Chapitre 27

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— Esprit, si tu es là, envoie nous un signe ! murmure Paulo concentré sur la table.

Au même moment la lumière se rallume et s'éteint aussitôt. Chacun écarquille les yeux, surpris par ce qui est train de se passer et y va de son propre commentaire.

— Oh putain, c'était quoi ça ? interroge Jenny avec inquiétude.

— Devine, lance Jimmy.

Nina est au bord de la syncope, elle se jette dans les bras de Max qui se réjouit de cette nouvelle proximité entre eux.

— Non mais arrêtez, nous interrompt Paulo. Si quand on a un signe vous vous déconcentrez, on va pas y arriver, putain !

— Paulo a raison, le soutient Dylan.

Nous nous remettons en place, le doigt tendu sur le verre. J'en ai déjà marre... Je reluque discrètement vers le placard des apéros. Je boirai bien un petit verre, mon père a ramené des liqueurs de framboises d'Alsace. Sinon, j'ai envie de proposer un Loup-garou. Je m'emmerderai moins...

— Esprit, es-tu là ? redemande Paulo.

Quelques secondes s'écoulent et rien ne se passe. Ça m'énerve alors je ne trouve rien de mieux à dire :

— Bouhhh !!!

Tout le monde sursaute. Jimmy éclate de rire alors que les autres sont vraiment contrariés.

— Putain, il m'a fait peur, ce con ! dit Jenny en cachant son visage dans ses mains.

— Non, mais tu fais chier, ducon ! rage Paulo qui n'a pas envie de rire.

Moi, je suis mort de rire. Ils y croient tellement ! Quelque part les déconcentrer m'évite d'avoir la frousse, alors je fais le pitre avec Jimmy qui est toujours plié en deux à force de rire.

— Putain, Speed t'es trop con, lance-t-il en s'étouffant.

— Bon, on essaie une dernière fois et si ça marche pas, on fait autre chose. Mais Speed, tu la fermes, bordel ! m'ordonne Max qui s'impatiente.

Je remarque qu'il tient la main de sa voisine. Pas étonnant qu'il soit concentré...

— C'est ça ! Une dernière fois vite fait, que tu puisses rapidement galocher Nina... je lui réponds en affichant un sourire sadique.

— Hey, ho ! Je suis là ! se fâche Nina en me toisant.

— Non, jure ?

Elle croit qu'elle fait déjà parti de la famille ou quoi ?

— Bon, vos gueules, intervient Paulo qui se prend pour le maître du jeu.

Le tonnerre gronde de plus belle. Des grêlons s'abattent avec force sur la vitre de la fenêtre.

— Tu veux pas fermer le volet, me demande Max.

— Vas-y, toi ! J'ai pas envie de me mouiller la gueule...

— Ooohhh, c'est bon ! On s'en bats les couilles des volets. Posez vos doigts et fermez-la.

Plus personne ne parle. Je lâche un soupir pour exprimer que j'en ai plus que marre. Tout le monde ferme les yeux. J'allume discrètement mon téléphone pour filmer les têtes d'abrutis apeurés qui sont autour de moi. Paulo est raide comme un prof de yoga concentré sur un excercice de relaxation. Le torse de Max colle le dos de Nina, la petite chatte en chaleur. J'ai presque envie de dire ça à haute voix mais ils vont définitivement m'exclure. Je me contente de rire intérieurement de ce surnom. Dylan et Jenny semblent dormir profondément. Pour Dylan, c'est presque habituel. Il reste Jimmy qui est avachi dans sa chaise. Sa main gauche dans la poche, il joue avec son briquet.

De longues minutes sont passées. Personne ne parle, nous sommes bercés par le souffle du vent qui s'engouffre dans la cheminée et par les flots qui tapent violemment sur la maison.

— Esprit, es-tu là ? murmure Paulo.

Comme à chaque fois qu'il a posé la question, le tonnerre répond par un cri féroce. Les yeux s'ouvrent. Paulo me fusille du regard pour que je la boucle deux minutes.

— Si tu es là, envoie nous un signe...

J'affiche un sourire moqueur tellement je trouve la question débile. J'ai envie de dire, ducon, l'esprit est là et il te fait un fuck. Ça, ça serait un sacré signe ! Mais mon frère me menace toujours avec son regard de la mort qui tue, alors je la ferme...

La foudre s'abat à quelques kilomètres du village éclairant le salon. Le doigt de Nina se met à frissonner. Je la soupçonne de faire exprès. Nous avons tous les yeux profondément accrochés au verre immobile. À nouveau, le tonnerre explose au-dessus de nos têtes, il est aussitôt suivi d'un grand fracassement qui résonne sur notre porte d'entrée située face à nous.

— Boum, boum, boum !

En parallèle, un éclair illumine nos visages inquiets et l'extérieur où nous apercevons deux têtes blanches aux regards terrifiants.

Les deux filles hurlent en même temps. Nina se jette sur Max qui la réceptionne sur ses genoux. Il semble avoir oublié tous ses projets cochons. Il a la bouche grande ouverte et est complètement immobile. Jenny tombe de sa chaise et rampe par terre pour chercher un endroit où se planquer. Dylan se mord la lèvre en essayant de calmer sa copine. Paulo ne bouge plus, il est en pleine réflexion, il cherche à savoir s'il est l'auteur de cette apparition et si nous sommes en plein cauchemar. Jimmy accroche sa main à ma cuisse, me broyant le muscle. Moi, je suis spectateur de ce show terrifiant. Je filme toujours, me demandant si je dois rire des expressions de mes amis ou si je dois partir en courant.

— Boum, boum, boum !

Trois nouveaux coups résonnent et nous sortent de notre stupéfaction. Marion pousse la porte d'entrée, suivie de Sophie. Bordel, je les avais complètement oublié celles-là !

— Ça vous fait marrer de nous laisser poireauter sous la pluie, ou quoi ? nous interroge Marion avec un air contrarié.

— Est que tu trouves qu'on a l'air de rire ? je lui réponds frustré par la frousse terrible qu'elles viennent de nous mettre.

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