Chapitre 6 - 1106 -

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— Ethan ?

Mais il fait quoi, ce con ? Il pourrait au moins me faire signe. Marion trépigne à côté de moi. Je suis pas un cadeau pour elle, il faut bien l’avouer…

Un grand coup me fait sursauter ! J’ai eu tellement peur que je perds l’équilibre et je me vautre par terre, les deux pieds de la chaise pliés en deux. Au passage, je me pète les couilles contre l’extrémité de mon bureau. Putain, ça fait mal !

— Aïeee !!! je lâche pendant que toute la classe explose de rire.

Marion a eu le réflex de retenir le bureau qui aurait pu me tomber dessus. Le temps que je comprenne que c’est mon prof de maths qui a perdu patience et qui a tapé comme un bourrin sur le tableau, le voilà perché au-dessus de moi, les mains sur les hanches.

— C’est bientôt fini, votre cirque ? s’énerve-il.

— Bordel, je me suis fait mal, m’sieur ! je gémis, toujours à terre, en me frottant Popol.

De nouveaux éclats de rire raisonnent en cœur autour de moi. Marion, l’air blasé, n’y participe pas, elle me fait les gros yeux en secouant la tête. Je finis par me relever en boitant. Je constate en même temps que le prof que ma chaise est complètement explosée. (pas compris le com de Pauline : vu que t’étais par terre, t’avais encore un doute ?)

— Vous en êtes à combien de chaises depuis le début de l’année ?

J’essaie tant bien que mal de redresser les deux pieds tordus, mais finalement, je ne fais qu’empirer la situation, car ils se désolidarisent du socle et me restent dans les mains.

— Euuuhhh ? Avec celle-là, quatre ? je dis d’un air coupable.

— C’est bien ce qu’il me semblait ! Vous la portez chez le CPE et vous réglez ça avec lui…

Je recompte vite fait, mais c’est bien ça, c’est au moins la quatrième chaise que je pète en six mois. Putain, le CPE va vraiment me saouler. En plus, je ne devais plus me faire remarquer à cause de mon voyage à Londres. Je ne suis pas vraiment tracassé par la future réprimande, j’ai l’habitude des excès et cela m’amuse. Je cherche tout de même un moyen de l’éviter, juste pour le plaisir de convaincre le prof de changer d’avis :

— M’sieur, je peux prendre celle de Florine ? Elle est jamais là !

— Chez le CPE, j’ai dit ! m’ordonne le prof furieux.

Je bougonne quelques instants et pars déambuler dans les couloirs vides avec ma chaise dans une main et les deux pieds dans l’autre. Je ne suis pas trop pressé de me présenter dans le bureau de la vie scolaire, je vais encore avoir droit à une méga leçon de morale.

Finalement, j’ai du bol, la secrétaire m’annonce que le CPE n’est pas à son bureau pour le moment. C’est mon jour de chance, putain ! Je suis trop content ! Je dépose la chaise et j’écris sur un bout de papier que me donne la vieille femme aux lunettes trop grandes : « C’est encore moi, mais j’ai pas fait exprès… Bonne fin de journée. Vous savez où me trouver. Tonio A »

C’est ainsi que je termine le trimestre : sur un tabouret tellement solide qu’il a du faire les deux guerres. Enfin, pas vraiment le trimestre, hein, faut pas abuser, je suis en pleine croissance et le dossier d’une chaise est indispensable à mon dos. Donc discrètement, je réussis à refiler mon tabouret au bureau du prof tandis que j’utilise sa chaise, ni vu ni connu…

Avec la nouvelle, ça roule plutôt bien. On sort ensemble depuis un mois. Je me demande tous les jours comment elle arrive à me supporter, mais elle dit que je la fais rire. Elle n’est pas étouffante comme fille, je fais ce que je veux et ne lui rends jamais de comptes, même quand je lance des vannes de drague pourries aux Secondes qui me courent après. Je ne m’en plains pas, elle est mignonne, drôle, et elle s’entend bien avec tous mes potes. Je me demande avec amertume quelle meuf pourrait faire mieux, en songeant à ce truc en plus qu’à Marion qui me fait vibrer.

Cette histoire pourrait durer davantage, en tout cas un mois c’est mon record et j’en suis fier, jusqu’à cette putain de soirée chez moi où il a fallu qu’à un moment précis je merde complètement avec Julie !

Ce vendredi soir, comme Paulo l’a prévu, mon paternel fout le camp pour le week-end. De la même manière que la dernière fois, on dévalise sa cave. Sauf que cette fois-ci, Paulo insiste pour me faire gouter les Cognac vieux de soixante-dix ans. Quand tout le monde arrive, je suis déjà bien allumé. En plus, Julie m’informe qu’elle ne viendra pas, car c’est l’anniversaire de sa mère et elle part bouffer au restaurant avec ses parents pour fêter ça. Dans ma tête, il y a quelque chose qui disjoncte, je pense : pas de petite amie, pas de contrainte, pas de compte à rendre, c’est la liberté absolue !

D’autant plus quand Whitney me saute dessus à son arrivée. Il s’agit, de la fameuse meuf du château, celle qui l’an dernier, m’a chauffé comme une malade et qui m’a laissé tomber telle une merde au dernier moment. Et bien ce soir, il semblerait qu’elle ait déjà largement arrosé son début de soirée avec ses copines, car en entrant dans ma maison, elle est aussi bourrée que moi.

— Salut Tonio, putain, j’avais pas remarqué que t’as pris autant de centimètres depuis la dernière fois ! me lance-t-elle.

Elle mord son épaisse lèvre couverte de rouge et me fait un clin d’œil. Je bave déjà devant son déhanché et ses formes généreuses.

Je songe qu’il est impossible qu’elle ne s’en soit pas rendu compte de ma taille, car on est dans la même classe et on habite pas très loin. On se voit au moins huit heures par jour.

— Et ça te plaît que je sois plus grand que toi ?

— Carrément ! D’ailleurs, ça me fait penser qu’il faudrait qu’on finisse ce qu’on a commencé !

En l’entendant prononcer ces mots, ça fait tilt dans ma tête. Putain, la garce ! Je vais me venger ! Elle me tend la perche, c’est l’occasion rêvée !

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