Chapitre 40

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— Je vous demande à tous de chanter avec moi : Joyeux anniversaire, joyeux anniversaire, joyeux anniversaire Tonio, joyeux anniversaire !

Toute la salle se met à chanter en coeur avec ma tante, pendant que je ne sais pas comment réagir. Si ! Autant profiter de ma petite minute de gloire pour faire ce que je sais faire de mieux : l'intéressant. J'attrape ma cousine Laura qui est un peu trop prêt de moi pour la faire tourner sur elle-même. Elle danse à peu près aussi bien que moi. Donc c'est vraiment pas beau à voir mais c'est drôle. Pour mon plus grand dam, le DJ remet derrière le chant étriqué de ma tante, un nouveau morceau de Bon anniversaire. Décidément, ça n'en finit plus...

Du côté du bar, un gâteau apparait avec quinze bougies. Une serveuse du camping le porte à bout de bras vers moi. Ma tante est toute excitée de la surprise qu'elle m'a préparé alors que moi, j'ai juste envie de me taper la tête contre les murs... Fêter ses quinze ans dans un camping en chantant à un karaoké avec sa vieille tante bourrée devant cent cinquante personnes qui n'en finissent plus de m'applaudir, j'avais vraiment rêvé mieux...

Dans un premier temps, je me force à sourire, puis je trouve la situation tellement ridicule qu'un fou-rire monte du fond de mon ventre. Je regarde mon frère qui se fout de moi et qui continue de me filmer. Je pense à tous mes potes qui doivent suivre ça sur les réseaux et je ris. Je ris tellement que je n'ai même pas assez de force pour éteindre les bougies. Le DJ m'encourage et plus je l'entends beugler mon nom dans son micro, plus je ris. Il est planqué dans sa cabine, avec ses lunettes de soleil alors qu'il fait nuit. Je m'étouffe. Je tousse, je crache même tellement c'est amusant.

— Allez, Tonio ! Souffle, maintenant ! me demande ma tante en posant une main sur mon épaule. Mais n'oublie pas de faire un voeu !

Je réfléchis quelques instants. Un voeu de quoi ? Un voeu pour quoi ? Non, j'y crois pas ! Je n'y crois plus. Je pense que quand on veut quelque chose dans la vie, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. J'aime me battre et avoir la satisfaction de réussir par la force de mon acharnement. Les voeux, c'est pour le rêveurs, et moi, il y a longtemps que je ne rêve plus.

Je gonfle mes poumons d'une grande bouffée d'air que je souffle sur toutes les bougies. Je les éteinds toutes une par une. Pendant que le public m'applaudit de nouveau ma tante me saute dans les bras et me serre fort. Ça me rappelle les moments gênants de quand j'étais un peu plus petit et que je sentais sa poitrine énorme contre moi.

— Bon anniversaire, Tonio ! Je te souhaite le meilleur, tu le mérites. Je t'aime, mon neveu.

Putain, elle est chiante ! Je suis hyper énervé car après avoir tant pleuré cet après-midi, puis tant ri il y a cinq minutes, j'ai encore envie de pleurer. Tata tapote mon dos et me repousse aussi rapidement. Tout s'enchaîne sans que je ne comprenne vraiment ce qui m'arrive. Mes cousines me prennent chacune à leur tour dans leurs bras pour me féliciter. Puis Max s'avance. Lentement, il pose sa main mon épaule et m'attire contre lui. Je ne sais pas si c'est l'ambiance, les verres de punch, ou parce que beaucoup de gens nous regardent, ou peut-être parce que j'ai grandi mais que j'ai tellement besoin de lui, mais je tombe dans ses bras. Pas longtemps. Quelques secondes. Dans le silence. Nous nous serrons forts. C'est mon frère. Le moralisateur, comme j'aimais l'appeler, il y a quelques temps quand il voulait me contrôler.

Rapidement, nous nous détachons l'un de l'autre sans nous regarder. Nous suivons des yeux le gâteau qui a pris le chemin de notre table, suivi de tata et de ma ribambelle de cousines.

Je fais signe à Max de passer devant, mais en marchant dans le noir, je tombe nez à nez avec Eva. J'ai l'impression qu'elle s'est levée pour venir me voir. Évidemment, avec mon show, elle n'a pas pu me louper.

— Salut, Tonio et bon anniversaire...

Elle a perdu son attitude de petite fille discrète de l'an dernier. Elle est jolie et sera probablement encore plus belle dans un an. Je suis troublé par son charme quand je la remercie. Ma tante me fait signe qu'elle va me servir une part de gâteau au chocolat.

— Je dois y aller, j'indique à Eva.

— Tu vas toujours à la piscine, le matin ? me demande-t-elle avant que je lui tourne le dos.

— Je ne sais pas...

Je prends sa question pour une invitation. J'ai envie de lui répondre positivement mais je pense tout à coup à Marion. Elle est loin mais elle est bien mieux qu'Eva. Elle embrasse mieux que quiconque aussi. Marion est la seule fille que j'ai envie d'embrasser, la seule avec qui j'ai envie d'être en ce moment. Je vais manger ma part de gateau et filer vite dans ma tente pour la rappeler. J'ai besoin d'entendre sa voix pour me rassurer et savoir que je compte pour elle.

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