Chapitre 51

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Ce jour arrive enfin. Lorsqu'avec Max, je pose les pieds sur la terre bordelaise, je suis aux anges. Je me jure que jamais plus, je n'irai passer de vacances chez ma tante à Paris. C'est TERMINÉ !

Paulo nous fait signe, il nous attend en bas de l'Escalator, à la sortie de l'avion. Nous fonçons vers lui. Il embrasse rapidement Max et pour une fois que j'ai vraiment envie de le serrer dans mes bras tellement je suis heureux d'être de retour, c'est à peine s'il me regarde.

— Ça va pas ? je le questionne aussitôt.

— Si, merdeux ! Bougez-vous, je suis mal garé.

Je trouve son attitude extrêmement bizarre. Mais j'imagine qu'il est contrarié à cause de mon comportement à Paris. Cette balance de Max a du lui faire un rapport quotidien...

Je m'installe devant à côté de Paulo qui ne semble vraiment pas dans son assiette. Moi, je suis très enjoué de rentrer et je n'arrête pas de lui faire des blagues bien lourdes. Il sourit à peine. Il est tellement chiant quand il fait la gueule que je choisis de ne pas y prêter attention Jusqu'à ce que je me rende compte qu'il ne prend pas la direction de la maison, mais celui de la plage.

— On va pas à la maison ? je l'interroge.

Il me jette un coup d'oeil nerveux avant de se garer sur le parking au bord de l'océan. Il se détache et sort de la voiture. Max et moi le rejoignons. Un vent frais caresse nos visages. Paulo s'appuie sur le capot de sa voiture pour s'allumer une clope puis il jette son paquet à Max qui se sert et fait de même.

— Tu fumes, Tonio ? me demande Max.

— Je devrais ? j'interroge Paulo.

Il se râcle la gorge et hausse les épaules puis finit par dire :

— Je crois...

— Qu'est-ce qu'il se passe ? je lui demande inquiet.

Max me tend le paquet de cigarettes. Je lui arrache des doigts nerveusement. Je sors une clope et la mets à la bouche. Puis je prends le briquet des mains de Max. 

— Putain, balance, trou du'c ! j'ordonne à Paulo en approchant la flamme du briquet de ma clope. 

J'aspire un peu pour l'allumer quand mon frère parle enfin.

— J'ai déménagé toutes mes affaires de la maison. J'ai vidé complètement ma chambre. Je ne reviendrai pas !

— Ouais, je m'en doutais, je lui dis rassuré qu'il ne s'agisse que de ça. Ça va avec les vieux à Bordeaux ? 

Paulo s'est installé chez mes grands-parents. Il se penche pour vérifier l'heure sur son portable. Il est à peine 15 heures. Il ne doit pas vouloir rentrer trop tard pour ne pas qu'ils s'inquiètent. 

Les vagues qui déferlent sur le rivage m'appellent.  Demain, je reviendrai surfer !

— Ça va, c'est bon, je les ai aidé à déménager. Y a une chambre en plus là où ils sont, vous pourrez venir plus souvent !

— Génial ! approuve Max.

— Sans moi ! Tata a été trop casse-couilles, j'ai ma dose pour le moment...

Max me fusille du regard puis se ravise de commenter. Je coince ma clope entre mes dents et lui fais un fuck avec chacune de mes mains. Ça énerve Paulo qui me met une tape dans le ventre.

— Arrête un peu, branleur ! Bon je vais vous ramener mais y a un truc qu'il faut que je vous dise au sujet du vieux !

— Quoi ? demande Max en recrachant la fumée de sa cigarette.

— Il a installé sa meuf à la maison ! lance Paulo comme si ce qu'il disait était normal.

Je m'arrête de respirer en me répétant ce Paulo vient de me dire. "Il a installé sa meuf à la maison !" BORDEL ! C'est pas possible, ça. Je me repasse rapidement l'histoire des derniers mois. La mort de ma mère. Mon père qui noie son chagrin. Ce vide dans la maison. La vie qui continue malgré tout. Mon père, ses disparitions et ses apparitions. Les engueulades avec Paulo. Ma complicité avec mes frères. Le temps qui passe. L'acception du supplice. Et maintenant que tout va presque bien, le départ de Paulo et l'arrivée de cette ... étrangère.

— Ramène-moi là-bas ! j'ordonne à Paulo en balançant ma clope d'un coup d'index.

— Je vous préviens juste... Mais je vous pose devant, je descendrai pas !

Je monte dans la voiture, une boule au ventre. Ça va être vite réglé cette histoire. Cette meuf va dégager aussi vite qu'elle est arrivée. 

Paulo ne met pas longtemps pour faire le chemin jusqu'à la maison. Il descend de la voiture et m'accompagne jusqu'au coffre où je récupère mon sac.

— Je t'appelle ce soir ! me dit-il, le regard inquiet. Tonio, fais pas le con ! Max, tu le surveilles...

— T'inquiète !

Je n'attends pas que mes frères aient fini de se dire au revoir pour rentrer. Je pousse la porte de chez moi d'un coup sec. Je fais rapidement un tour d'inspection mais rien ne me semble avoir changé dans le hall d'entrée. Max arrive derrière moi. Du bruit se fait entendre dans la cuisine. 

La voiture de Paulo redémarre. Une femme brune aux cheveux très courts se présente, un torchon à la main. Elle me regarde, mi-surprise mi-embarassée.

— Bonjour ! murmure-t-elle. 

Je la détaille méchamment de la tête aux pieds. Max lâche un bonjour dans mon dos. 

— Je suis Véra ! Je vais prévenir votre père de votre arrivée.

— Ta gueule ! je lui lance avant de lui tourner le dos pour monter dans ma chambre. 

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