Chapitre 28

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Marion et Sophie coupent court à notre séance de Ouija. Bien trop froussardes, aucune des deux n'est emballée par notre idée de communiquer avec les esprits. J'avoue que ça m'arrange car, et d'un, je viens d'avoir la trouille de ma vie en voyant leurs deux têtes derrière le carreau, et de deux, je commençais à ne plus pouvoir tenir en place.

Les grands esprits se rencontrent, c'est vraiment le cas de dire, quand Paulo attrape enfin la liqueur de Framboises que nous voulons tous gouter. Je trempe à peine mes lèvres dedans, je n'ai plus du tout envie de me bourrer la gueule quand Marion se serre contre moi dans le canapé. Je ne sais pas ce qu'il se passe entre nous, mais depuis cette discussion que nous avons eu au milieu de l'océan, tout est plus fluide. Je ne me pose plus de questions sur elle et je n'ai plus peur de sa réaction quand je colle un peu trop mon épaule contre la sienne. Nous échangeons dans le silence beaucoup de regards et de sourires. Les choses ont évolué et même si je ne sais pas ce que demain me réserve, rien ne compte plus aujourd'hui que de plaire à Marion.

Après de longues discussions et quelques verres, l'orage s'est enfin calmé. Jimmy décide de traverser la rue pour partir se coucher. Jenny et Dylan rentrent chez eux main dans la main. Max profite des places libres dans le canapé pour s'affaler sur Nina et il n'y en a plus pour longtemps avant qu'il ne lui fasse visiter son lit. Paulo et Sophie discutent tranquillement dans la cuisine en picolant et en fumant cigarette sur cigarette.

— Tu crois qu'ils vont remettre ça, je demande à Marion.

— Ton frère a déjà une copine !

— Il est pas à une près !

Marion fait la moue. Je reconnais que c'est maladroit comme réponse. Des fois, je ferai mieux de la fermer. Elle finit quand même par sourire en me tapant sur l'épaule :

— Elle est importante pour lui, ça fait plusieurs mois qu'ils sont ensemble...

Je suis sceptique avec ce qu'avance Marion. Elle doit tenir ça de sa sœur. Paulo ne parle jamais de cette fille et si vraiment elle comptait tant que ça, il nous l'aurait présentée.

— Il est toujours sur sa vieille de vingt-cinq ans ?

— Celle-là même...

Ça doit être un bon plan cul, c'est tout...

— Je préférais quand c'était Sophie, au moins c'était drôle !

— Oh putain, Tonio ! Tu te souviens quand on les regardait baiser y a deux ans ?

— Tu parles si je m'en souviens !

— En vrai, je sais pas expliquer pourquoi, mais c'est devenu super gênant de parler de sexe avec toi !

Marion baisse les yeux et coince nerveusement ses longs cheveux derrière ses oreilles. Elle mord sa lèvre inférieure. Je ne sais pas dans quel but elle me fait cet aveux.

— On a changé, c'est peut-être ça... je lui dis en haussant les épaules.

Ou alors, c'est autre chose. Je ne voyais Marion que comme une simple fille, objet de tous mes fantasmes de l'époque. Aujourd'hui, avec Marion tout a changé. Certes, j'ai toujours envie de l'embrasser mais je ne sais même pas si j'oserai la toucher. Elle me parait si pure et si innocente. Je ne veux pas la gâcher.

— Toi, tu as changé ! Déjà t'es plus puceau...

Cette conversation commence à devenir super gênante. Pas pour moi, en vrai, j'ai pas trop de problème de ce côté là. Mais échanger sur mes diverses expériences avec Marion, c'est quand même chelou. Changeons de sujet !

— Tu dors ici ? je lui demande.

Marion est surprise. Évidemment, on parle de sexe et moi je lui propose de dormir... Elle va rien comprendre. J'essaie de me rattraper !

— Je veux dire juste dormir... Enfin, imagine pas que je vais te sauter dessus ! On a déjà dormi ensemble plein de fois...

— Ok, mais imagine pas que je vais te laisser me sauter dessus. Je t'ai dit qu'on parlerai de ça à la rentrée !

— Tes parents vont rien dire ?

— Ils sont pas là du week-end !

— Wahou, ils ont fait des progrès ! Ils vous font sacrément confiance pour vous laisser toutes seules...

Blottis dans mon lit, l'un contre l'autre on oublie tout. Même la nuit étouffante et les éclairs qui continuent d'apparaître de temps en temps au loin. Je ne cherche pas même à l'embrasser. Avoir son parfum et sa peau douce contre la mienne me suffit pour apaiser toutes mes souffrances et mes angoisses nocturnes. Marion est mon pansement depuis des mois. Est-ce que je peux lui dire ça ? Marion je ne t'aime pas mais tu es un baume cicatrisant pour mes plaies internes. Ça m'étonnerait qu'elle apprécie. Je peux pas non plus lui dire que je l'aime parce que jamais j'aimerai personne. Je ne veux plus jamais aimet une femme. Les femmes c'est des traîtresses. Un jour, elles te disent qu'elles t'aiment, et le lendemain, elles ont disparu, envolé, morte, désintégré... Jamais, je n'aurai confiance en elles.

Les soirées comme celles-ci s'enchaînent dans notre maison, car sans réelle explication, mon père a déserté le domicile familial tout le mois de juillet. Avec mes frères, nous spéculons sur ses activités durant ses absences.

Paulo parle de sa pouffe en affirmant qu'un de ses quatre, il va la ramener chez nous. Moi, je préfère me convaincre qu'il passe son temps aux putes car je ne peux pas concevoir qu'il puisse avoir une relation sérieuse avec une femme autre que ma mère. Max nous écoute sans dire un mot, comme s'il ne se sentait pas concerné par nos discussions enflammées sur la vie sexuelle de notre père.

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