Chapitre 29

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Nous sommes totalement livrés à nous-mêmes depuis presque un mois, pour mon plus grand plaisir. La maison est sans dessus-dessous. Tout le monde squatte partout, rentre, sort, vient bouffer ou dormir.

De temps en temps, nous allons à la plage, en fonction du temps et de la météo, pour surfer. Ce mois de juillet est magique, je voudrais qu'il ne s'arrête jamais.

Le camping du curé est fermé. Je n'ai pas pensé à le prévenir qu'on squaterrait ce soir chez lui et je ne savais pas qu'il fermait son jardin à clefs. Les murs sont vraiment hauts, ça va être compliqué de passer par-dessus avec tout le matos de surf...

On est comme quatre cons assis au bord de la route à se demander où nous allons dormir. Paulo est sur Bordeaux, il ne peut pas venir nous chercher et le père de Jimmy pense qu'on est déjà en train de dormir. On ne va pas l'appeler maintenant sinon il va comprendre qu'on a encore surfer de nuit et il va le répéter à mon vieux qui va en faire tout un plat.

— À part squatter une maison, je vois pas ce qu'on peut faire, lance Ethan.

On est tous un peu crevés. Il y avait de super vagues, c'était agréable. On a du passer douze heures dans l'eau et ça fatigue. On a juste envie de se poser quelque part pour bouffer tranquillement et dormir en attendant demain matin.

— Au pire, on va au stade ! je propose en sortant le haut de ma combi pour enfiler un sweat sec.

— T'es malade, on n'a pas le droit de camper sur le stade ! refuse aussitôt Max.

— Il fait nuit, personne nous verra, on aura qu'à tout ranger demain à 6h30 au lever du jour...

Max et Ethan réfléchissent. Ils sont dans le même état que moi. Ils n'en peuvent plus.

— À part retourner à la plage où y a même pas un robinet pour se rincer, je vois pas d'autres solutions, reconnait Max en mettant son surf sur son épaule.

— Ouais, allez ! Au moins, on peut prendre une douche vite fait là-bas ! approuve Jimmy.

Nous filons tous vers le stade. Nous montons rapidement la tente. Nous nous rinçons au tuyan d'arrosage caché sous l'escalier des gradins. Nous connaissons ce stade par cœur, c'est là que Paulo et Max jouent au rugby. L'entraineur m'a proposé d'intégrer l'équipe en septembre. Il a posé quelques conditions mais je me sens capable maintenant de les respecter, enfin, j'espère...

Pas d'excès en tous genres, il fait allusion à la cigarettes et à l'alcool. Pas de bagarres et de la discipline, il va falloir que je reste calme et que je sois bon joueur, ça, ça va être plus compliqué...

J'ai commencé à m'entrainer sérieusement. Je cours tous les matins au levée du soleil, entre huit et dix kilomètres. J'ai remarqué que je suis beaucoup moins irritable depuis que je me dépense.

Nous ne trainons pas pour manger. Allongés tous les quatre, nous plaisantons en discutant sans nous soucier de notre campement sur le domaine public. On évite tout de même d'allumer un feu... Nous finissons par nous endormir vers deux ou trois heures.

Quelques heures plus tard, je suis réveillé par un bruit de frottement sur la toile de tente, comme s'il pleuvait... Bordel, pourtant je n'ai pas vu de mauvais temps à la météo. Je cherche mon portable pour vérifier quand soudainement je comprends ce qu'il se passe à l'extérieur.

J'ouvre la glissière de la fermeture éclaire et le spectacle que je vois confirme mes doutes. Putain, c'est l'arrosage automatique du stade qui s'est mis en route...

— Speed, commence pas à bouger, râle Jimmy qui veut dormir.

— Non mais les gars, y a l'arrosage qui s'est lancé, on va avoir toute nos fringues mouillées !

— On s'en fout, il va faire 40 degrés tout à l'heure, ça sèchera...

Ok, si vous le dites ! Moi, je me recouche et je surfe un peu sur mon telephone pour ne plus réveiller les autres. L'an dernier, j'aurai sauté partout et je les aurai fait chier. Je me rends compte qu'en prenant mon traitement régulièrement et en faisant beaucoup de sports, j'arrive à me canaliser.

Vers sept heures, le bruit de moteur d'une voiture se fait entendre. Les pneus crissent sur les cailloux du petit chemin qui longe le stade. Le véhicule se rapproche pour finir par s'arrêter à proximité de notre tente. Merde...

Je file un coup de coude à Jimmy qui râle.

— Ta gueule, Speed !

Je décide de ne pas faire plus de bruits en entendant des pas piétiner l'herbe qui nous entoure. J'imagine que ce sont les employés municipaux qui viennent s'occuper du terrain. J'espère qu'ils ne répèteront pas à l'entraineur que nous avons campé ici. Il est super strict et je vais morfler aux entrainements...

— Veuillez sortir de la tente, s'il vous plait ! nous ordonne une voix grave et inconnue.

Je refile un coup à Jimmy qui vient d'ouvrir grands les yeux. Je m'assois en tentant de réveiller Ethan. Je n'avais pas prévu que celui-ci avait un réveil difficile...

— Fais pas chier, Speed !

— Réveille-toi, Ethan ! Y a du monde dehors, lui dit Max en le secouant.

— Vas-y, laisse-moi dormir ! supplie Ethan en remontant son duvet sur ses yeux. Ils auront qu'à repasser !

Nous faisons silence en espérant que les hommes dehors se lacent et dégagent. Mais, en vain...

— S'il vous plait, c'est la gendarmerie ! Nous vous donnons l'ordre de sortir !

— On est dans la merde, je lance en remontant la fermeture éclair pour passer ma tête dehors.

— Non, mais vas-y, Speed ! Tu fais quoi ? Moi, je dors, bordel ! Je bouge même pas en rêve ! s'énerve Ethan.

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