Chapitre 45

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— Vas-y, je suis pas jaloux, qu'est-ce que tu racontes ? je réfute sérieusement en faisant les cents pas sur l'emplacement du mobil-home.

Mais putain, bien sûr que je suis jaloux de ce connard qui touche Marion toute la journée pendant que je suis à 500 kilomètres d'elle. Il me rend fou avec toutes ses photos !

 — Si, t'es jaloux ! J'aurai jamais pensé ça de toi...

— Hey, mais t'as vu les photos qu'il met sur son insta ? je dis en agitant les bras comme si elle pouvait me voir.

— En plus, tu me stalkes ! 

Je sens que je vais m'énerver. Vraiment. Je sens que ça vient. Pourtant, j'ai nagé tout ce matin. Je me suis dépensé. Je devrais pas monter en pression comme ça pour une ou deux photos... Je mets un coup de pied dans le matelas pneumatique de ma cousine. Max qui me surveille depuis la tente  m'ordonne de me calmer. En guise de réponse, je lui fais un doigt d'honneur puis je réponds sèchement à Marion avant de lui raccrocher au nez  : 

— Merde, me fais pas chier !

Je balance mon portable dans ma chambre de tente sans faire attention à Max qui se fout de moi et je fonce m'asseoir à table, contrarié.

— Hey dis donc Tonio, tu peux aider à mettre le couvert ! me reproche ma tante les mains sur les hanches.

— J'ai mal aux genoux !

— T'avais pas mal aux genoux pour nager tout à l'heure !

Elle ne décolle pas de la porte de la cuisine et me dévisage en attendant que je daigne me lever pour aider. Elle peut toujours attendre...

— Oh mais putain, vous comptez me casser les couilles toute la journée ? Je mets pas le couvert. J'ai pas envie de mettre le couvert. J'en ai rien à foutre du couvert, ok ? je me mets hurler.

— Tu sors de table et tu vas te calmer... Tes sautes d'humeur, tu les gardes pour toi ! T'as pris ton traitement ?

— J'ai pas de compte à rendre ! 

J'ai totalement perdu le contrôle de ce que je fais ou dis. Mes émotions ont pris le dessus sur moi. Quand je suis dans cet état, rien ni personne ne peut me raisonner. Je le sais. Je ne me sens pas bien. Je souffre vraiment. J'ai envie de pleurer et je me retiens. Je ne sais pas quoi faire. Aucun exercice de respiration n'a d'effet. J'ai envie de crier sur tout le monde.  

— Tonio, y a Marion qui t'appelle sur ton portable... m'informe Max en me lançant mon téléphone dans les bras.

Je le saisis au vol et je pars marcher. Je rumine et me parle tout seul dans les allées du camping. Marion insiste mais je ne lui réponds pas. Je m'en veux d'être comme ça, d'avoir cette attitude destructrice, de ne pas savoir m'arrêter tant qu'il est encore temps, de me rendre compte que je dépasse la limite, que je vais droit dans un mur, que je vais le regretter et de foncer quand même. C'est plus fort que moi, j'ai besoin que cette colère sorte pour ne pas étouffer. Pour me sentir vivant. 

J'ai peur que Marion revienne sur sa proposition. Et si à son retour, elle ne voulait plus de moi ?

— Tonio ? m'interpelle Eva.

Sans m'en rendre compte, j'ai marché à travers tout le camping. J'ai du passer devant chez Eva. Elle me suit. Je n'ai pas envie de lui répondre à elle non plus. Je me sens mal.

— Hey, ça va pas ?

— Non ! je finis par lui avouer en étouffant un sanglot.

Elle marche à côté de moi, les bras croisés.

— Si tu as envie de parler, je suis là.

— Je suis énervé ! Vraiment ! j'arrive à articuler en accélérant le pas.

— Je vois ! 

Elle avance un peu plus vite pour s'adapter à mon rythme. Mon téléphone vibre dans ma main. Je regarde l'écran et le visage de Marion apparaît sur mon portable. Eva me dévisage avec un air interrogateur.

— C'est Marion... je lui indique en haussant les épaules.

— Ta copine ? 

— J'aimerais bien...

C'est vrai, c'est tellement compliqué pour moi cette situation. On n'est pas ensemble du tout. Y a rien et pourtant j'ai une pression d'enfer sur les épaules. J'ai vraiment peur de perdre Marion.

— D'accord ! répond-elle en réfléchissant. Et pourquoi tu lui réponds pas ?

— Pour l'emmerder, parce que je sais faire que ça, emmerder les gens.

— C'est pas vrai. Je suis sure qu'elle est folle de toi et que justement, le fait que tu lui répondes pas et que tu la fasses rager, ça doit la mettre dans tous ses états.

Ça, c'est certain qu'elle doit me bénir de ne pas lui répondre. Je fonce vers un banc pour m'asseoir. Eva se pose à côté de moi. Nous sommes très proches. Nos jambes se touchent mais je ne ressens rien de malsain dans cette promiscuité. Juste un peu de réconfort.

— Je crois pas qu'elle m'aime, j'avoue tristement.

— Tu crois que si elle en avait rien à faire de toi, elle perdrait son temps à t'appeler toutes les trois minutes ?

Je regarde mon écran et je réfléchis. D'avoir marché, accompagné d'Eva m'a légèrement détendu. Cette fille m'ouvre les yeux et me conseille. Depuis l'an dernier, elle a beaucoup changé.

— Vingt-neuf appels en dix-sept minutes, je dis en souriant.

Eva sourit aussi en vérifiant sur mon écran.

— T'imagines dans quel état elle est ta Marion ? Vingt-neuf appels, Tonio ! Rappelle-la, espèce de malade...

— Non, c'est plus compliqué que tu ne le penses... mais oui, je vais lui répondre ! Merci Eva. Ah et si Marion existait pas, j'aurai forcément tenté un truc avec toi cet été ! je dis en me levant pour m'éloigner un peu.

— Mais tais-toi, imbécile ! Rappelle ta Marion ! me lance Eva qui me regarde faire.

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