Chapitre 49

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L'alcool et les pétards ne remplissent pas mon estomac. C'est la faim qui me décide à rentrer. Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est mais j'ai passé une soirée géniale. Je rentre en titubant et avec le fou rire en pensant à ma tante qui doit rager. Je ne peux même pas me glisser discrètement dans l'appartement car je n'en ai pas les clefs. Je suis donc obligé de sonner à l'interphone en bas. Sans aucun commentaire, la porte se déverrouille. C'est plutôt mauvais signe. Je choisis l'ascenseur à titre tout à fait exceptionnel. Je n'ai pas le courage de monter à pieds par l'escalier. Pas le courage ou pas la capacité ? Je suis cramé, bourré, fatigué, défoncé.

La porte de l'appartement est entre-ouverte, je la pousse lentement en étouffant un rire quand je tombe nez à nez avec ma tante les bras croisés et en chemise de nuit.

— Salut ! je lance en voulant prendre le chemin de la cuisine. 

Il faut que je bouffe un truc ou je vais mourir. 

— Tu te moques de moi ? m'arrête ma tante. On était tous inquiets !

Je la détourne pour forcer le passage et entrer dans la cuisine où  je trouve mon frère et mes cousines qui écarquillent les yeux sur moi.

— Ça va ! Je faisais du skate...

— Tu rigoles ? Il pleut et y avait plus personne au skate-park, j'ai été voir ! me coupe Max.

— Bah, je sais ! J'étais ailleurs...

Je commence à ouvrir tranquillement le frigo. L'odeur du fromage s'empare de mes narines et remplis mes poumons. Au secours ! J'ai soudainement très, très, très envie de vomir. Je referme le frigo et m'appuie sur le comptoir. Tous les visages me détaillent. Pendant que ma tante revient à la charge.

— On a essayé de t'appeler toute la soirée !

— J'avais plus de batterie, j'articule en rotant sans fermer la bouche.

— Tu sens l'alcool ! me reproche tata en me tournant autour.

— Il est bourré ! confirme Laura.

— Et défoncé ! ajoute Max. T'étais où ?

Je serre les dents. Si j'ouvre la bouche, je gerbe. J'incline la tête légèrement sur le côté et j'essaie de paraître naturel. Je ne dis rien, je souris à tout le monde parce que je me marre intérieurement. Ils sont tous vénèrent et moi, je suis bien ! Je suis enfin heureux d'être à Paris. C'est la première fois que ça m'arrive...

— T'as fait quoi jusqu'à deux heures ? Oui parce qu'il est deux heures du matin ! On était tous inquiets, bon sang Tonio ! Va falloir que tu grandisses un jour. Ça te coutait quoi de nous dire où tu étais ! 

— Et avec qui tu t'es bourré la gueule ? insiste Max.

Oh là ! Ça va de moins en moins bien, moi ! J'ai la tête qui tourne et des hauts le coeur de plus en plus violents. Je ne peux plus me retenir. J'ai à peine le temps de me retourner pour vomir dans l'évier juste à côté de moi. Je déteste gerber. Cette sensation de liquide âpre qui te remplit la bouche et qui t'empêche de respirer, cette sensation d'étouffer et que ça ne s'arrêtera jamais.

Et pendant tout ce temps, ma putain de tante qui me gueule dans les oreilles :

— Mais c'est pas possible ça, Tonio ! Tu as fait quoi cet après-midi ? Tu étais où ? Tu as pris des drogues ? Est-ce que tu as pris des choses danguereuses ? Est-ce qu'on doit t'emmener aux urgences pour te faire un lavage d'estomac ?

— Il se fait naturellement ton lavage d'estomac, tu crois pas ? j'arrive à articuler quand enfin les vomissements se calment.

Je me laisse glisser sur le sol, incapable de tenir debout. Mes cousines attendent dans le salon pendant que ma tante court partout, paniquer par mon état. 

Max n'en mène pas large. Assis à côté de moi, il poursuit l'interrogatoire.

— T'as bu de l'alcool ?

Je lève le pousse en guise de réponse. Je ferme les yeux, je me sens partir. Putain, je crois que je fais un coma éthylique. Je tombe sur un côté lentement, je le sens et je n'arrive pas à contrôler mon corps. C'est le trou noir. 

— Tonio, Tonio ! gueule Max en me fouttant de grandes claques dans la figure. 

Je reviens à moi mais je n'arrive toujours pas à faire réagir mon corps pour parler.

— Tonio, t'as fait que boire ou t'as pris d'autres trucs ? continue Max. Oh, réponds ! T'as deux minutes pour réagir, sinon c'est direct les pompiers...

Oh bordel ! Je veux pas les pompiers... Je me force à ouvrir un oeil et à marmonner.

— Je veux dormir !

— Dis-nous ce que tu as consommé avant, putain !

— Wisky !

— T'as fumé  ?

Je lève mon pousse.

— C'est tout ? 

Je relève mon pousse. 

Les gens parlent de moi et se concertent à mon sujet pendant que je me rendors à même le sol de la cuisine. Je veux juste qu'on me laisse tranquille.

— Tonio, t'es là ? gueule à nouveau ma tante.

Je lève un pouce pour lui montrer que ça va. Je suis défoncé, bordel ! Qu'on me laisse dormir !

— Tonio, tu te bouges, debout !

Hein, je bouge de rien du tout. LAISSEZ-MOI, je crie intérieurement. Je sens Max tenter de me soulever. Il va me refaire gerber, cet abruti ! C'est tout ce qu'il va gagner...

Je ne sais pas comment, ils arrivent à me hisser sur le canapé où je sombre toute la nuit. Je n'ai jamais aussi bien dormi. Il est neuf heures quand j'ouvre un oeil et que je découvre ma tante endormie sur le fauteuil à côté de moi. Merde, ça va chier...

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