Chapitre 24

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Les deux noses* de nos surfs se touchent. Nous sommes face à face, les yeux dans les yeux. J'appuie mon menton sur mes mains alors que Marion joue avec le clapot des vagues. Je la dévisage avec insistance, j'ai besoin de comprendre ce qu'elle ressent. Ça l'intimide et son regard me fuit sans cesse.

— Je savais pas comment me comporter, j'attendais que tu prennes les choses en main... finit-elle par m'avouer.

— Exactement pareil ! je dis avec beaucoup de regrets. Mais tu m'as tellement friendzoné ces derniers temps que j'ai cru que tu voulais pas de moi.

Si seulement j'avais su, c'est un putain de malentendu ! Marion ne m'as pas largué le lendemain du bal, elle a juste été timide et mal à l'aise et moi comme un pauvre con j'ai pris ça pour de l'ignorance.

J'ai soudain besoin de faire le vide. Ses aveux me tombent dessus comme une douche froide. Je ne sais plus du tout où j'en suis. J'ai tellement attendu et espéré Marion que je ne sais plus quoi lui dire ni quoi faire.

— T'es toujours hyper entreprenant et sans gêne. Donc je pensais pas que ça te frênerait autant.

— Je suis pas maso, tu m'as mis vingt râteaux, au bout d'un moment, je passe à autre chose !

— Facile avec la meute de filles en chaleur qui te tourne tout le temps autour et que tu repousses jamais.

Je souris en l'entendant parler. C'est marrant comment nos points de vues diffèrent. Je ne sais pas d'où elle sort ça. Justement, j'aimerai bien avoir plus de meufs à mes pieds ! Enfin, ça c'était avant les aveux de Marion.

— N'importe quoi !

— Et Paulina, on en parle ?

— Je sais pas... Elle était là et pas toi ! J'avais besoin de quelqu'un pour me consoler.

Oui, j'ai sauté sur la première venue. Putain, c'était nul de ma part. Marion est jalouse, je le lis dans ses yeux et c'est exactement le résultat que j'attendais. Ses yeux plissés à cause des rayons du soleil qui nous aveuglent sont tristes et ça me fend le cœur. J'aime pas culpabiliser comme ça, surtout quand je vois que je l'ai délibérément faite souffrir.

— Non, te fous pas de moi ! C'est toujours la même chose avec toi ! Dès qu'il y a une fille qui te sourit, tu peux pas t'empêcher de la séduire !

— Mais non !

— Ecoute Tonio, j'ai beaucoup réfléchi à tout ça. Alors, je vais te poser deux questions. Je ne veux pas que tu y répondes maintenant. C'est les vacances, je sais ce qu'il va se passer. Ça va être l'orgie en juillet et ensuite tu vas partir à Nice et moi en Corse. Donc, je veux vraiment que tu réfléchisses à tes réponses ! Tu as toutes les vacances pour ça...

— Ok, c'est quoi ?

— En premier, je veux que tu me dises ce que tu ressens vraiment pour moi !

Même s'il fallait que je lui réponde de suite, je ne le pourrais pas. Je ne sais pas. Je ne veux pas savoir. Je ne suis pas amoureux.

Une vague un peu trop forte vient nous déstabiliser. Nous nous retrouvons à nouveau côte à côte, toujours accrochés l'un à l'autre. Nos jambes ainsi que nos coudes se touchent. Je maintiens fermement le leach du surf de Marion. Je veux entendre sa deuxième volonté avant de prendre le prochain spot.

— Et quoi d'autre ? je l'interroge en humidifiant mes lèvres collés par le sel de la mer.

— La deuxième n'est pas vraiment un question. C'est plutôt un ultimatum !

— Super ! je dis en soupirant.

Elle me sort la totale. Absolument, tout ce dont je ne veux pas entendre parler. D'abord l'amour et là, je parie qu'elle va parler de couple et de durée...

— En fonction de ce que tu me donneras comme réponse à la rentrée, soit tu t'engages, vraiment ! Soit tu me laisses pour de bon. Je veux dire, fini les bisous volés et tout le reste. On sera amis et rien d'autre !

Voilà, nous y sommes... Est-ce que je dois lui demander si elle est amoureuse de moi ? Non, ça parait évident. Est-ce que je dois lui demander si je dois me tenir à carreaux avec les filles jusqu'à la rentrée. Non, ça parait évident aussi... Est-ce je veux être en couple avec Marion ? Je n'en sais strictement rien.

Ce soir, quand je rentre dans la tente pour me coucher, je me dirige dans la chambre de Marion qui n'hésite pas une seconde à me faire une place. Chacun dans notre sac de couchage, nous ne bougeons pas. Le clair de lune nous illumine à peine. Dans l'autre partie de l'habitacle nos amis se disputent et chahutent mais pour une fois, je me tais et je ne fais pas le malin.

Nous nous sommes dit ce que nous avions sur le cœur. Les choses sont claires pour moi et je me sens libéré. Je ne sais pas ce qu'il va se passer durant l'été, mais je ne suis plus inquiet. Marion est à côté de moi et même si elle m'a dit d'attendre la rentrée, je ne résiste pas. Je sors mes bras de mon duvet et je me rapproche d'elle. J'ai juste besoin de poser ma tête dans son cou et de sentir son parfum délicat. Elle ne me repousse pas. Au contraire, ses bras m'entourent et me serrent fort. Une main se glisse dans mes cheveux et me caresse délicatement la nuque. J'ai tellement besoin d'elle et de son affection, de sentir que je compte pour elle.

Nous restons enlacés toute la nuit. Nous nous endormons dans les bras l'un de l'autre.

* Nez du surf ou avant de la planche.

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