Chapitre 21

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— Hey ducon ! Toi, t'es mort ! me lance Max avec un grand sourire pendant qu'il met la table.

Je lui réponds par un doigt d'honneur. Je ne vais même pas relever sa remarque, ça serait me trahir ! Je me connais, si je rentre dans le débat, je vais être de suite suspect parce que je vais m'énerver. De toute façon, on ne se parle plus depuis deux semaines maintenant. Donc ça m'arrange.

Je le regarde vider le lave-vaisselle en grignotant du pain, un grand sourire aux lèvres. Je sais que ça l'emmerde quand je fais ça. On mesure notre patience dans le regard. Le premier qui baisse les yeux a perdu. Dommage, nous sommes interrompus par Paulo qui rentre juste de l'entrainement de rugby. Il est tout poisseux. Ses cheveux sont collés par la transpiration et la terre. Habituellement il fonce dans la salle de bain, mais là, il fait un détour par la cuisine.

— Il est pas là, le vieux ? demande-t-il en jettant un oeil dans le salon.

— Il est pas encore rentré ! lui confime Max.

Paulo jette son sac par terre et s'avance vers moi en me regardant dans les yeux. Non mais avant, il me faisait gavé peur quand il faisait ça, mais maintenant j'ai juste envie de rire. Quoique, s'ils s'y mettent à deux, ils peuvent encore me faire mal. Mais Max se rabaissera jamais à me frapper.

— Qu'est-ce que t'as branlé avec ta pote, l'autre soir ? me questionne-t-il menaçant.

— Ah, désolé si on a été un peu trop bruyants ! je lui réponds en le prenant de haut.

Max lâche une grimace et je vois qu'il se retient de rire à ma réflexion. Paulo laisse tomber et se lave les mains en soupirant pendant que je continue de bouffer du pain. Je m'installe sur un haut tabouret de l'îlot central de la cuisine pour leur montrer qu'ils ne me font pas peur. La seule chose qui m'inquiète c'est la raison de leur agacement, parce que j'ai fait tellement de conneries ces derniers jours que je suis curieux de savoir laquelle les énerve autant.

— Vas-y, fais le malin, merdeux ! m'attaque Max.

Je bois lentement mon verre d'eau sans répondre, arborant toujours mon sourire provocateur.

— Le pire, c'est qu'il croit que personne ne sait ce que c'est lui ! dit Paulo en s'adressant à Max.

Il s'essuie les mains et jette le torchon à coté de l'évier puis l'air furieux, il vient s'assoir sur un tabouret à coté de moi.

— Alors ducon, par quoi on commence ?

— Par le début, branleur ! Enfin ça c'est quand on est logique mais vous l'êtes pas ! je lui dit en jouant avec mon verre vide.

— Et le début, c'est les tags ou les drapeaux ?

Donc ils sont au courant de tout... En même temps, il n'y a pas trente-cinq mille suspects dans le village. Quoique pour les drapeaux, ça peut être facilement contesté au vu des différents conflits présents entre les habitants et la mairie. Bon, j'avoue que pour les tags ça ne peut pas être un vieux... La qualité de mes dessins pourraient même laisser entendre qu'il s'agit de maternelles, tellement le niveau est élevé. Tout le monde pense qu'il s'agit de bites alors que j'ai tracé des fucks !

— Les tags ! je dis en rigolant, fier de moi.

Je suis certain qu'ils sont vénères de ne pas y avoir pensé et participé. Ce qui le embête, c'est que je ne trace plus avec eux et ils ne sont plus au courant de mes dernières frasques.

— Magnifique idée que de dessiner des bites partout sur deux villages : le tien et celui de ta meuf ! m'accuse Max en s'asseyant face à moi.

Voilà, eux aussi, ils voient des bites ! je pense totalement désespéré.

— J'avoue que question discrétion, t'as pas beaucoup réfléchi, merdeux ! me lance Paulo en accompagnant ses paroles d'une tape derrière ma tête.

— Mais je vous emmerde, y a pas de preuves, d'abord !

Ne jamais avouer, même quand toutes les preuves sont indiscutables ! C'est Ma règle Numéro Une. Si je reconnais mes torts, ils vont s'en vanter partout. Si je ne dis rien, le doute planera toujours...

— Et comme par hazard les drapeaux de ces deux villages ont également disparu ! dit Max en ricanant.

Mes deux frères se moquent de moi maintenant et ça commence à m'énerver. J'aime pas quand ils me tombent tous les deux dessus.

— Mais vos gueules, vous êtes de la police ou quoi ? je les provoque en me levant de mon tabouret pour fuir leur interrogatoire.

— Non mais sérieux, qu'est-ce que tu vas foutre de dix drapeaux ? m'interroge Paulo dubitatif. On dirait que t'as oublié ta séquence habillage du monument aux morts de l'an dernier qui t'a valu tout un tas d'embrouilles avec la municipalité !

— Mais non... Là, je fais des stocks pour la coupe du monde !

— Mais qu'il est con ! lâche Max en se tapant sur le front.

Mes deux frères partent tous les deux dans un fou-rire incontrôlable. Mais c'est vrai pourtant ! La coupe du monde de foot est dans un mois et il y aura des drapeaux tricolores suspendus partout. Je vais pouvoir exhiber les miens.

Mon père rentre à ce moment-là dans la cuisine. Il nous regarde rire et ça l'énerve...

— Je vous préviens que ce soir, c'est pas le moment de me casser les couilles. Et j'espère que vous avez rien à voir avec le bordel dans la commune !

Les quatre yeux de mes frères hilares se posent sur moi. Je prends ma tête d'innocent et je les ignore pour rassurer mon père :

— Non t'inquiète ! Apparemment, c'est les gens de l'asso qui en veulent au maire ! je lâche comme si j'étais au courant de quelque chose, alors que pas du tout.

Mon père à l'air rassuré. Nous pouvons diner.

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