Chapitre 31

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J'ai gagné le gros lot ! Je suis allongé sur le canapé... J'ai beaucoup de mal à me déplacer et malheureusement, il n'y a rien à faire à part attendre. Tout ça pour une putain de petite culotte, bordel ! J'ai les deux genoux enflés. Fini le surf pour cet été. Et, c'est mort également pour le rugby ! Moi qui avait débuté un entraînement intensif, avec un programme de course à pieds de dix kilomètres tous les matins, pour pouvoir intégrer l'équipe locale ! Je suis condamné à attendre que ça passe.

Quelques heures avant de partir à Nice, alors que je suis en train de boucler ma valise, Paulo, en tenue de plage, toque à ma porte.

— Faut que je te dise un truc ! me lance-t-il en s'allumant une clope.

Il s'appuie sur le rebord de ma fenêtre grande ouverte pour recracher la fumée.

— T'as mis une meuf en cloque ? je lui demande en ricanant pendant que je cherche ma batterie externe.

La route va être longue, je vais en avoir besoin pour mon iPad.

— T'es con ! Si c'était le cas, c'est pas à toi que je viendrais en parler...

Il balance sa clope allumée par la fenêtre. Si quelqu'un passait, c'est pas impossible qu'il la reçoive sur la tête, puis il s'assoit sur mon lit d'un air embarrassé, sans se soucier de son mégot. Il se gratte le menton, recouvert de sa barbe de trois jours qui le rend viril et évite mon regard. Putain, je sens que ce qu'il va me dire va me saouler.

— Je vais pas rester avec vous à Nice ! Je vous emmène et je repars vendredi matin !

— Vendredi, c'est mon anniversaire ! je râle en m'entravant dans ma valise. Aïe !

Mes genoux me font mal dès que je fais un faux mouvement. Moi qui ne tiens pas en place, c'est vraiment énervant de ne plus pouvoir faire un pas sans souffrir.

— On le fêtera jeudi soir, toute la nuit si tu veux !

Enfoiré ! Il va nous larguer, Max et moi, chez ma tante pour quinze jours et même pas rester. ll se fout vraiment de ma gueule. Il a prévu son coup depuis longtemps et c'est le jour du départ qu'il me l'annonce, juste parce que s'il me l'avait dit avant, à coup sûr je n'y serai pas aller !

— Va te faire foutre ! je lui lance avant de quitter ma chambre en claquant ma porte.

— Tonio, putain ! râle-t-il dans mon dos.

J'ai mal aux genoux. J'ai mal au coeur. Je me traîne, tant bien que mal, en boitant jusqu'à chez Marion. Je n'arrive pas à retenir les sanglots qui montent au fond de moi. Putain, j'aime pas être dans cet état et je ne sais même pas pourquoi je vais voir Marion avec ma gueule pleine de larmes. Quand elle m'ouvre la porte, elle est surprise de me trouver comme ça. Elle me tire dans sa chambre où je m'effondre dans ses bras, incapable de lui sortir un mot malgré sa multitude de questions. Mon coeur explose. Cela faisait des mois que je retenais au plus profond de moi cette peur de voir un jour Paulo partir.

Je prends ça comme un abandon. Je lui en veux de nous laisser parce que le jour où il va vraiment partir, il ne reviendra plus. Rien ne sera plus pareil. Je m'étais préparé à cette épreuve pour la rentrée de septembre, pas pour maintenant !

— Ça va aller, Tonio ! souffle Marion en me caressant la nuque. Je suis là ! T'as fait le plus dur !

Elle m'oblige à m'assoir à côté d'elle sur le lit. Les mains crispées, j'appuie mes coudes sur mes genoux. Marion se penche sur mon dos pour m'entourer de ses bras.

— En plus demain, c'est l'anniversaire de la mort de ma mère, je lui glisse entre deux sanglots.

— Je sais ! Mais c'est pas la faute de Paulo ! Il vient passer trois jours à Nice, c'est déjà sympa de sa part de faire la route pour vous accompagner ! Après il doit aussi préparer sa rentrée à la Fac. Faut que tu le comprennes ! Il est pas mort ! Réagis pas en égoïste ! Je sais que ça doit être terrible ce que tu vis mais fais pas de reproche à Paulo. Il a besoin de partir, maintenant ! C'est plus possible avec ton père ! Je te jure que je serais là pour toi à ton retour de vacances !

Marion sait trouver les mots et les gestes pour m'apaiser. Même si je ne crois pas ce qu'elle me dit. Paulo s'en va. C'était le seul sur qui je pouvais compter. J'ai encore Max, mais ce n'est pas pareil. Paulo, c'est mon repère. Celui que j'admire. Celui qui me guide. Celui en qui j'ai confiance. Jamais plus je n'aurai confiance en quelqu'un. Personne n'est de parole dans ce monde. Même pas ma mère.

— Je dois y aller, je finis par annoncer à Marion qui est vraiment inquiète de me voir dans cet état.

Nous nous levons en même temps puis elle m'oblige à la regarder dans les yeux en attrapant mon menton. Je détourne quand même le regard. J'en veux à tout le monde. Je n'ai même pas envie de lui accorder le bisous qu'elle pose sur mes lèvres humides. Je me laisse faire, sans réaction.

— On se retrouve dans un mois ! Tonio, promets-moi de m'appeler !

— Ouais, je marmonne en lui tournant le dos, sans conviction réelle de le faire.

Je ne sais plus où j'en suis. Je me sens démuni, complètement perdu. Je n'ai pas envie de partir à Nice. J'en ai marre d'avoir mal aux genoux. Mon cœur va exploser.

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