Chapitre 32

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Après un arrêt, le temps d'une soirée chez un pote de Paulo, à Arles, nous arrivons au camping de Nice. Je fais la tête à mon frère. Non seulement, il ne reste que deux jours avec nous, mais en plus, il repart vendredi matin pour passer le week-end à Ibiza avec sa copine, la vieille de vingt-cinq ans.

— Arrête de bouder comme un sale gosse ! s'énerve-t-il en montant la tente. Et passe moi la toile.

— Démerde-toi ! je lui réponds sans bouger, assis au volant de sa voiture. J'ai mal aux genoux !

— Qu'est-ce qu'il peut être chiant ! se plaint Max qui fait le boulot à ma place.

Il ne veut pas se mêler de notre dispute. Il préfère ne rien dire et aider Paulo pour aller plus vite. Nous avons choisi de monter la tente le plus loin possible du mobil-home, pour plus d'intimité et surtout plus d'autonomie et éviter toute surveillance de la part de ma tante, la nuit.

— Je vais m'enfermer dans le coffre, vendredi ! Que tu le veuilles ou non, tu vas m'emmener à Ibiza !

— Ouais, si tu veux et je te laisse cuire dans la voiture pendant quarante-huit heures en plein pic du soleil, merdeux !

Paulo plante les sardines autour de la toile alors que je suis avachi, les pieds sur la portière. Mes cousines nous observent du coin de l'oeil en se marrant du spectacle que nous offrons.

— M'en fous, t'auras ma mort sur la conscience, ducon !

— Non, mais redescends sur terre, abruti ! T'as même pas quinze ans...

— Je les aurai vendredi, branleur ! je le coupe.

— Pareil ! Tu vas foutre quoi à quinze ans à Ibiza ! Y a pas de baby-sitter là-bas pour des merdeux comme toi !

Ma tante vient constater la fin des travaux. Elle fait le tour de la tente avant de nous inviter à passer à table. Paulo pense avoir un peu de répit mais je ne vais pas le lâcher comme ça.

Pendant le diner, mes cousines semblent enthousiastes de nous revoir. J'aimerai bien partager leur joie mais je n'y arrive pas. Pour moi, il y a quelques choses qui s'est cassé en quittant ma maison. Ma mère n'y est plus et Paulo n'y retournera pas. Ma vie va changer, encore. Je ne veux pas perdre mon frère. J'ai toujours tout fait comme lui depuis que je suis né. Je vais copier qui maintenant ? Et qui je vais faire râler, juste pour le plaisir ?

— Tu manges pas, Tonio ? me demande Clo.

— Si, si ! je lui réponds pour lui faire plaisir car c'est elle qui s'est donnée du mal à cuisiner.

Je soupire en regardant Paulo, assis juste à côté. Il a soudainement l'air aussi triste que moi. Nos regards se croisent un instant et je comprends qu'il est inquiet pour l'avenir. Les larmes me montent aux yeux et il s'en rend compte. Il me met une tape derrière la tête pour me faire réagir. Il attend que je râle encore mais je n'ai pas envie de lui répondre.

— T'es triste parce que t'as laissé ta copine, Tonio ? me demande Louise.

— Ouais, je souffle en pensant à Marion et à son bisou.

Marion semble enfin prête à démarrer quelque chose. Mais moi, à ce moment précis, je ne veux rien. J'ai juste envie d'envoyer chier tout le monde et de me barrer. De rester seul sur mon surf. Sauf que j'ai deux genoux handicapés qui ne me permettent même pas de monter sur mon skate, que je suis à Nice et que la mer est molle, ici.

— Tu t'es fait quoi aux genoux pour être dans cet état ? m'interroge ma tante.

Elle a du comprendre que l'ambiance était tendue et elle veut alléger la conversation. Je hausse les épaules pour éviter de lui répondre à elle aussi.

— C'est une histoire de culotte, il ne vaut mieux pas expliquer ! lâche Max.

Tout le monde éclate de rire et je finis quand même par me détendre en repensant à cet épisode qui me vaut mon immobilité forcée.

— D'ailleurs, au sujet de ton livre que tu as écris, j'ai été ravie d'apprendre que vous faisiez le mur toutes les nuits !

Ah ouais, j'avais oublié ce détail... En choisissant d'envoyer mon Tome 1 aux Maisons d'édition, j'ai eu la bonne idée de faire lire mon livre à ma tante. Mais je n'ai pas le moins du monde imaginé qu'elle allait tomber sur les chapitres où l'on faisait nos escapades nocturnes. En plus quand elle l'a lu, je ne me doutais pas qu'on reviendrait en vacances avec elle...

— Ah ouais, j'ai zappé ce détail ! je dis en soupirant.

— Oui donc pour cette année, vous avez plutôt intérêt à rester tranquille ! Je vais vous surveiller !

— Ouais bah si c'est comme ça, moi je reste pas ! je lui réponds en me levant de table.

Non mais faut pas qu'elle croit qu'elle va me casser les couilles. Je vais pas me laisser faire.

— T'as pas vraiment le choix, Tonio ! lance-t-elle dans mon dos.

— Non mais ça va, tata ! On faisait rien de mal, on sortait même pas du camping ! tente de me défendre Paulo.

— Avec vous on est jamais à l'abri de rien ! Faut toujours être à l'affût de la moindre bêtise ! J'ai jamais vu ça ! Antoine, t'es pas dispensé de débarrasser au passage !

— Ouais, c'est ça... je rétorque en continuant de boiter jusqu à la tente.

Je m'y affaler et défais mon sac, contrarié de tout. Elle n'a qu'à me punir, j'en ai rien à faire ! Au pire, je rentre chez moi en stop !

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