout ce qui appartient à l'étrangère :  son shampoing, son après-schampoing, ses crèmes, son maquillage, sa brosse à dents, son dentifrice, sa brosse, sa trousse de toilette, son sèche-cheveux, son lisseur... tout ce que je ne connais pas. Je mets tout dans la poubelle. Si je pouvais mettre la meuf dedans, sur le champs, j'en ferais autant !

Une fois prêt, je fonce dans la chambre de Max en vérifiant au passage mes doutes sur la chambre d'ami. C'est bien ça, l'odeur de fille est présente jusque dans le couloir.

Max partage même sa salle de bains avec elle. Je me demande qui est le plus à plaindre entre lui et moi. Chacun a son lot de malheur : la fille et ses paquets de serviettes hygiéniques ou la mère avec ses crèmes anti-rides. 

— Tonio ! Max ! hurle mon vieux dans la cage d'escalier.

— Merde, lâche Max en arquant les sourcils.

— Je te préviens, je lui parle pas ! Je descends et je me casse direct chez Ethan... Toi, tu fais comme tu veux !

— Rho, t'es chiant Tonio !

Max passe devant et descend l'escalier le premier. Mon père nous attend les mains sur les hanches. En plongeant son regard dans le mien il déglutit. Il sait que je ne vais pas l'épargner. J'espère qu'il a bien réfléchi aux mots qu'il va utiliser parce que moi, je sais ce que j'ai sur le coeur. 

— Salut papa ! lance Max en s'avançant pour l'embrasser.

Putain, Max ! Lui donne pas cette satisfaction que la situation est normale ! Je profite de leur légère effusion pour foncer vers la sortie.

— Tonio, tu vas où ? interroge mon père.

— Depuis quand tu t'en inquiètes ? 

Je fais un détour par le salon où je pique sa boîte à fume, caché dans le bar. Je vérifie qu'il ne m'a pas suivi. Il est en train de parler avec Max. Puis, je claque la porte derrière moi.

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