Chapitre 34

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Je n'ai rien su de ce que Max et Paulo se sont dits. Parfois ça m'énerve de les voir complices. Je me sens mis à l'écart. Comme quand j'étais plus jeune et qu'ils passaient leur temps à me dire que j'étais trop petit pour les suivre. À la moindre occasion, ils se débarrassaient de moi. J'étais mort de jalousie et je leur pourrissais la vie à la moindre occasion. Je n'en loupais pas une pour balancer à mes parents tout ce qu'il faisaient.

Maintenant c'est différent. C'est plus de la curiosité parce que j'aime bien tout savoir.

Ma tante a du mal à accepter de nous laisser partir tous les trois. C'est sûr que depuis qu'elle connait nos frasques, grâce à mon manuscrit, elle est plutôt inquiète. J'aurai bien voulu que mes cousines viennent avec nous mais Paulo ne leur a pas proposé. Il trouvait que c'était une très mauvaise idée.

Déjà que ma tante ne voulait pas que Paulo prenne sa voiture, avec les cousines avec nous, ça aurait été compliqué. Heureusement, celui-ci n'a rien lâché.

Nous nous dirigeons tous les trois vers Cannes. Mes frères se sont arrêtés dans un supermarché pour faire des provisions d'alcool car ils ont peur qu'on refuse de nous servir dans les bars.

Je ne leur dis rien mais ça me fait trop plaisir de les voir s'activer pour fêter mon anniversaire. C'est juste dommage que je sois toujours handicapé par mes genoux. Ça va quand même beaucoup mieux depuis que j'ai mes genouillères. Je peux rester debout, descendre des escaliers et marcher plus longtemps sans souffrir.

Nous nous installons tous les trois dans une paillote sur la plage. Il fait toujours très chaud et nous avons choisi des places à l'ombre. Paulo commande trois vodka orange. Le serveur nous regarde en coin mais ne dit rien.

— Putain, je la voulais pure, ma vodka ! je réplique dès qu'il a tourné les talons.

— Ta gueule, merdeux ! Déjà que le gars te sert de l'alcool à même pas quinze ans ! me tacle aussitôt Max.

Paulo éclate de rire en s'allumant sa cigarette. Il envoie son paquet à Max qui se sert et me le tend.

— Commence tranquille, ducon ! J'ai pas envie de te voir gerber à vingt heures ! me conseille Paulo. Tu veux une clope ?

Je prends une cigarette que j'allume avant de ranger son paquet dans ma poche.

— C'est ça, garde-le ! dit Paulo en soupirant. J'ai l'habitude...

Le serveur qui transpire dans son costume nous apporte les trois verres, avec quelques cacahuètes.

— C'est possible d'avoir la carte pour bouffer ? demande Paulo.

— Bien sûr ! En revanche, ça se passe dans l'espace restauration, juste en face et il faut être un minimum habillé, répond le costard en me détaillant.

Les regards de mes frères se pointent sur moi. Comme toujours, l'été, je suis en maillot. J'ai fait l'effort de mettre un short beige pour sortir mais je suis encore torse nu.

— Nous dit pas que t'es venu comme ça ? m'interroge Paulo.

Je les laisse poireauter quelques instants un grand sourire aux lèvres. Je sais qu'ils se souviennent de l'an dernier quand tata m'a filé son débardeur en dentelle.

— Mais je suis pas stupide ! je finis par leur dire en sortant de dessous mes fesses un polo bleu marine que j'ai piqué à Max avant de partir.

— Putain, tu fais chier, branleur ! Regarde l'état de mon truc, il est tout froissé, bordel ! s'énerve Max.

— Fais pas chier, ducon ! C'est MON anniversaire ! À la votre, je dis en levant mon verre.

— Tu fais pas un cul-sec, merdeux ! me prévient Paulo, toujours inquiet que je me fasse remarquer.

— C'est MON anniversaire, j'ai dit ! Je fais comme je veux.

Au moment où je porte mon verre à mes lèvres, je suis bousculé par une fille qui passe un peu trop prêt. Je me retourne pour l'engueuler mais elle s'excuse aussitôt. Je me ravise de lui faire des reproches en constatant qu'il s'agit d'une jolie blonde d'une vingtaine d'années, en maillot string, la poitrine à l'air. J'écarquille les yeux en la détaillant de haut en bas.

— Vraiment désolée !

— Non, mais c'est pas grave, je la rassure alors qu'elle commence à essuyer mon polo.

J'essaie de paraître détendu jusqu'à ce que je me tourne vers mes frères qui ont tous les deux leurs yeux posés sur les fesses à l'air de la jolies cannoise penchée sur moi.

— Passez une bonne soirée et encore pardon ! dit-elle en s'éloignant.

— Putain, on aurait jamais dû la laisser partir ! reproche Paulo.

— T'as pas une meuf, toi ?

— En pratique, ouais...

Il s'allume une nouvelle cigarette et boit quelques gorgées de sa vodka sans s'étendre sur le sujet, ce qui évidemment attise ma curiosité.

— Depuis combien de temps t'es avec ?

— Quelques mois maintenant...

— Tu nous la présentes quand ?

— Jamais ! Et toi, Max, ta meuf ? change-t-il aussitôt de sujet.

— Fini ! En parlant de meuf, j'ai parlé avec Marion sur Messenger...

Je ne l'ai pas appelé depuis mon départ. Je suis paralysé. Je n'y arrive pas. Je ne sais pas quoi lui dire. J'ai honte d'avoir pleuré comme un gosse dans ses bras. Je n'ai pas envie de prendre une décision à notre sujet. Je ne veux pas m'engager. J'ai peur qu'un jour elle me largue. Je ne peux pas.

J'attrape mon verre de vodka et, en défiant Paulo, je me l'enfile cul sec.

— On en prend une autre ? je demande à mes frères qui ont compris que le sujet Marion est à éviter pour ce soir.

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