Chapitre 18

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Il y a des soirées inoubliables et moi je viens de passer à côté de ça.

Paulina sort de la chambre la première. J'aurai bien voulu rester un peu plus longtemps dans son lit. Maintenant que je suis bien réveillé, nous aurions pu prolonger notre étreinte, surtout que je n'ai rien d'autre à faire pour la journée. Tant pis, c'est partie remise pour ce soir !

Dans le salon tout le monde dort un peu partout à l'arrache. C'est un vrai carnage. Il y beaucoup de bordel dans la miniscule pièce que je découvre sans fumée. Des bouteilles d'alcool, toutes vides, trônent sur la table basse au milieu des pipes, bongs et narguilés. Les cendriers sont pleins. Tout le matériel pour fumer est à portée de main. S'il y avait une descente de flics, on aurait probablement de sérieux problèmes. Chez moi, mon père nous a toujours habitué à la plus grande discrétion et à toujours ranger ce genre d'instrument. Paulina ouvre une fenêtre pour ventiler la pièce puis elle s'allume une cigarette.

— Je sais pas bien rouler ! m'indique-t-elle pour s'excuser de ne pas faire de pétard.

— Je peux t'apprendre, si tu veux !

— Ah, ça serait cool ! Tu veux une clope ?

— Je fume qu'en soirée, je lui indique.

Je n'ai pas envie de retomber dans ma période fumeur à gogo. Ça ne me manque pas alors je vais éviter de tirer sur une clope le matin.

Jimmy, allongé sur le canapé, ouvre un oeil. Je m'attends à une réflexion de sa part. Il est toujours rancunier quand il s'agit des filles. Max dort à côté de lui sur un fauteuil les bras croisés.

— Il fume pas, c'est un gamin de quatorze ans ! lance Jimmy en toussant.

— Etouffe-toi dans tes conneries ! Bien fait, ducon ! je me défends aussitôt.

Putain, il me saoule à toujours ramener mon âge quand je commence à approcher une fille. Il n'y a rien de pire qui m'énerve. Maintenant, Paulina me regarde avec interrogation.

— T'as que quatorze ans ?

— Dix-huit ! je lui réponds avec une grand sourire. Dans trois ans et deux mois !

— Donc quatorze ! insiste Jimmy.

Les quatre personnes que je ne connais pas et qui dormaient dans la pièce commencent à se réveiller. Max ouvre aussi difficilement un oeil. Je m'assois dans un vieux fauteuil vide en ruminant au sujet de Jimmy. Il me gave, sérieux. Paulina vient se mettre sur mes genoux. J'en profite pour faire un doigt à mon pote qui fait une grimace en nous observant.

— T'as vraiment que quatorze ? m'interroge Paulina intriguée.

— Dix-huit...

— Non mais sérieux !

— Je vais avoir quinze le trois août...

Elle me dévisage et semble surprise. Ça change quoi l'âge des gens ? C'est ce qu'ils ont dans la tête qui fait qu'ils sont ce qu'ils sont...

— T'es vachement grand ! finit-elle par dire en recrachant la fumée de sa cigarette.

Oui, heureusement que je continue ma poussée de croissance. C'est un atout !

Cette odeur de fumée que répand Paulina représente toute mon enfance. J'aime pas forcément fumer mais sentir la cigarette, me rappelle mes parents. J'ai toujours aimé ce coté toasté/brulé. C'est comme quand on gratte une allumette. J'adore !

Personne ne parle. Tout le monde est encore déchiré de la veille. Et pendant que je hume l'odeur, Max se lève pour enfiler un sweat. C'est à ce moment que je remarque son oreille.

— T'as quoi à ton oreille ?

Il se touche aussitôt le lobe droit alors que Jimmy et Ethan éclate de rire. Mais ils ont foutu quoi hier soir ?

— Putain, Speed ! T'aurais pas dû aller dormir, vieux ! me reproche Ethan.

En détaillant un peu plus mon frère, je comprends qu'il a un anneau en argent à l'oreille.

— Max sait tatouer et percer ! raconte Dylan. Il va ouvrir une boutique au lycée !

— Hein ?

C'est quoi ces conneries ? Ils ont pas fait ça ? Mais si ! Jimmy est fier de me montrer le voilier qu'il a sur le bras alors que Dylan s'est tatoué Jenny sur le pectoral. C'est excessivement mal fait. Les lettres sont irrégulières et limites illisibles.

— Vous êtes malades, les gars ! je leur dis en admirant chaque tattoo horrible.

Max est à peu près aussi doué que moi en dessin. Le talent, c'est de famille, on l'a ou pas ! Nous, on l'a vraiment pas !

— T'es jaloux parce que les tatouages, c'est viril et que t'en a pas, sale gosse ! réplique Ethan en ricanant.

— Excuse-moi de ne pas regretter d'avoir un coeur tatoué sur le torse qui ressemble à une bite ! Vous avez fait ça comment, d'ailleurs ?

— Avec des aiguilles et de l'encre de Chine, m'explique Max en me montrant une boîte transparente d'épingles.

— J'ai un piercing au nombril aussi ! me montre Jimmy.

— Et à la bite ? je l'interroge.

Tout le monde éclate de rire. Et je n'en reviens pas quand Max se lève et commence à déboutonner sa braguette lentement. Putain, il a pas fait ça ? Mais ils sont malades. Le mélange alcool et fume, ça rend fou.

— Mais non ! dit Max en s'arrêtant. T'es pas bien, on gâche pas un truc qui fonctionne du tonnerre de feu.

Il se reboutonne et se rassoit content de sa blague pendant que je hausse les épaules.

— Vous avez désinfecté les aiguilles ? je les questionne.

Putain, mais jamais je me serais laisser faire avec les épingles qui sortent de je ne sais où...

— On les a brûlé ! me précise Max.

— Super !

Max veut faire une école d'infirmière et hier soir, il a du s'éclater avec toutes les aiguilles.

— Quoi ? demande Max vexé que je ne partage pas leur délire.

— Pour une future infirmière, tu vas pouvoir revoir le chapitre de la stérilisation, ducon ! je lance à mon frère sur le ton du reproche. Tu viendras pas pleurer quand il faudra t'inciser l'oreille car tu fais infection !

— Mais ta gueule, merdeux ! s'énerve-t-il en se touchant l'oreille. Fais pas genre que tu fais jamais de conneries !

— Je me pique pas avec n'importe quoi, moi !

En comprenant qu'il aurait du réfléchir avec de planter des aiguilles dans la chair de tout le monde sans les désinfecter correctement, Max se vexe et m'agresse :

— Putain, tu vas me casser le couilles longtemps ?

— Quand on réfléchit pas, ducon...

— Bon, allez, moi, je rentre ! lâche-t-il en poussant la porte sans se retourner.

— C'est ça ! Cours te désinfecter l'oreille, ducon !

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