Chapitre 23

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Finalement, même si elle a quelques doutes concernant le suçon, Paulina choisit de me croire et de me faire confiance. Putain, j'en reviens pas, parce que personne à part elle ne me croit... Tout le monde pense que j'ai encore été infidèle. Et bien entendu mes abrutis de frères nient toute responsabilité dans cette histoire. Mais Paulina s'en fout royalement.

La date du bac de français arrive à grand pas. Je tente de m'organiser pour réviser l'oral. J'ai un gros avantage sur beaucoup, c'est que tout au long de l'année j'ai lu quasiment toutes les oeuvres des auteurs que je présente. Je connais également toutes les biographies par cœur donc je suis vraiment à l'aise pour parler des textes. Et coup de chance, je passe le premier à 8 heures et le prof choisit mon texte préféré. Je me débrouille comme un chef et je suis certain d'avoir plutôt bien réussi. Il en est de même avec l'épreuve écrite même si tout au long de l'année j'ai pris le commentaire de texte où j'excelle.
Je ne sais pas pourquoi, le jour du bac, je choisis le sujet invention. Mais ce n'est pas pire que Max qui a pris le commentaire et a commenté le mauvais texte. Il est complètement démoralisé. Il se voit déjà avec un 2/20.

À peine les épreuves terminées, je plonge dans les vacances en attendant les résultats. Je n'ai qu'une envie : surfer. Paulina aussi...

Mais moi, je ne veux pas surfer en tête à tête, je veux retrouver ma bande de potes et nos délires sur l'océan. Partager des moments de liberté pure et avec Paulina, j'ai toujours ses yeux rivés sur moi qui en demande davantage, qui me cherchent pour que je la rassure, qui veulent lire que je l'aime... et je ne l'aime pas !

Et puis, Marion me manque... Je m'ennuie de nos conversations et de nos débats infinis. Je veux la taquiner à nouveau et me coller contre elle. Je veux qu'elle me rassure dans mes choix, qu'elle me fasse la morale quand je merde, qu'elle m'envoie bouler quand elle n'en peut plus de moi, qu'elle me dise que j'ai encore grandi et que je suis un BG.

Speed : Je vais surfer à la plage centrale

Paulina : Ok, on se retrouve ce soir

Speed : Non, je viendrai pas

Lâchement et sans qu'elle s'y attende, je romps avec Paulina. Parce qu'avec elle, je ne suis plus moi. Parce que loin de Marion, je me sens perdu. Parce que Paulo a réouvert une brêche en me disant qu'elle pleure. Parce que je ne peux m'empêcher de croire qu'il y a peut-être encore un espoir.

Paulina : Demain si tu préfères

Speed : Non, plus jamais...

Je coupe mon téléphone et fonce au garage préparer tout mon attirail de surf. C'est le début de l'été, il fait très chaud mais l'eau est encore bien froide, j'ai besoin de ma combi. Une fois prêt, je fonce chez Marion, peut-être voudra-t-elle m'accompagner...

C'est au milieu de l'eau, bercés par les flots que nous avons enfin la conversation la plus sérieuse qui soit. Chacun à plat ventre sur notre surf, un peu à l'écart du groupe, nous regardons loin derrière en attendant la vague.

— Alors, c'est fini avec Paulina ? m'interroge soudain Marion.

— Comment tu sais ?

Le vent frétille dans ses cheveux blonds qu'elle n'a pas encore mouillé. Elle n'aime pas mettre la tête sous l'eau et elle déteste quand je l'éclabousse. Mais ce n'est pas le moment de jouer. On est tous les deux un peu mal à l'aise. Nous sommes restés plus d'un mois sans véritablement parler alors on ne sait plus comment y remédier.

Une vague parfaite se forme. J'hésite. Je commence à ramer pour me mettre dans le bon sens. Quand je me rends compte que Marion cherche ses mots. Je fais demi-tour pour m'accrocher à son surf pour ne plus m'éloigner d'elle.

— Bah, en fait... commence-t-elle. Paulina a mis qu'elle était célibataire sur Facebook...

Ça me fait sourire que Marion stalke mon ex.

— Tu surveilles son compte ?

— Mais non !

— Mais si !

Je lui jettte un peu d'eau à la figure et elle râle.

— Avoue ! je lui ordonne en rigolant.

— Non, mais j'ai trouvé bizarre que soudain tu es envie de surfer avec moi !

— Tu me manques !

Putain, c'est sorti tout seul. Elle ne s'y attendait pas et moi encore moins ! Mais pourquoi je lui dis ça ? Et pourquoi j'ai une boule dans ma gorge qui se forme et qui m'empêche de respirer en attendant sa réponse ?

Nous nous dévisageons un moment puis je détourne les yeux vers la prochaine vague qui arrive. Elle est petite et insignifiante mais j'ai envie de plonger dedans pour en finir avec ce que je ressens et que je n'arrive pas à déchiffrer. Marion soupire fortement puis d'une toute petite voix, elle murmure que je lui manque aussi.

C'est un immense soulagement. J'ai presque envie de pleurer tellement je suis heureux. Je ne m'attendais vraiment pas à ça de sa part. Alors je décide de tout lui dire :

— Marion, quand on s'est embrassé au bal, j'y ai cru ! Je veux dire, j'étais bien et après, plus rien...

Oh putain, que c'est dur de lui parler. Pourtant, c'est si simple dans ma tête. Je veux juste pouvoir n'embrasser qu'elle et sans limite. Nos deux surfs, bercés par les flots, dérivent lentement mais rien ne compte autour de nous, même pas les mouettes qui tournoient dans le ciel bleu. Le seul bleu dans lequel je me noie est celui des yeux de Marion qui m'avoue :

— Pareil, j'avais pas envie que cette nuit se termine...

— Alors, pourquoi ?

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