Chapitre 44

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Les après-midis de pêche deviennent mon quotidien durant la dizaine de jours qu'il me reste à passer à Nice.

Les journées sont longues et je m'ennuie de tout cette année. Peut-être que c'est le contre coup de tout ce que j'ai vécu. Ma voix revient tranquillement. J'ai moins mal à l'intérieur de moi. La mer me calme et me fatigue. Je me pose moins de question quand je plonge en apnée pour découvrir les fonds marins.

Je suis las d'être loin de chez moi. Paulo me manque. J'appréhende la vie sans lui. Marion me manque. J'ai peur de rentrer pour la retrouver.
Seule l'eau, tantôt bleue turquoise et tantôt grise à cause du temps, me calme et m'apaise. J'y passe tout mon temps. Je plonge dans la mer chaude et elle me livre ses secrets. Un masque, un tuba, une paire de palmes et je suis rassasié.

En attendant que tout le monde se réveille ce matin, je décide de reprendre mon entraînenent intensif pour me préparer pour le rugby. Ne pouvant toujours pas courir à cause de mes genoux, je me dirige vers la piscine. 

À 9 heures, à l'ouverture, il n'y a jamais personne. Je peux faire quelques longueurs, sans trop forcer sur les jambes pour ne pas me massacrer les genoux plus qu'ils ne les sont. Je choisis le crawl pour travailler tous les muscles de mes bras et de mon torse. Ça m'aide à passer le temps, à me décontracter, à m'épuiser et surtout à être prêt pour la rentrée. J'espère pouvoir recourir en arrivant à Paris. Avec les genouillères, sans trop forcer, je pense que ça peut le faire. En attendant, j'enchaîne les longueurs dans la piscine.

Lorsque je sors, après plus d'une heure d'effort,  je trouve Eva assise sur la chaise longue à côté de la mienne. 

— Salut ! je lui lance un peu surpris de la trouver là à m'attendre.

— Salut, je vois que tu as gardé tes bonnes habitudes !

Je secoue mes cheveux encore un peu longs pour les essorer et je me laisse tomber sur le bain de soleil. J'attrape mon téléphone pour vérifier que je n'ai pas de message puis je me décide enfin à répondre à Eva qui commence à être mal à l'aise. Je m'en rends compte à sa façon de jouer avec ses lunettes de soleil.

— Ouais, je fais toujours pas de grasse matinée, et toi ?

— Toujours pas non plus !

Elle se détend un peu et me sourit. Je pense aussitôt à Marion et aux idées qu'elle se ferait si elle savait que je suis tout seul avec cette fille. J'appuie sur le menu de mon portable pour regarder qu'elle ne m'a pas écrit sur Messenger, mais non, elle doit encore dormir.

— Ta pote est pas avec toi ? je l'interroge toujours plonger sur mon portable.

— Non, elle n'a pas pu venir cette année ! Je m'ennuie...

— Ah, c'est con ! Tu peux venir avec ma famille à la plage si tu veux, je te présenterai mes cousines...

Eva semble soulagée que je l'invite à venir avec nous. Bon, c'est juste une ex de galoches, je peux bien faire ça pour elle. Même si elle est encore plus jolie que l'an dernier, et que je sens qu'elle craque encore sur moi, je ne tenterai rien avec elle parce que je n'ai qu'une seule fille en tête, c'est Marion. Et qu'est-ce que ça me fait chier d'être bloqué à Nice alors que je pourrais être chez moi avec ma pote. Bon, pas vraiment car elle est en Corse chez ses grand-parents...

Après avoir parlé avec Eva tout le reste de la matinée, je finis par rentrer bouffer, lui promettant de passer la chercher vers 15h, avant d'aller sur la plage.

Pendant que j'étends ma serviette pour la mettre à sécher Max m'interpelle.

— Hey Tonio, c'est qui le gars sur Insta qui s'affiche avec Marion ?

— Hein ?

Je ne sais absolument pas de qui il parle. Je n'ai rien remarqué de spécial.

— Y a un gars qui arrête pas d'identifier Marion dans ses stories...

Je lâche ma serviette pour foncer dans la tente vérifier ce que me dit mon frère. J'ai une sensation bizarre en moi, comme une inquiétude. Pourtant, j'ai eu Marion hier soir au téléphone et tout semblait normal.

Max me montre un compte qui est abonné à Marion et en effet, le gars a une dizaine de photo sur lesquelles il est accolé à Marion. Merde, bordel, c'est quoi ça ?

— C'est son pote de quand elle était petite, je crois... j'explique à Max en tentant de me convaincre que cette situation est normale.

En fait, je crois que je suis jaloux. C'est moi le meilleur pote de Marion, pas ce gars ! 

Je découvre avec tristesse toutes les photos que Noé, c'est son nom,  publie sur son compte. Lui et Marion qui font du vélo dans la campagne, lui et Marion au clair de lune, lui et Marion collé serré en maillot à la plage. Voir en photo ce que Marion me raconte n'a pas la même sonorité. D'un coup, j'ai peur de la perdre. J'ai peur qu'elle me fasse payer toutes les années où je me suis amusé. Je ne veux pas qu'elle me remplace. J'ai peur et pourtant je n'ai aucune raison de vraiment m'inquiéter.

Il n'y a pas une journée depuis mon anniversaire où je n'ai pas appeler Marion. On arrive à passer des heures au téléphone tous les deux pour se raconter nos vies. C'est le premier été que ça nous arrive. Habituellement, on s'envoyait vite fait un "ça va ?" deux fois dans le mois. Mais là, c'est vraiment bizarre car j'attends ses appels avec impatience. Je suis même nerveux quand elle est en retard et je me pose plein de questions sur la raison qui pourrait faire qu'elle ne téléphone pas.
Elle est vraiment très présente pour moi, malgré l'éloignement. Jamais je ne pourrai lui rendre tout ce qu'elle me donne depuis des mois. C'est un véritable soutien quand je ne me sens pas bien. Elle le perçoit immédiatement.

Mon téléphone vibre dans ma poche, sous un appel de Marion. Je choisis de filer dans ma tente pour passer un moment avec elle.

— Je voulais savoir comment tu allais... m'interroge-t-elle.

— Ça va et toi ? 

Je ne peux m'empêcher de repenser à toutes les photos que j'ai vu...

— T'es pas occupé avec des potes ?

— Non, j'avais vraiment envie de t'entendre !

Je passe l'appel en FaceTime pour la voir. J'ai besoin de son image pour me réconforter, de ses yeux plongés dans les miens pour me donner de l'énergie. J'ai hâte que ces vacances finissent, je compte les jours. Je veux rentrer chez moi pour retrouver mon train-train quotidien, pour avoir Marion rien qu'à moi !

— Tu vas faire quoi aujourd'hui ? m'interroge Marion.

— Je pars à Nice, à la plage ! Marion, tu l'aimes comment à Noé ?

— Noé ? Pourquoi tu me demandes ça ? On se connaît depuis tout petit, c'est tout !

— Nous aussi, on se connaît depuis tout petit...

— Tonio, t'es jaloux ?

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