Chapitre 42

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Le lendemain, à la même heure, je traîne Max et mes cousines sur la plage. En plein après-midi, il est toujours extrêmement difficile de trouver un peu de place pour nos serviettes sur les galets. Nous nous installons au pied du poste de surveillance des Maîtres-nageurs, exactement là où nous étions la veille. Le soleil tape fort et la chaleur est étouffante, à peine en maillot, mes cousines foncent dans l'eau limpide et bleu turquoise de la Méditerranée. J'attends avec impatience le petit groupe de niçois qui ne tarde pas à nous rejoindre. Je reconnais rapidement les deux adolescents qui ont pêché hier à leurs maillots de bain bleus et blancs. Je leur fais un signe de la main et ils me sourient.

— Salut, Speed ! Tu t'es équipé à ce que je vois ! disent-ils en regardant les masques et les tubas que nous avons emmené.

— Ouais, j'ai trop hâte d'essayer.

Les deux garçons posent leurs affaires à côté des nôtres. Les deux filles qui les accompagnent me font la bise et s'allongent sur leur serviette pour se mettre de la crème solaire. Pour une fois, je ne prête aucune attention aux adolescentes, je n'ai qu'une envie, m'occuper des poulpes cachés dans la mer.

À mon plus grand plaisir, le grand blond qui avait attraper la pieuvre sort ses affaires de plongée et m'explique par la même occasion :

— En fait, un peu plus loin dans l'eau, les fonds sont sablonneux. Mais il y a un banc de rochers plats dans lesquels les poulpes aiment se cacher. Il faut le trouver...

— Ok, je vois !

Je l'écoute attentivement. J'aime bien pêcher. J'y vais souvent avec Dylan et Jimmy. Je trouve gratifiant d'arriver à piéger un poisson mais je manque souvent de patience et j'abandonne vite quand ça mord pas.

— Le mieux pour trouver le banc de rocher, c'est de se repérer aux immeubles, m'indique Augustin, le deuxième garçon.

Max qui jusque là était scotché sur son portable lève un oeil pour écouter un peu. Nous nous tournons tous les quatre vers les bâtiments.

— Il faut se fier au plus grand avec les balcons verts. Il doivent toujours être face à toi. Le reste se passe dans l'eau, conclut le grand blond dont j'ai oublié définitivement le prénom.

Enfin prêts, les deux adolescents se dirigent vers la mer. Nous les suivons, en boitillant, les cailloux de la plage me torturant toujours les pieds. Nos masques et nos tubas sur la tête, Max et moi nageons derrière les niçois durant une quarantaine de mètres. Nous sommes de bons nageurs, très endurants. Nous avons l'habitude de ramer longtemps pour aller chercher les vagues.

— Va falloir y aller en apnée, ça va aller ? demande le blond en mettant son masque sur ses yeux et son tuba dans sa bouche.

Je fais de même. Une fois le masque posé, j'aspire à l'intérieur par le nez pour le ventouser en le vidant de son air. Puis, je mets le tuba dans ma bouche. J'ai jamais respiré avec ça et je ne comprends pas très bien à quoi il va me servir, quand je serai au fond, il va forcément se remplir d'eau.

Les deux niçois sont en train de sonder les fonds depuis la surface, je les regarde faire. Les bras le long du corps, ils tapent des pieds. Très rapidement, ils nous font signe que nous sommes sur le rocher et ils plongent. Je prends une grande respiration et je les rejoins, suivi de mon frère. Ce n'est pas très profond, à peine quatre mètres. Mes tympans se bouchent au fur et à mesure que je descends. Je sais décompresser. Je force un peu sur ma mâchoire sans ouvrir la bouche et je sens mes oreilles s'acclimater à la pression. Le fond de l'eau est assez obscur car il est recouvert d'une épaisseur d'algues noires. Lorsque je pose un pied, les algues se dégagent et le sable apparaît. Plein de particules se mettent à flotter autour de moi, comme des paillettes, qui étincèlent grace aux reflets du soleil qui passent sous l'eau. C'est magique. Les deux niçois se sont accrochés au rocher et cherchent leur proie. Malheureusement, les secondes passent très vite et nous devons déjà remonter à la surface pour respirer.

Je peux tenir entre deux et trois minutes sous l'eau. C'est une des facultés que l'on développe en surfant. Quand on se fait renverser par une vague, en fonction des courants et de leur force, nous sommes souvent entraîner vers le fond. Il ne faut pas paniquer, simplement bloquer sa respiration et attendre que le remous passe pour remonter.

En arrivant à la surface, mon premier réflexe est de prendre une grande respiration. Quel con ! Mon tuba s'est rempli d'eau. Je m'étouffe aussitôt. Je tousse dans l'eau, mais je n'ai pas pied. C'est horrible. Je crois mourir. J'arrache le masque qui m'empêche de respirer par le nez et je vire ce putain de tuba en me jurant de ne jamais plus l'utiliser. Mon frère et les deux pêcheurs de poulpes me regardent ahuris. Ils ne savent pas s'ils doivent rire ou me ramener vers le bord. Je reprends mes esprits et j'essaie de me calmer. Je respire et m'organise pour recracher l'eau de mes poumons entre deux bouffées d'air.

— Ça va, Speed ? Tu veux qu'on sorte ?

Je ne suis pas encore en mesure de sortir un mot mais je leur fais signe de la main que non. Je me concentre sur ma respiration. Ma gorge me brule à cause de l'eau salée, mes yeux pleurent mais je commence à me sentir mieux.

— Saloperie de tuba, bordel ! je finis par dire.

Soulagés de me voir revenir à moi, mes nouveaux amis éclatent de rire.

— Faut souffler dedans en remontant à la surface ! me conseille le grand blond.

— Encore faut-il avoir garder de l'air dans ses poumons ! ajoute Max en se moquant de moi.

— Ta gueule, ducon !

Il m'énerve quand il me fait la morale, cet abruti !

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