Chapitre 41

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Les premiers jours sans Paulo sont pour moi d'une tristesse épouvantable. Je passe mon temps à l'imaginer déménager sa chambre pour s'installer à Bordeaux chez mes grands-parents. Je sais qu'il ne reviendra pas à la maison, je dois l'accepter. Tout le monde se plie en quatre pour me changer les idées. À distance, Marion m'appelle tous les soirs vers 22h. C'est devenu un rituel que j'aime bien. Nous parlons de tout et de rien...

Ma tante a lâché du moue dans ses surveillances. Elle me trouve changé et plus raisonnable car elle n'a pas de problèmes de voisinages cette année à cause de moi. Elle nous autorise à sortir du camping pour nous rendre seuls sur la plage principale de Nice. Nous prenons donc, avec mes cousines et Max, l'habitude de passer nos journées et nos soirées sur les galets de la grande plage de Nice.

Un soir, avant la tombée de la nuit alors que nous faisons un dernier plongeon dans la mer Méditerranée, un petit groupe d'ados attire notre attention. C'est Clothilde ma cousine qui nous interpelle la première. Elle a un sens de l'observation très développé et voit toujours tout, même ce qu'elle ne devrait pas, parfois... j'avoue que ça peut être lourd à longueur de journée.

— Non mais, ils font quoi, eux ?

Les deux filles du groupe poussent des cris d'horreur en s'éloignant des trois gars qui sortent de l'eau avec leur masque sur les yeux et leur tuba dans la bouche. Tous les regards des baigneurs assis sur la plage se tournent vers eux.

Un des adolescents retirent son masque d'une main alors que dans l'autre, il tient un poulpe gluant et transparent.

— Oh, regardez ce qu'ils ont pêché ! je lance admiratif.

Le garçon d'environ notre âge a collé autour de son avant-bras le trophée qui se cramponne avec ses tentacules.

— Oh, c'est trop bien, dit Max qui observe la scène avec attention.

— Non, c'est dégueulasse ! C'est gluant et ça pendouille ! constate Laura en faisant la grimace.

— Je vais les voir ! j'annonce en me levant, suivi par toute ma troupe.

Nous sommes tous intrigués par l'animal répugnant mais innofensif qui s'est entortillé sur le bras. Le pêcheur me fascine. Il n'exprime aucune crainte.

— Je peux toucher ? je lui demande en avançant un doigt.

Le gars avance son bras vers moi et je plante mon index dans le mollusque. La tête est molle et tombante. Les tentacules sont très longues et armées de petites ventouses qui s'agrippent au bras.

— Tu veux le prendre ? me propose le niçois qui semble à l'aise avec les créatures étranges des fonds marins.

— Oh, putain ! Je sais pas, c'est vraiment horrible ce truc ! Tu vas en faire quoi ?

— Rien ! Le remette à l'eau ! Il me semble que c'est interdit de les pêcher à cette saison !

Le bras de l'ado devient soudain noir, l'octopus a lâché son encre. C'est vraiment très amusant à découvrir. La mer me fascinera toujours.

— Tu veux pas m'apprendre à en attraper ? je demande à l'inconnu au masque et au tuba.

Il me sourit et redresse le poulpe qui s'étire jusque sur son torse.

— Tu sais plonger en apnée ? m'interroge un des garçons qui l'accompagnait.

— J'en ai jamais fait mais ça doit pas être sorcier. Je suis vraiment à l'aise dans l'eau ! Je surfe et j'ai l'habitude de rester longtemps sous l'eau quand je tombe dans les rouleaux des vagues.

Les trois gars échangent des regards et haussent les épaules. Ils hésitent. Ça doit les saouler de me montrer l'endroit où ils pêchent.

— Faut y aller quand il fait jour, c'est mieux pour les voir. De nuit, on a besoin de torches, sinon !

— Et il te faut un masque et un tuba. Tu sais respirer avec ?

— Oui, oui !

Je suis tout excité qu'ils acceptent. Ils ont l'air super sympa.

— Je vais le reposer où je l'ai trouvé ! À plus ! lance le gars au poulpe.

La nuit commence à tomber et bien qu'il fasse encore très chaud, la plage se vide. Les ados se rhabillent pendant que je fais leur connaissance.

— On est de Nice ! Et vous ?

— Mon frère et moi, on est de Bordeaux ! Et mes cousines, paris !

— Ah ! C'est cool, Bordeaux !

— Ouais ! Vous faîtes quoi le soir sur Nice, à part pêcher ?

Quitte à faire connaissance, autant en profiter pour se faire conseiller les bons trips.

— Tonio, c'est l'heure ! On doit rentrer, me rappelle soudain Laura.

J'en ai rien à faire, de l'heure, moi ! Jamais je ne la regarde durant l'année, même quand il y a cours, alors c'est pas maintenant que je vais me mettre la pression avec des horaires parce que ma tante nous fait une crise d'autorité.

— Rentrez si vous voulez ! Je vous rejoins !

— Vas-y, Tonio ! Tu rentres avec nous... intervient Max qui n'a pas envie de me voir puni demain.

— Non mais ça va ! Sérieux, on a le temps !

Max sort son portable pour me montrer l'heure qui s'y affiche. Mes cousines ont déjà pris le chemin de l'arrêt de bus. Je réfléchis à demain. Si je suis en retard ce soir, je ne pourrais pas revenir pêcher. Sauf si je désobéis demain aussi...

La tentation est trop grande. Je suis sur le point de me faire des potes qui ont des choses à m'apprendre. Max tire sur mon épaule et je lui cède quand il me dit :

— Elle t'appelle à quelle heure Marion ?

— 22 heures...

— Il est bientôt 22 heures !

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