Chapitre 35

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— Si tu gerbes, je te roule dedans, bordel de cul de pompe à merde ! me lance Paulo au moment où je termine mon troisième verre de vodka pure.

— C'est ça, va te faire empapaouter, trou de pine !

Nous venons de terminer de bouffer et nos esprits sont un peu échauffés par l'alcool. Le serveur a arrêté de nous en servir depuis un moment mais Paulo remplit nos verres discrètement avec les bouteilles qu'il a acheté tout à l'heure et qu'il cache sous son sweat au fond de son sac à dos. Il fait toujours ça quand il va en boîte de nuit. Les videurs fouillent pas vraiment les sacs, ils regardent vite fait mais ne font jamais vider les affaires.

La conversation perd de son sérieux au fil des gorgées que nous ingurgitons. Notre langage fleuri nous fait mourir de rire, surtout Paulo qui connait par coeur des centaines d'expressions plus obscènes les unes que les autres.

— Allez, on bouge ! On va allez se rincer le bocal dans la discothèque à coté.

Je me lève d'un bon, impatient de bouger. Mes deux frères me détaillent en levant les yeux au ciel.

— Quoi ? je leur demande sans comprendre ce qu'ils me reprochent.

— Détends-toi, Speedou ! On dirait que tu vas enculer des mouches !

Ils éclatent tous les deux rire et je comprends qu'ils sont déjà bien chauds, en tout cas, pas moins que moi.

— Non, mais t'as plus mal aux genoux ou quoi ? me demande Max.

Je réfléchis un instant et en effet, je constate que la vodka a anesthésié la douleur. C'est un remède miracle !

— Je suis guéri, p'tites bites ! je dis en levant les bras vers le ciel.

Cette ultime provocation ne fait pas du tout rire mes frères qui se lèvent aussitôt en me regardant de travers.

— Ça a trois poils au cul et ça se prend pour un homme... me lance Paulo en se dirigeant vers le bar pour régler le diner.

Max attrape le sac à dos et le jette sur son épaule.

— La nuit n'est pas finie, tu chanteras moins dans quelques minutes !

— Ah ouais, on fait quoi maintenant ?

Nous quittons la zone restaurant pour rattraper le coin plage qui s'est transformé en pub dansant. Je ne suis pas sûr que l'on m'aurait laissé entré si nous n'avions pas mangé sur place. Mais pour l'instant, personne ne me demande mon âge.

La fille qui m'a bousculé tout à l'heure est toujours là. Elle est avec deux copines. Elles s'amusent à se prendre en photo dans des positions aguicheuses. Paulo choisit un coin assez proches d'elle et d'où nous pouvons les observer. La blonde plantureuse me reconnaît et me fait un petit signe de la main auquel je réponds d'un coup de menton.

— Putain, Tonio ! C'est pas du bétail, salue-la comme un gentleman ! me reproche Paulo qui bave sur les blondasses aux robes moulantes et aux décolletés plongeants.

— Qu'est-ce que j'en ai à foutre de ces meufs, ducon !

— Toi, rien ! C'est sûr, me lance Max qui ne les quittent pas des yeux.

Paulo commande une vodka pure pour lui et deux jus d'orange pour Max et moi. J'ai envie de pleurer en entendant cet enfoiré de serveur refuser de nous porter de l'alcool.

— Depuis quand on fête mon anniversaire sans se déchirer ?

— Ta gueule, merdeux ! Tu veux qu'on se fasse virer, chuchote Paulo en indiquant son sac à dos et en faisant les gros yeux.

Il n'a pas le temps de finir sa phrase que nos yeux sont attirés par les trois filles qui dansent dans le dos de Paulo. Elles doivent avoir dix-huit ou dix-neuf ans. Elles sont toutes les trois blondes aux cheveux longs et défaits. Celle qui m'a bousculé est la plus jolie. Son visage est plus fin et Paulo l'a remarqué. Il se lève pour danser avec elle. Les deux autres filles nous font signe à Max et à moi. Je trouve ça bizarre qu'elles s'intéressent soudainement à nous. On est un peu bourrés et on n'a pas les idées très claires mais en jetant un coup d'oeil autour de nous, je me rends compte que le pub est encore vide, évidemment il est assez tôt.

Les filles sont toutes les trois habillées pareil et elles étaient déjà là cet après-midi. Je comprends rapidement en voyant le barman sourire et Paulo danser que ce sont des employés.

— C'est pas des strip-teaseuses ? je demande à Max qui éclate de rire et qui appelle aussitôt Paulo pour lui répéter ma connerie suffisamment fort pour que les trois filles entendent.

— Il a juste quinze ans, faîtes pas attention, les rassure Paulo à mon sujet.

Ok, c'est peut-être pas des gogo-danseuses, mais je sens qu'il y a un truc comme ça qui se trame. Ça se sent à mille lieux. J'échange discrètement mon verre avec celui de Paulo. Après tout, il est occupé et Max se rince l'oeil, autant en profiter !

Le pub se remplit petit à petit et les filles finissent par abandonner Paulo pour faire leur show auprès d'adultes friqués qui leur paient des verres.

— Elles bossent ici, je te dis ! je soutiens à Paulo qui est convaincu que son charme a opéré auprès des cannoises.

— Putain, il est minuit ! Bon anniversaire, frère ! me dit Paulo qui se dirige vers moi.

Il ne me laisse pas le temps de m'échapper. Il me sert fort dans ses bras, au point de m'étouffer. Max ne veut pas rester de côté, il s'accroche à Paulo en gueulant :

— Bon anniversaire Speedou !

Qu'est-ce qu'il me saoule quand il m'appelle comme ça !

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