Chapitre 30

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L'arrosage tourne toujours autour de notre petite tente posée sur un coin de l'immense stade. Une patrouille de trois gendarmes attendent gentiment au sec que l'on se décide à sortir.

— Salut, je leur lance accompagnant mes paroles d'un signe de la main.

— Bonjour, me répond l'un d'eux.

Il décide enfin de se mouiller pour s'avancer quand il comprend que nous ne sortirons pas de la tente de si tôt. Penché au dessus de ma tête, le cow-boy est immense. Je suis assez impressionné par sa carrure et je me dis qu'il aura vite fait de nous extirper de là s'il le veut...

— Bon les gars, je vais pas vous apprendre que vous êtes sur un terrain de rugby et que vous n'avez pas le droit de camper ici...

— Pourtant, j'ai pas vu de panneau, je tente de riposter.

Et je ne mens pas ! Aucun panneau n'indique que c'est interdit.

— Vous êtes sur le domaine public, c'est la loi qui l'interdit. Pas besoin de panneaux...

— Je dors ! Je bouge pas d'ici ! ronchonne Ethan.

Le gendarme soupire et jette un coup d'oeil vers ses collègues. L'un d'entre eux est remonté dans la voiture et l'autre fait le tour de toutes nos affaires de surf.

— Bon, les jeunes, je vais faire simple ! Soit vous remballez tranquillement vos affaires et vous décampez immédiatement, soit je vous colle une amende !

— Non mais tu crois qu'on a des tunes, frère ?

En m'entendant appeler frère le gendarme, tous mes potes explosent de rire. J'essaie de garder mon sérieux mais le flic est tellement surpris par mon audace qu'il écarquille tellement grand les yeux qu'on dirait qu'ils vont sortir de leurs orbites. Je me recouche dans la tente pour partager le fou rire de mes amis. Je sens que cette rencontre va virer au n'importe quoi mais c'est tellement drôle.

— Hey, petit malin, tu vas vite baisser d'un ton et bouger ton derrière...

Le gendarme secoue la tête et s'essuie les épaules car il est vraiment trempé par l'arrosage qui continue d'inonder l'herbe. Jimmy et Max n'osent pas vraiment bouger mais ils restent muets. Ethan est bien réveillé maintenant. Le gendarme se penche pour passer sa tête dans la tente et nous observer.

— Tu vas nous mater longtemps comme ça, frère ? j'enchaîne.

Max commence à s'impatienter de mes réflexions. Ses yeux endormis me jettent des éclairs et je sens qu'il n'y en a pas pour longtemps pour qu'il me bâillonne et m'empêche de parler. Je n'ai pas envie de me taire. Ce gendarme est trop amusant. Il veut faire preuve d'autorité et je le sens si faible et embarrassé devant nous que ça en est hilarant.

— Bon écoutez les gars, on va pas s'énerver. C'en est fini de jouer ! Vous remballez sinon, on préviens vos parents...

— Genre vous avez leurs numéros et tout ? je dis en sortant de mon duvet.

Je suis en train de réaliser qu'on fait les malins alors que cet abruti de Jimmy a écrasé ses pétards devant notre tente et que le gendarme est pile poil en train de piétiner dessus.

— Bon allez les gars, on va surfer de toute façon, c'est l'heure ! je lance.

Le jour s'est levé et je ne vais pas trainer là plus longtemps. Max et Jimmy font comme moi. Même si c'était bien marrant de chicaner la flicaille, comme les appelle mon vieux, j'ai pas envie que ces cons lui passent un coup de fil.

En nous voyant tout remballer, la brigade s'en va, pas sans nous avoir prévenu qu'il repasserait vérifier que nous avons tout laisser convenable

Le temps de tout rassembler et de nous diriger vers le centre ville de la station balnéaire, la matinée est vite passée. Nous sommes rapidement rejoint par Nina et Marion.

Marion est super jolie dans sa petite roble de plage. Elle n'a pas pris son surf, je suppose qu'elle restera sur le sable avec les autres filles. Nous nous asseyons tous au skatepark. Le temps de manger un peu et d'attendre un groupe de potes qui doit venir plus tard. Alors que nous parlons, je remarque une culotte dans le dessus du sac de Nina. C'est plus fort que moi, d'un geste, je lui pique et je la brandis en partant en courant. L'adolescente s'en rend de suite compte et elle part à ma poursuite en hurlant :

— Speed ! Je vais te tuer ! Rends-moi ça !

Tout le monde rigole en me voyant agité autour du doigt le petit morceau de tissu blanc.

— Attrape-moi et je te la rends, je lui dis en courant partout dans le skatepark.

J'adore faire ça aux filles... C'est tellement pudique. Si quelqu'un choppait mon boxer, il pourrait toujours attendre avant que je lui cours après.

— Speed, putain ! Ça se fait pas, sale gamin ! dit-elle en colère.

Je saute du haut de la grande rampe de skate. Nina est rapide, alors je ne dois pas trop trainer en rigolant. Plus elle rale et plus j'ai envie de continuer cette poursuite... Je saute la petite rambarde et je marche dans les jardinières fleuries. Pour tenter d'aller plus vite, Nina balance ses claquettes en l'air et continue pied-nus. Je la laisse me froller juste assez pour qu'elle y croit et hop, j'accélère au moment où elle pense pouvoir tirer sur mon short. Il fait déjà chaud et je suis torse nu, ça l'aide pas.

— Qui veut une culotte ? Max, elle est pour toi !

— Ta gueule, rends-lui !

Je porte la culotte à mon nez pour la sentir et je fais genre de m'étouffer.

— Pouah ! Tu pues du cul, Nina !

— Putain, je te jure que si je t'attrape, Speed, je te la fais bouffer !

Je traverse à fond le terrain de skate, je prends mon élan pour sauter la chainette qui donne sur le jardin d'enfants. Je suis bien parti. Je décolle en hauteur, mais finalement pas assez... Mes pieds sont arrêtés par la chaine et je m'éclate de tout mon poids sur mes deux genoux. Aïe !

Putain, ça tue vraiment ! Nina m'arrache des mains sa culotte et me fouette avec.

— J'espère que tu souffres, imbécile !

Tout le monde rit autour de moi mais pas moi. J'ai senti une grosse déchirure dans chaque genou ! Merde, je fais aussitôt le calcul. On est fin juillet, je pars à Nice dans quelques jours. Et ma rentrée de Rugby est dans un mois et demi.

Je tente de me relever. Je comprends de suite ce que j'ai. Pas besoin de medecin ni de radio, je me suis foulé les deux genoux. Le droit plus que le gauche... J'ai super mal et surtout beaucoup de mal à marcher...

— Ah, sérieux les gars, je me suis fais hyper mal !

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