Chapitre 14

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Ça bouge au rez-de-chaussée ! Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit car j'ai regardé Marion se reposer. Je ne sais plus quoi penser de ses baisers. Pourquoi a-t-elle passé des mois à me repousser ? Pourquoi a-t-elle changé d'avis ? Est-ce qu'on est ensemble ? Est-ce que j'ai vraiment envie d'avoir une relation sérieuse ? Vraiment sérieuse ? Est-ce que j'en suis capable et est-ce que je ne vais encore tout faire foirer ? Elle dort toujours contre moi alors que j'ai une crampe au bras sur lequel est posée sa tête. Je remue les doigts doucement et avec mon autre main, je me délivre du poids de Marion. Elle est belle emprisonnée dans son sommeil avec ses longs cils trop maquillés et trop noirs.

Je ne tiens plus, je préfère me lever. Toutes ces questions dans ma tête me rendent nerveux. J'ai peur que ce ne soit Marion qui me déçoive encore une fois. J'enfile mes Converse pour la fuir et attendre au milieu de mes potes son réveil.

Je descends voir ce qu'il se passe en bas. L'odeur du café dans les escaliers me donne un haut-le-cœur. J'ai une boule à l'estomac à cause de mon amie. Je n'arrive pas à prendre du recul face à cette situation.

Les lycéens les plus courageux sont debout, assis à la grande table en verre de la cuisine. Une carafe de café fume à côté de quelques paquets de gâteaux ouverts.

— Hey Speed ! me lance Ethan qui semble encore bourré de la veille.

Je réponds à son salut en lui tapant dans l'épaule.

— Ça va, Ethan ?

Max lève ses yeux bridés vers moi, il ne paraît pas être dans son assiette, comme tous ceux qui sont là, d'ailleurs ! Ils ont les yeux cernés et la mine fatiguée.

— Max, tu ressembles à quelqu'un qui a envie de vomir... je lui fais remarquer, un sourire narquois sur les lèvres.

— Ta gueule ! me répond-il en faisant la grimace.

J'ai vu juste... S'il n'a pas gerbé, ça ne devrait plus tarder à arriver ! Il a le teint vert et les yeux qui se révulsent. J'adore l'embêter quand il est dans cet état.

— Hey Speed, t'étais où ? m'interroge Jimmy en buvant son café.

— Occupé ! je réponds en prenant une tranche de fondant au chocolat avec les doigts.

C'est un de mes desserts préférés. J'ai faim ! D'ailleurs, je ne me souviens pas d'avoir mangé hier soir, enfin si on ne compte pas la poignée de chips, le petit morceau de quatre-quarts et les fraises Tagada. C'est peut-être ça mon mal à l'estomac...

— Qui est l'heureuse élue ? me demande Ethan en levant les sourcils.

Les cinq ados présents attendent ma réponse. Ils sont avides de scoop. Je ne dirai rien, juste pour les emmerder. En plus, ils ont bien dû remarquer que j'avais passé la soirée avec Marion, ils doivent bien se douter.

— Ça vous regarde pas ! Max, tu veux de la mayonnaise ?

Je change direct de sujet pour éviter d'autres questions. Max et la mayo, c'est toute une histoire ! Il déteste ça !

— Ta gueule, ducon !

Je sais qu'en insistant dessus, je peux arriver à le faire gerber en moins de trois minutes. Il me supplie du regard désespérément. Mais je n'ai pas oublié son Action d'hier soir. Alors je continue :

— La mayonnaise bien grasse avec beaucoup d'huile et un jaune d'œuf...

— Mais ta gueule, bordel ! râle Max qui devient jaune et se tient la bouche.

— Tu sais, celle à la moutarde !

— Oh putain...

Max se lève en courant pour ouvrir la porte d'entrée et sauter les deux marches de dehors. À travers la fenêtre, nous sommes cinq à le regarder s'appuyer pour vomir dans le caniveau. Je connais mon frère par coeur. La mayo, ça marche toujours avec lui !

— T'es trop con, Speed ! me dit Jimmy en riant.

Nous nous rasseyons autour de la table. De plus en plus de gens se réveillent et la cuisine devient très vite trop petite. Je me dépêche à manger du fondant tant qu'il y en a.

— C'est Julie ? T'as remis ça avec elle ? continue d'enquêter Ethan.

— Mais qu'est-ce que ça peut te foutre ? je lui réponds la bouche pleine en me léchant les doigts.

— Hier, t'as dit que tu voulais pêcho. On t'a pas vu de la nuit... Je veux savoir !

C'est ce moment que choisit Marion pour se pointer. Elle passe sa tête dans l'embrasure de la porte. Nos regards se croisent. Je baisse aussitôt les yeux en songeant à nos échanges de salive de cette nuit. Ma boule à l'estomac réapparait. Mon cœur bat fort dans ma poitrine. Putain, je me sens pas bien. J'ai peur de ce qui va se passer. Je jette un nouveau coup d'oeil dans sa direction quand elle dit timidement :

— Salut tout le monde !

Je remarque de suite qu'elle s'est changé. Elle a quitté sa robe noire pour passer un legging et un long T-shirt gris. Elle nous observe encore avant de s'avancer pudiquement. Je lui fais signe de la tête pour lui dire bonjour. Elle me sourit et se dirige vers moi. Quand elle arrive à ma hauteur, sans réfléchir, j'enlace ses doigts. Ce simple contact me donne envie de la serrer contre moi. Nos regards se croisent et je lis dans ses yeux la même chose. Il n'y a plus de places assises et naturellement Marion s'installe sur mes genoux. Je pose mon menton sur sa nuque. L'odeur de ses cheveux envahit mes narines. Marion sent toujours bon. Ses vêtements portent son parfum et c'est très agréable. Mon angoisse disparait enfin et je savoure ce moment de la tenir encore un peu contre moi. Je ne réalise pas de suite les petits sourires en coin que m'adressent d'abord Ethan puis Jimmy.

— Y en a qui ont passé une bonne nuit reposante, pendant que d'autres ont fait nuit blanche, pas vrai Speed ?

— Hein ?

— Deux ! lâche Jimmy.

Tout le monde éclate de rire.

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