Chapitre 12 - 1107 -

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C’est dur de dessaouler en milieu de soirée, j’ai l’impression d’être à l’ouest en arrivant chez Ethan. Une grande partie de ma classe est, uniquement les Premières S et ES. J’ai pas compris pourquoi les Premières L n’étaient pas invitées. Soi-disant qu’on ne se mélange pas. Moi, je parle à tout le monde et j’aime bien quand il y a de nouvelles têtes, alors je trouve ça bizarre. Mais comme ce n’est pas chez moi, je me garde de dire quoi que ce soit. La maison, une vieille baraque en pierre sur deux niveaux, grande et cosy, nous appartient pour la nuit, car les parents d’Ethan ont accepté de déserter jusqu’à midi. Tous les meubles fragiles ou anciens du salon ont été poussés pour laisser place à une piste improvisée que j’évite. Marion tente de me faire bouger, mais je n’ai plus envie. J’ai presque les idées claires et je ne souhaite pas me ridiculiser davantage. Elle finit par me suivre dans la cuisine.

— Va danser si tu veux, je lui dis en me servant un grand verre d’eau.

— Bof, c’est plus drôle quand t’es là !

Je suppose que Dylan est avec Jenny à l’étage, nous décidons de partir ensemble à la recherche de Jimmy et Max. Nous les trouvons dans le cabanon du jardin en train de fumer avec trois autres gars de ma classe. Ils sont tous assis par terre, au milieu des outils, un gros cendrier disposé devant eux. Je m’installe au volant du tracteur tondeuse et Marion s’appuie contre moi. Je passe mes bras autour de son cou et elle se laisse faire. Ma joue contre sa joue, je ne sais pas quoi penser. Je ne veux pas me poser les mille questions qui torturent mon esprit depuis des mois. Je profite simplement de la sérénité de cette nuit.

Marion fume à peine et je fais de même. Un taf vite fait pour faire comme tout le monde.

— Alors Speed, je croyais que t’étais en manque ? T’as rien pêcho ! me lance Jimmy en éclatant de rire.

— Mais ta gueule ! Déjà, toi quand t’auras pêcho tu pourras parler !

J’accompagne ma réponse d’un doigt d’honneur alors que Jimmy boit au goulot d’une bouteille de vodka. Il fait exprès, ce con. Je suis sûr qu’il est jaloux de voir que Marion s’est à nouveau rapprochée de moi.

— Speed, Action ou Vérité ? me lance Max.

— Action ! je déclare en affichant un grand sourire pour le provoquer.

Je fais le malin, mais je flippe à mort en imaginant tout ce que ce sadique de Max pourrait me demander. Sachant que sa perversité augmente avec son taux d’alcool, il ne doit pas être loin du maximum. Je serre un peu plus Marion contre moi, en espérant qu’il ne m’envoie pas galocher une pucelle qui danse. S’il fait ça, il va morfler…

— Va demander du coca à l’épicière !

Putain ! Il m’énerve quand il est comme ça. On est dans le village juste à côté du nôtre et tout le monde nous connaît. La vieille voisine d’Ethan tient la seule et unique alimentation à la ronde.

— Non, mais t’es con ou quoi, il est 1 h 30 ? Elle va répéter à mon père que je la fais chier en pleine nuit !

— Dégonflé ! me provoque-t-il.

— Laisse tomber, me souffle Marion.

Mais c’est mal me connaître ! Je ne refuse jamais un défi, surtout ceux de mes frères ! Je descends à contrecœur du tracteur. Marion tente une dernière fois de me supplier du regard en s’accrochant à ma main, mais je ne lui cède pas. J’ouvre la porte du cabanon d’où un gros de nuage de fumée s’échappe. Derrière moi, les lycéens passent leur tête et ricanent. Je fonce d’un pas assuré vers la maison en pierres apparentes, monte les deux marches et fais retentir la sonnette. L’épicière n’a pas la langue dans sa poche, elle va me traiter de tout, c’est obligé. Je m’en moque, tant que c’est amusant !

— Tonio, elle répond pas ! Viens ! me propose Marion cachée dans l’ombre d’un arbre.

Je sonne une deuxième fois puis je fais signe aux gars tapis dans le chalet qu’il n’y a personne quand un volet au-dessus de moi se met à grincer.

— Qu’est-ce tu veux ?

Le chignon de la voisine dépasse à peine du volet, mais au ton qu’elle emploie, je devine sa colère.

— Bonsoir ! Ça serait possible d’avoir du coca pour notre vodka ?

Elle sort sa tête et regarde aux alentours, en direction de la fête.

— Tu te fous de ma gueule ? en ouvrant grand la bouche.

— Non, mais sinon, on va être obligé de la boire pure !

Je découvre amusé deux chicots au milieu de ses gencives, elle n’a pas dû mettre son dentier.

— Toi, quand je vais te voir à l’épicerie, tu vas passer un sale quart d’heure ! Et préviens tes petits copains que si vous foutez trop le bordel, j’appelle les flics !

— Ouais, merci ! Bonne nuit ! je lui dis en tournant les talons.

Le volet claque brusquement et la lumière s’éteint dans la maison. Dans le noir, Marion me rejoint aussitôt, je lui souris, mais elle semble contrariée.

— Tu vas encore avoir des ennuis…

— Mais non !

Je marche en direction du chalet pour donner une Action à Max. Il va payer ! Je vais lui trouver un truc bien chiant.

— Tonio, je suis fatiguée… se plaint Marion en tirant sur mon bras.

Sa mine contrariée m’inquiète, je ne veux pas qu’elle me lâche si rapidement. Je lui demande gentiment :

— Tu vas te coucher ?

— Viens avec moi, on peut finir la soirée tranquillement tous les deux comme avant ?

Les bras croisés, elle s’est arrêtée au milieu du jardin pour me défier et moi en grand faible, je l’attrape par la main pour la conduire dans la cuisine. J’y prends un paquet qui contient un mélange de bonbons Haribo ainsi qu’une bouteille de jus d’orange dans laquelle je verse un peu de vodka. Puis, je la saisis et l’entraîne à ma suite, à la recherche d’une chambre inoccupée à l’étage.

— On va tomber sur des gens qui baisent ! j’indique à Marion en poussant une porte.

Elle glousse et recule pour ne pas voir ce qu’il se passe dans la pièce.

— Y a personne ! Viens !

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