Chapitre 11 - 1107 -

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Je déteste arriver le premier en soirée, car je m’ennuie, mais je n’aime pas non plus être le dernier parce que je suis obligé de saluer tout le monde et pour moi, c’est une corvée.

Quand on rentre dans la salle avec Jimmy, Dylan et Max, on essaie de se faire discrets. Nous avons trop bu et trop fumé, mais c’est sur moi que ça doit se voir le plus, je le sais ! Je me force à me contenir même si je suis certain que ça produit l’effet inverse… Du coup, tout le monde s’en rend compte. Le pire, c’est que j’ai le fou rire. Tous les lycéens sont en costume et je ne peux pas m’empêcher de me moquer d’eux. J’avance dans les pas de Max, la tête baissée pour ne pas croiser les regards des adultes qui pourraient y lire mon début de soirée.

— Salut Speed, t’es déf ou quoi ? me demande Ethan en me tapant sur l’épaule.

— Salut Pingu ! je lui réponds en référence au dessin animé dont le personnage principal est un pingouin.

— T’es con !

Il éclate de rire en se détaillant de haut en bas.

— Ouais, t’es moche ! je lui confirme hilare.

Je me décide à lever discrètement la tête pour regarder autre chose que le carrelage marron de l’immense pièce. Au fond dans un angle, quelques spots clignotent autour de sono qui envoie la musique. La salle est pleine de petits clans épars qui discutent tandis que d’autres dansent. Les profs sont tous regroupés dans un coin avec notre cher CPE. Je choisis de partir dans la direction opposée, c’est une consigne de sécurité à ne jamais oublier : quand t’es bourré, évite les adultes !

Merde, il fait très chaud ! Vraiment chaud ici ! Je retire mon pull. Enfin, je m’efforce, car je suis en train d’enlever la chemise en même temps. Lorsque je ressors la tête de dessous mes habits, je me retrouve nez à nez avec Marion qui affiche un grand sourire.

— Ça va ? je lui demande tout guilleret.

Elle a mis une robe noire moulante et courte qui lui sied très bien. Elle est terriblement sexy dans cette tenue et j’essaie de ne pas loucher sur sa poitrine proéminente ! Pourquoi Marion a-t-elle cédé au code vestimentaire ? Il n’y a que des soumis dans ce lycée ou quoi ? Elle est tellement maquillée qu’on dirait Mauricette, notre voisine qui tient le café des sportifs. Elle a quatre-vingts ans et du bleu jusque dans les sourcils. Bordel, je suis vraiment torché pour comparer Marion à la vieille cochonne du village.

— Super et toi ?

— Nickel et toi ? je lui redemande toujours en souriant.

— Putain, Tonio ! dit-elle en me mettant une tape assez forte dans le ventre.

Elle pince ses lèvres et paraît soudain en colère.

— Mais quoi ? je la questionne en levant les yeux au ciel.

— T’es bourré, putain !

— Oh, ça va ! C’est la fête !

Marion me tire par la main vers le buffet où est disposée la nourriture. Elle marche sur la pointe des pieds, car elle a mis des talons. Ça cambre son dos et du coup ça fait ressortir ses fesses. Le spectacle est magnifique, on dirait une danseuse du ventre qui agite ses formes avec générosité sous mon nez. Pas de marque de culotte sur le postérieur, je parie qu’elle a un string.

— Tu vas pas rester dans cet état ! Si les profs te voient, tu vas avoir des problèmes !

— Mais non !

— En plus, regarde comment t’es habillé !

Elle pointe du doigt la chemise de Max que je porte. Je l’ai enfilé tellement vite que j’ai sauté un bouton au niveau du ventre.

— Ah, ouais !

Je baisse la tête et constate sans réagir. Marion se rapproche aussitôt de moi pour me la reboutonner.

— Tu cherchais un prétexte pour me tripoter les abdos, c’est ça ?

J’en profite qu’elle soit concentrée pour me rincer l’œil sur son magnifique décolleté.

— T’es con !

— Avoue que t’aimes ça !

Je préférerais qu’elle me retire mes vêtements, mais ce n’est pas le moment. Je reconnais que j’apprécie quand elle s’occupe de moi ainsi. Chacun de ses gestes est chargé de douceur et d’affection, c’est bon de la sentir proche et soucieuse.

— T’es chiant ! Bouffe un truc, bon sang ! T’es dans un état pas possible !

Quand elle a fini de renfiler les boutons dans l’ordre, je cède à sa demande et j’avale quelques chips. Elle croit que ça va me faire décuver direct, ça se voit qu’elle se souvient pas combien de temps elle a mis pour désaouler la fois où on a terminé la soirée à l’église…

— Bouffe du quatre-quarts, ça éponge bien, ça !

J’éclate de rire en l’observant me servir son gâteau et je ris tellement que je recrache d’un coup tout ce que j’ai dans la bouche.

— Mais putain Tonio, tu fais exprès là, ou quoi ?

— Viens, on va danser, je lui propose en l’attrapant par la main.

Je suis un piètre partenaire, je n’ai pas le moins du monde le rythme dans la peau, mais je ne peux pas être bon partout.

Je ne lâche pas Marion et elle ne me quitte pas. Nous dansons au milieu des autres lycéens. Je la fais rire et c’est tellement agréable de la voir heureuse. Habituellement, je ne danse jamais, je suis plus du genre occupé à déconner autour d’un ou plusieurs verres, mais ce soir, je n’ai pas envie de laisser Marion. Nous nous amusons trop bien malgré la musique qui est pourrie, les gens que je bouscule, les profs qui me jettent des regards interrogateurs, mes frères et mes amis qui me font signe de foncer sur Marion.

Ça faisait longtemps que l’on ne s’était pas retrouvés aussi complices, juste elle et moi sans question entre nous deux. La salle est pleine à craquer et je ne vois ni n’entends personne d’autre qu’elle jusqu’à ce que les lumières se rallument à minuit pour nous indiquer que la soirée est terminée.

— Tu viens chez Ethan ? j’interroge Marion.

J’ai les idées un peu plus claires que tout à l’heure, je me sens moins saoul et j’ai envie de poursuivre le plus longtemps possible cette soirée.

— Oui…

Sa réponse me rend heureux, je ne souhaite pas quitter Marion maintenant, je voudrais que cette nuit dure toujours.

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